AG UPLP : deux présidents pour les laitiers
L’Union des Producteurs de lait de Picardie a fait le point de l’année 2017 ce mardi.
Il y a du boulot pour deux, pourquoi se limiter à une personne ?
C’est la question à laquelle l’UPLP a répondu mardi 22 mai, à Dreuil-Hamel (Airaines), lors de son assemblée générale annuelle. Pour le prochain mandat de trois ans, petite surprise, la présidence sera assurée pour un duo ; Valentin Crimet, de Huchenneville et Joseph Petit, d’Ochancourt, respectivement vice-président et secrétaire général de l’ancien bureau (voir encadré). Du boulot certes, mais des producteurs il y en a eu très peu, seulement cinq éleveurs en dehors des administrateurs. Une participation extrêmement faible que regrette tous les membres de l’UPLP qui avait décidé de donner une note positive à leur AG. Sur le thème «comment s’organiser pour bien vivre l’élevage laitier de demain ?», l’intervenant Sébastien Daguenet, responsable Développement marché agricole au Cerfrance, a fait le tour des points clés de l’organisation du travail en élevage laitier.
Pas de solution unique
C’est ce qu’il faut retenir de l’organisation d’une ferme, surtout si elle possède un élevage laitier. Malgré tout, pas de solution unique ne veut pas dire pas de solution du tout. Sébastien Daguenet explique que la base du problème en France, pour rester un premier temps dans les chiffres, c’est que notre productivité par UTH est très moyenne, voire plutôt basse par rapport aux autres pays de l’Europe. Cette pression de productivité, pour revenir à un aspect plus humain, c’est l’éleveur qui la prend de plein fouet. Pourquoi ? parce que l’éleveur français ne délègue pas ! Or, l’élevage laitier est un métier qui comporte trois piliers de travail importants : le volume, la pénibilité et la pression mentale. Et lorsque l’on sature sur tous ces aspects, un petit imprévu devient vite insurmontable.
Un conseil : il faut sortir du schéma classique et ne pas hésiter à user de solutions, pour soi, inhabituelles.
Déléguer, ce n’est pas tricher
Sébastien Daguenet affirme qu’aujourd’hui «l’outil de travail n’est plus seulement un bâtiment, des animaux, c’est aussi l’humain». Il ne faut pas hésiter, selon lui, à déléguer des tâches à valeur ajoutée nulle, qu’elles soient financières ou humaines : les épandages, les traitements, l’élevage de génisse, une mélangeuse en Cuma. Le tout est de faire le pour et le contre par rapport à son exploitation et se lancer.
Attention à la diversification ! Le conseiller met en garde contre la volonté de trouver toujours plus de solutions diverses pour, par exemple, baisser son coût de production, mais avec toujours plus de main-d’œuvre ou de temps passé par l’exploitant. Le temps qui est gagné sur une journée ou une semaine peut être remis à profit pour l’exploitation par une prise de recul. Prendre le temps de réfléchir, de penser son système d’exploitation, ce n’est pas rester à rien faire.
S’associer ou embaucher : mode d’emploi
L’association est une bonne solution, mais il faut bien s’y prendre. Avoir les mêmes projets professionnels ou d’entreprise ne veut pas dire voir l’élevage et le travail de la même manière. Ce qui est pourtant primordial. Le conseil est donc bien d’échanger avec l’éventuel futur associé sur sa façon de voir les choses. L’important est de «perdre du temps pour en gagner» en faisant les choses dans l’ordre. Il ne faut pas non plus qu’il y ait de non-dits, et Sébastien d’ajouter que «la communication, c’est l’huile que l’on met dans les rouages, avant cela, ils doivent être bien assemblés».
D’une manière différente et pourtant similaire, dans la recherche d’un salarié, l’entretien d’embauche doit être pensé à l’avance. Présenter son entreprise, son historique, faire visiter l’élevage, inciter l’éventuel futur salarié à poser des questions, se renseigner sur les attentes de la personne, expliquer dans les détails les missions du poste et surtout observer.
Il faut, enfin, bien garder une chose en tête, selon le conseiller, c’est que le salarié idéal n’existe pas, mais vous pouvez former à votre guise. De plus, un temps complet peu faire peur tandis qu’un temps partiel est une solution qui peut arranger salarié et patron.
Rétrospective des EGA
Côté syndical, Olivier Thibaut, ancien président de l’UPLP, est revenu sur le principal projet qui a occupé le syndicat départemental, régional et national : les Etats généraux de l’alimentation. Un temps privilégié pour expliquer au peu d’éleveurs présents que même si les actions ne se sont pas vues dans les rues, l’UPLP était bien présent dans les instances. Une présence qui a été et sera encore primordiale, comme Olivier Vermes, président de Lact’Union l’a bien expliqué, «certains distributeurs, lors des discussions des EGA, ont bien fait comprendre que tant qu’une loi ne sera pas votée, ils continueront à fonctionner sur la base du commerce et non pas d’un juste retour au producteur». Le syndicat, qui a déjà participé à la rédaction du plan de filière lait (France, Terre de Lait), va donc continuer à rencontrer les parlementaires du département ainsi que les différents acteurs de la filière pour s’assurer que la loi EGA corresponde bien aux attentes des producteurs, comme l’a assuré Olivier Thibaut, dans son rapport d’orientation.
L’objectif de cette loi, au-delà d’un juste retour au producteur direct, est d’avoir une organisation efficiente de la filière, des négociations commerciales fluides, et de redonner un poids égal à tous les acteurs qui font le lait, avec un grand L.
Un des points importants de l’évolution de la production laitière est la tendance au «Lait à l’herbe», soit une sortie des vaches productrices, en pâturage pendant une durée minimale et avec une surface minimum par animal. Tendance qui inquiète clairement les producteurs, côté organisation de l’élevage, mais surtout coût financier et main-d’œuvre. Joseph Petit, secrétaire général UPLP, interpelle la coopérative présente sur la communication que les industriels vont faire sur ce type de produit et sur l’aspect juste retour au producteur, «le prix de revient affiché doit bien être celui reversé au producteur». Olivier Vermes rassure qu’ils «ne partent pas bille en tête dans un débouché qui est une opportunité pour certains, mais une contrainte pour d’autres. La réflexion est bien portée sur une revalorisation plus importante pour ceux qui s’y engagent, mais aussi une redistribution partielle aux producteurs qui ne peuvent pas».