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Abattoir : un nouvel outil à Fruges en 2019

Le projet d’un abattoir multi-espèces à gestion partagée entre secteurs public et privé est désormais bien engagé autour d’un volume d’abattage de 6 000 tonnes.

L’abattoir intercommunal de Fruges a su jusqu’à présent traverser les crises sans sombrer. Un nouvel outil le remplacera en 2019.
L’abattoir intercommunal de Fruges a su jusqu’à présent traverser les crises sans sombrer. Un nouvel outil le remplacera en 2019.
© V. F.


D’ici deux ans, la construction d’un nouvel outil d’abattage viendra signer la fin de l’actuel abattoir intercommunal de Fruges. Réunis hier, les membres du comité de pilotage de ce projet d’abattoir multi-espèces, tant attendu sur le territoire des Hauts-Pays, en ont présenté les contours. De longs mois ont été nécessaires à chacune des parties pour imaginer ce projet qui s’appuie sur des fonds publics et privés.
«La gestion de cet outil ne sera plus seulement confiée aux collectivités dont ce n’est pas le métier», prévient Philippe Ducrocq, président de la Communauté de communes du Haut-Pays et du Montreuillois. Et l’assure : «Cet abattoir va rayonner bien au-delà de notre communauté de communes, en étant au service des opérateurs régionaux.» Pour témoigner de l’ambition de ce nouvel outil, l’abattoir ne portera d’ailleurs plus le nom de la commune de Fruges, mais devrait s’appeler «Abattoir des Hauts-Pays».

Une gouvernance partagée
La structure gestionnaire de l’abattoir prendra la forme d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Un statut qui permet de «maximiser les subventions» et de recevoir le soutien de collectivités. A lui seul, le Conseil régional des Hauts-de-France s’engage à hauteur d’un million d’euros, appuyant une partie de son engagement sur des fonds européens.
Département du Pas-de-Calais, Etat, ainsi que plusieurs autres collectivités ont également fait part de leur souhait de participer au financement. Les futurs clients de l’abattoir ont, quant à eux, l’obligation de souscrire au capital de la société, en fonction des volumes qu’ils comptent y faire transiter. Sa gouvernance sera partagée entre les collectivités, pour l’utilisation des financements, et les clients pour sa gestion opérationnelle.

Une capacité de 6 000 t à atteindre
Pour Marie-Sophie Lesne, la vice-présidente du Conseil régional des Hauts-de-France en charge de l’agriculture, «avoir un abattoir sur un territoire est une condition sine qua non pour y maintenir une activité d’élevage». Pour certains professionnels de la filière viande, le fait qu’il s’agisse d’un outil financé en partie par des fonds publics permet de garantir un accès ouvert.
L’abattoir des Hauts-Pays proposera un service complet, depuis le déchargement des animaux jusqu’à l’expédition des carcas­­­ses. Une zone privative permet­­­tra à des opérateurs privés de construire leurs propres ateliers de découpe, à proximité immédiate des chaînes d’abattage. L’abattoir actuel de Fruges, d’une capacité de 4 000 tonnes, compte d’abord une clientèle de chevilleurs (51 %) et de bouchers (45 %). Les abattages familiaux et la vente directe représentent, quant à eux, 4 % des volumes abattus.

Perpignan pour modèle
Les promoteurs du projet l’annoncent sans détour. Pour imaginer le futur abattoir des Hauts-Pays, ils se sont inspirés de structures déjà existantes, ailleurs en France, dont celui de Perpignan. L’investissement prévisionnel est de l’ordre de 6,9 millions d’euros, pour une capacité de traitement de 6 000 tonnes.
Pour être compétitif, il devra être saturé le plus rapidement possible, tandis que ses promoteurs assurent avoir prévu des réserves foncières pour permettre une augmentation de ses capacités. Insistant sur le fait que les clients sociétaires seront prioritaires dans l’utilisation du nouvel outil, ses promoteurs assurent que les engagements sont encore ouverts, «jusqu’à mi-juin».
Le dépôt du permis de construire est désormais espéré pour septembre 2018. Un an de travaux sera nécessaire sur le terrain situé dans la zone d’activités de la Petite Dimerie pour permettre au nouvel abattoir de sortir de terre. Celui-ci sera la propriété de la Communauté de communes du Haut-Pays et du Montreuillois. Quant à l’ouverture, elle pourrait avoir lieu avant la fin de l’année 2019.

Une histoire mouvementée

Aux dires du maire de la commune, Jean-Marie Lubret, «l’histoire entre Fruges et son abattoir est ancienne». Elle remonterait en effet à l’entre-deux guerres. La construction d’un outil d’abattage à la sortie de la ville est encouragée pour mettre un terme aux abattages dans les fermes ou dans l’arrière-cour des boucheries artisanales. L’objectif est ainsi d’améliorer les conditions sanitaires dans lesquelles s’effectuent les abattages. En 1968, l’abattoir tel qu’on le connaît aujourd’hui est construit avec sa chaîne d’abattage, une station d’épuration et un équipement frigorifique. Modernisé en 1989, il devient intercommunal en 2008, mais l’outil souffre aujourd’hui de l’effet du temps. Multi-espèces, il dispose d’une capacité d’abattage de 4 000 tonnes. Le défi en partie réussi des élus locaux, des professionnels et de ses salariés a été de le maintenir en activité, «alors que les abattoirs publics de Calais, Boulogne-sur-Mer, Saint-Omer ou encore Hazebrouck ont successivement fermé leurs portes», rappelle le président de la Communauté de communes du Haut-Pays et du Montreuillois, Philippe Ducrocq. Malgré une augmentation de son activité entre 2010 et 2013, une injonction des services vétérinaires lui impose une baisse de rythme à partir de cette date. D’ici 2019, un nouvel outil construit de l’autre côté de la ville devrait enfin lui succéder.

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