Afdi : accompagner les jeunes et les coopératives au Cambodge
Comment aider les jeunes agriculteurs cambodgiens à s’installer et rendre leurs exploitations viables ? Comment favoriser leur intégration, ainsi que celle des femmes dans les coopératives ? Telles sont les réflexions abordées lors de la mission organisée en France par Afdi des Hauts-de-France, Normandie et Haut-Rhin.
de l’Afdi Hauts-de-France), Thou Sina (jeune agricultrice) et An Chamkomar (coordinateur Faec avec l’Afdi).
Selon un rapport du ministère de l’Economie et des finances cambodgien, présenté en janvier dernier, l’économie cambodgienne a connu un taux de croissance de 7,3 % en 2018. Si le pays connaît un fort développement, l’agriculture, qui représente plus de 50 % de l’activité économique du Cambodge, demeure toutefois le parent pauvre. Parent pauvre, en effet, car la politique gouvernementale, en termes de soutiens du monde agricole, est quasiment absente, le budget du ministère de l’Agriculture ne représentant que 2 % du budget total de l’Etat. A cela s’ajoute le manque de structuration des filières, des aléas climatiques récurrents, parmi lesquels l’impact récurrent des sécheresses sur les cultures, et un fort exode rural vidant les campagnes.
Pour soutenir l’agriculture familiale, défendre le métier d’agriculteur et augmenter par cette activité les revenus des familles, comme des pays, Afdi (Agriculteurs français et développement international) de Normandie, du Haut-Rhin et des Hauts-de-France ont mis en place un partenariat avec le Cambodge. «Etre à plusieurs sur ce partenariat permet de renforcer le travail fait là-bas par les deux Afdi présentes, de mobiliser plus de compétences et d’avoir plus de bénévoles sur le terrain», explique Flore Ferraro, coordinatrice d’Afdi Hauts-de-France.
Au cœur de la démarche : la structuration de la Fédération d’associations d’agriculteurs promouvant l’entreprise agricole familiale au Cambodge, l’accès au marché pour le riz, la diversification et l’installation des jeunes, la formation technique…
Défense des intérêts des agriculteurs
Créée en 2009, la Faec (Facilitation Association of Economy for Cooperatives) regroupe des coopératives (trente-quatre en 2018) et des associations de paysans (vingt-huit en 2018) présentes dans dix provinces. Soit un total de plus de 5 000 agriculteurs, dont près de 3 000 agricultrices. «Son objectif est de défendre les intérêts des agriculteurs cambodgiens et de renforcer leurs compétences techniques», explique Sony Pen, directeur de la Faec. Pour ce faire, quarante-six conseillers agricoles, qui sont en fait des agriculteurs, dispensent leur savoir-faire auprès des adhérents. Trop peu.
Autre axe de travail : la structuration des marchés, en aidant coopératives et associations de paysans à se regrouper tant pour l’achat des semences que pour celui des engrais, mais aussi pour la commercialisation de leurs produits. En somme, un rôle de facilitateur et d’accompagnement. Pour aller encore plus dans ces axes de développement, la Faec projette également de créer une union avec toutes les coopératives «pour renforcer leurs compétences en matière de gestion, de contacts et de communication, et gagner en poids pour mieux défendre les agriculteurs et mutualiser les compétences», ajoute An Chamkomar, coordinateur Faec avec l’Afdi.
La structuration des filières dans chaque coopérative et organisations paysannes fait aussi partie des projets de la Faec, en incluant les femmes et les jeunes agriculteurs afin que ces derniers prennent aussi des responsabilités dans ces structures.
Qui dit jeune, dit aussi un travail autour de leur installation et de leur structuration au sein d’une fédération de jeunes agriculteurs, à l’instar de ce qui existe en France. «Reste que l’installation des jeunes est une vraie problématique dans notre pays. D’une part, parce que le métier d’agriculteur n’est pas du tout valorisé chez nous, d’autre part, parce que le gouvernement ne donne aucune aide ou soutien. L’accès au foncier est aussi difficile, les terres libres étant la plupart du temps des grandes surfaces accessibles seulement aux grandes fermes ou à des fonds privés qui investissent dans le caoutchouc et l’huile de palme. Compte tenu de ce contexte, on dépend beaucoup des aides internationales et des bailleurs de fonds pour développer l’agriculture dans notre pays», relève Sony Pen.
Forts de leur mission en France et de leurs rencontres avec des coopératives, des syndicats, des OPA et des exploitants agricoles, les représentants de la Faec et les deux jeunes agriculteurs cambodgiens présents, sont repartis dimanche dernier dans leur pays, avec en tête toute une série d’idées à mettre en place tant pour structurer leurs organisations que pour développer leurs exploitations agricoles. Mission accomplie pour Afdi car, «c’est en partageant les expériences que les gens piochent des idées et se lancent dans l’innovation», précise Flore Ferraro.