Politique communale
«Villages d’avenir», un programme bénéfique pour l’agriculture locale
Biodiversité, circuits courts alimentaires ou encore valorisation d’un produit local font partie des thèmes de projets retenus dans le cadre du programme Villages d’avenir, dont dix-sept communes sont retenues dans la Somme. À Vergies, près d’Oisemont, un phytobac intercommunal pourrait bénéficier aux exploitants du secteur.
Biodiversité, circuits courts alimentaires ou encore valorisation d’un produit local font partie des thèmes de projets retenus dans le cadre du programme Villages d’avenir, dont dix-sept communes sont retenues dans la Somme. À Vergies, près d’Oisemont, un phytobac intercommunal pourrait bénéficier aux exploitants du secteur.


«Villages d’avenir, c’est le programme que l’on attendait en milieu rural. Ça va nous permettre de concrétiser des projets utiles pour nos habitants», se réjouit Xavier Lenglet, maire de Vergies. Sa commune de cent-quatre-vingts âmes, située près d’Oisemont à la CC2SO (Communauté de communes Somme Sud Ouest), est la plus petite des lauréates de la Somme. Elle a su convaincre par l’intérêt des projets présentés. L’un d’eux - un phytobac intercommunal - est d’ailleurs purement agricole.
Le programme, porté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), «vise à aider les communes rurales à réaliser leurs projets de développement à travers un accompagnement en ingénierie dans le respect des enjeux de la transition écologique». Il s’agit d’un des axes du plan France Ruralités, dédié au développement des communes de moins de 3 500 habitants. Habitat/logement, transition énergétique (éclairage public, production d’ENR, biodiversité), patrimoine et cadre de vie, services de proximité, circuits courts alimentaires et valorisation d’un produit local, transition numérique et engagement citoyen sont les principaux thèmes d’appui des chefs de projets Villages d’avenir. Dans la Somme, il s’agit d’Émilie Segard, précédemment déléguée départementale à l’accompagnement des reconversions professionnelles.
À Vergies, les deux projets que mènent les élus pourraient donc voir le jour. «Nous aimerions proposer un phytobac intercommunal aux agriculteurs du secteur. À cette échelle, ça n’existe pas en France, mais c’est assez répandu en Allemagne», confie Xavier Lenglet. Pour lui, l’agriculture est un secteur mis à mal. «Pourtant, c’est un des premiers piliers de l’économie rurale. Le village compte six exploitations. Et celles des communes alentour pourraient être intéressées. Nous devons leur accorder l’intérêt qu’elles méritent.» Le maire imagine une aire de lavage du matériel agricole, dotée d’un système de traitement des effluents phytosanitaires (eau de rinçage, de lavage...). Ce phytobac, basé sur le pouvoir épurateur d'un substrat (généralement 70 % de terre et 30 % de paille), dégrade les produits phytosanitaires sous l'action des bactéries naturellement présentes dans le sol. La commune supporterait financièrement la création de l’outil, et les agriculteurs utilisateurs auront la charge de son fonctionnement. «Tout le monde serait gagnant : exploitants, biodiversité, citoyens…»
Un lieu de vie intergénérationnel
Le deuxième projet concerne l’accès au logement des ruraux et le cadre de vie. «Début 1900, Vergies comptait huit-cents habitants. On en est bien loin aujourd’hui…», remarque Xavier Lenglet. Ce qui faisait l’attractivité de ce village ? Une importante activité de fabrication de toile de jute, tenue par la famille Facquet. Aujourd’hui, le bâtiment de plus de 2 000 m2, ancien corps de ferme au carré, n’est plus entretenu. «La friche est en indivision. Nous espérons que l’EPF (Établissement public foncier) pourra l’acquérir, puis procéder à un transfert de propriété, pour que nous puissions la réhabiliter.»
Pour Xavier Lenglet, ce lieu pourrait offrir un habitat parfaitement adapté à la demande. «On imagine un lieu intergénérationnel, avec des logements à prix peu élevé. Ils conviendraient aux personnes âgées, qui ne peuvent plus entretenir une grande maison et un jardin mais qui souhaitent rester à la campagne, ou des jeunes qui viennent travailler dans les fermes du village, par exemple.» Un café de Pays et des cellules équipées pour les producteurs locaux, qui vendent en direct, pourraient compléter l’offre et dynamiser la commune. «Le projet est au stade d’ébauche. On a tout à imaginer. C’est ce qui est motivant dans ce programme.»
Les lauréats de la Somme
Une première campagne de nomination a désigné les communes lauréates. Dix-sept communes de la Somme ont été retenues : Grivesnes, Le Quesnel, Rollot, Hangest-en-Santerre, Trois-Rivières, Vergies, Molliens-Dreuil, Ailly-le-Haut-Clocher, Eaucourt-sur-Somme, Pont-Rémy, Le Crotoy, Mers-les-Bains, Villers-Carbonnel, Eppeville, Harbonnières, Bray-sur-Somme et Acheux-en-Amiénois. À ces communes s’ajoute le groupement des villages de la forêt de Crécy : Vironchaux, Nouvion, Machy, Machiel, Forest-l’Abbaye, Forest-Montier, Bernay-en-Ponthieu, Canchy et Domvast. «D’autres communes éligibles seront nommées fin 2024», précise la Préfecture dans un communiqué.