2017, la filière betteravière se prépare à changer d’ère
A la veille de la fin des quotas, l’assemblée générale de l’Association Syndicale Betteravière de la Somme (ASBS), ce mercredi 3 mai, avait un parfum particulier.
Le président Dominique Fiévez l’a reconnu dans ses propos, le changement d’ère a ébranlé un temps la filière betteravière, mais «à présent, nous sommes en ordre de marche et l’édifice a des bases solides». En effet, les tensions ont été vives entre différents acteurs, mais à présent que les semis sont réalisés et que l’on regarde en arrière, la filière se doit de reconnaître d’avoir gardé un objectif commun : celui de l’adaptation par l’augmentation collégiale des surfaces. Étienne Lenaerts, directeur de l’ASBS, est revenu sur les temps forts de 2016, année mouvementée avec la préparation de la suppression des quotas, le respect des règles de la concurrence et la libéralisation du marché. Le marché mondial du sucre subit de grandes variations, le prix varie de 1 à 3,5 entre le point le plus bas et le plus haut. La filière européenne, planteurs et industriels, s’y est préparée au cours de cette année 2016 qui a aussi été une année de construction.
D’abord, sur le coût de production évalué à 25,5 t/ha de betteraves à 16°, chiffre fourni grâce aux centres de gestion et aujourd’hui incontesté. Ensuite, sur les propositions faites par les groupes sucriers pour l’après-quotas : Tereos, Saint Louis Sucre et Cristal Union ont pu proposer aux planteurs des contrats avec tonnages et prix. 20 % de tonnages supplémentaires ont été contractualisés pour assurer une meilleure rentabilité aux usines. Des accords interprofessionnels ont pu être signés pour trois ans et 2017 sera une année de transition d’un régime avec quota à un régime sans.
Plus de sucre, plus de betteraves
Car la compétitivité est le nœud de l’affaire. Pour améliorer la rentabilité des usines françaises et donc leur capacité de concurrence, il faut produire plus de betteraves et cela passera par un allongement de la durée de campagne d’une vingtaine de jours. De 106 jours environ en France, la campagne dure 120 jours en Allemagne.
Sachant qu’entre le 6 septembre et le 30 novembre, le rendement augmente de 30 t/ha, quel planteur acceptera un arrachage plus précoce pour allonger la durée de la campagne ? Étienne Lenaerts indique qu’un groupe de réflexion s’est constitué au niveau de la CGB pour imaginer des mécanismes de compensation.
De même si la fin de campagne est reculée. Stocker des betteraves dans le Loiret, les Ardennes ou dans la Somme ne pose pas les mêmes problèmes.
De nombreux points sont donc à prendre en compte : prompt enlèvement, possibilité de charger sur route, qualité des pulpes...
La projection dans cette nouvelle ère sans quotas suppose un travail sur tous les fronts, mais c’est le quotidien de la CGB. La France a de nombreux atouts à faire valoir dans cette nouvelle configuration, mais cela repose sur un partage équilibré de la valeur ajoutée sur la filière..
Dominique Fiévez a par ailleurs afficher clairement les axes d’importance pour le syndicat : maîtriser le poste des charges avec un lobby sur les contraintes réglementaires comme l’interdiction des néonicotinoïdes, mais aussi une implication des planteurs dans la recherche et les semences; une amélioration du suivi des réceptions de betteraves dans les sucreries, car c’est un vrai enjeu pour l’éuité des planteurs, avec le souhait de généraliser la valorisation de la betterave entière; le mécanisme de compensation des dates d’enlèvement liées à l’allongement des campagnes; et enfin, la qualité et la régularité de la pulpe surpressée, le produit qui présente le plus grand intérêt à la fois pour la filière betteravière et les filières d’élevage.
La conclusion de l’assemblée est revenue à Eric Lainé, président de la CGB, qui a rappelé que le maître-mot de l’avenir est compétitivité. Malgré les contraintes réglementaires, les outils d’aides à la décision et l’amélioration des semences doivent permettre de maintenir le potentiel de la filière : «Nous devrons faire plus vite dans un monde plus compétitif, nous ne devons pas avoir peur de l’après-quotas. Mais nous aurons besoin de tous les planteurs pour peser dans la balance.»