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Pommes de terre
Va-t-on vers une indigestion de pommes de terre en 2025

Lors de la journée technique pommes de terre du 19 décembre à Arras (62), l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) a mis en garde les planteurs d’un surplus de volumes par rapport à la demande des différents marchés.

Au niveau européen, la tendance est identique, avec une augmentation des surfaces de 7 % par rapport à 2023.
Au niveau européen, la tendance est identique, avec une augmentation des surfaces de 7 % par rapport à 2023.
© Nadège Petit – Banque d’images FranceAgriTwittos

Ne pas aller plus vite que la musique. Si les perspectives de développement du marché de la pomme de terre sont présentes pour les années à venir, attention toutefois à ne pas produire plus que ce que les acheteurs sont capables de consommer, a prévenu Guillaume Lidon, directeur de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) lors d’une journée technique pommes de terre organisée la semaine dernière à Arras.

 

Hausse continue des surfaces

De la pomme de terre, et ce n’est pas vraiment une nouvelle, tout le monde ou presque veut en faire depuis quelques années, compte tenu de la rentabilité de la culture et d’une demande – notamment de la part d’industriels spécialisés dans la transformation – forte et dynamique. Alors que les surfaces ont augmenté en France en 2024 de 7,3 %, on estime que ces surfaces ont augmenté de 3 % «seulement» chez les producteurs «historiques», le delta étant réalisé par des néo-producteurs. Au niveau européen, la tendance est identique, avec une augmentation des surfaces de 7 % par rapport à 2023. En termes de rendements, «2024 se situe dans la moyenne décennale», a indiqué Guillaume Lidon, annonçant le chiffre de 45 t/ha.

En ce qui concerne les prix, sur le marché libre, la campagne 2024-2025 débute avec des cotations supérieures à celles de l’an dernier, même s’il l’on constate une dynamique moindre. De quoi aiguiser les appétits. Enfin, pour la pomme de terre destinée à l’industrie, la concurrence fait rage entre opérateurs. Selon une enquête réalisée pour Ceresco, le CNIPT et le GIPT, la consommation de pommes de terre devrait augmenter de 17 % d’ici 2030. Cette progression doit néanmoins être regardée avec prudence parce que si augmentation de la demande il doit y avoir, celle-ci se vérifierait d’abord à l’échelle mondiale, dans des pays où l’on consomme encore peu de pommes de terre, et ne serait finalement «que» d’1,1 % dans les pays de l’OCDE. Selon la même étude, la production française pourrait augmenter en volumes de 30 % d’ici 2030, et de 38 % en termes de surfaces, avec une baisse de rendement 
de 2 t/ha.

Des emblavements à raisonner

En ce qui concerne la France, une enquête réalisée par le NEPG et l’UNPT en 2021 évaluait à 1,25 million de tonnes la capacité industrielle de la France. Depuis, des développements de projets industriels se sont concrétisés et d’autres sont en cours, ce qui doit contribuer à augmenter la capacité industrielle présente sur le sol français, et donc les surfaces de pommes de terre pour l’alimenter. D’ici 2027-2028, on estime que l’industrie de transformation pourrait peser environ 3 millions de tonnes de pommes de terre, ce qui va nécessiter entre 40 et 45 000 tonnes de pommes de terre supplémentaires. Là où cela pose problème selon l’UNPT, c’est que la moitié de ce volume pourrait être atteint dès… 2025 !
En 2024, alors que les surfaces françaises ont progressé de 10 000 hectares, cela pourrait être identique en 2025.  Et Guillaume Lidon de craindre que «l’on se retrouve avec beaucoup trop de pommes de terre en 2025 par rapport aux capacités industrielles.»

Sans vouloir donner de leçons aux producteurs, l’UNPT invite ces derniers à «se poser quelques questions» : «quelle sera la configuration des marchés en 2025 ?» ; «quelles sont les marges de développement du grand export pour les industriels ?» ; «quelle est ma stratégie en tant que producteur face à un retournement du marché ?» et, enfin, «quels facteurs vont influencer le rendement ?» D’une manière générale, et afin de limiter autant que possible les conséquences d’un marché libre plus volatil sur les exploitations agricoles, l’UNPT encourage plus que jamais à la contractualisation. Alors que les prix sur le marché libre ont atteint des sommets lors de la campagne 2023-2024 – un pic a été atteint à 600 €/t –, cela n’a toutefois concerné que des volumes restreints.

 

Coûts de production en progression

Autre sujet sensible, celui des coûts de production. Sans grande surprise, l’UNPT annonce un coût de production «en hausse», «tous types de production confondus». Entre 2024 et 2025, la hausse serait de «3 %», avec une part importante pour les plants et les charges de mécanisation. «Dans ces conditions, prévient Guillaume Lidon, il sera difficile de justifier des baisses de prix…» Les acheteurs sont prévenus, reste à savoir comment ils se positionneront au moment de proposer leurs contrats pour 2025.

 

L’accord UE-Mercosur, «un mauvais accord de libre-échange» selon l’UNPT

Alors que l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur doit ouvrir les portes du marché européen à un certain nombre de productions agricoles sans droits de douane – sucre, riz, volailles, bœuf ou viande porcine -, l’une des contreparties est de permettre à l’Union européenne d’exporter elle aussi vers l’Amérique latine des produits sans droits de douane, dont la pomme de terre surgelée. À l’UNPT, interpellée sur le sujet lors de la journée technique pommes de terre, le positionnement à l’encontre de l’accord est «contre» : «Effectivement, les produits surgelés à base de pommes de terre fabriqués en Europe vont être exonérés de droits de douane vers les pays du Mercosur, mais nous savons bien que vous (les agriculteurs français, ndlr) ne faites pas que de la pomme de terre… Nous sommes donc solidaires des autres filières françaises qui vont être impactées en nous déclarant nous aussi opposé à cette accord», a déclaré Guillaume Lidon, le directeur de l’UNPT. Et ce dernier de l’assurer : «L’accord avec le Mercosur est un mauvais accord de libre-échange.»

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