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PRODUCTIONS
Agriculteurs - apiculteurs : la bonne complémentarité

Rencontre avec un jeune apiculteur professionnel, Benoît Minart, qui propose à des agriculteurs des secteurs Nord de l’Oise d’installer ses ruchers dans leurs parcelles de colza ou de féveroles.

Patrice Payen, agriculteur à Fléchy (60) et Benoît Minart dans un petit rucher installé près d’une parcelle de colza en début de floraison. 
Patrice a remarqué une augmentation moyenne du rendement du colza de 6 à 7 quintaux/ha depuis la présence de ruches, simplement grâce à une meilleure pollinisation des plantes.
Patrice Payen, agriculteur à Fléchy (60) et Benoît Minart dans un petit rucher installé près d’une parcelle de colza en début de floraison.
Patrice a remarqué une augmentation moyenne du rendement du colza de 6 à 7 quintaux/ha depuis la présence de ruches, simplement grâce à une meilleure pollinisation des plantes.
© AAP

Benoît Minart est apiculteur. Âgé de 27 ans, il a toujours connu cette activité et continuait de travailler avec son grand-père, qui est toujours apiculteur à Saint Just en Chaussée. Mais il s’est installé l’an dernier à Gouy les Groseillers, près de Breteuil, et sa nouvelle miellerie est désormais opérationnelle.
Il a au total 600 ruches, qu’il installe alternativement, pour l’hivernage sur une trentaine de sites sur les secteurs de Breteuil, Clermont et Montdidier, puis dans des parcelles de colza de la région pour la production de miel de printemps ; puis il les emmène (toujours de nuit) en bordures de bois dans les secteurs d’Auxerre, dans les acacias puis de Senlis-Chantilly, près de peuplements de tilleuls.

Commercialisation en circuit long
Pour Benoît Minart, la dimension de son entreprise lui interdit de diversifier ses productions. Il ne produit essentiellement que du miel de colza et d’acacia au printemps, et de tilleul en miel d’été. Tout est commercialisé par l’intermédiaire de la coopérative France Miel, basée à Mouchard, dans le Jura, où les quelque 30 tonnes produites par an sont livrées en fûts de 200 litres. Le miel de colza représente environ 30 de la production annuelle, celui de tilleul, de 10 à 20 tonnes, et d’acacia, de 0 (comme lors des deux dernières années) à 10 ton­nes : l’apiculture est une une activité, agricole elle aussi, qui dépend beaucoup des conditions météo de l’année.
Benoît Minart gère seul son entreprise, aidé seulement d’un équivalent temps plein sur l’année, par un ou plusieurs CDD souscrits pendant les pointes de travaux - surtout périodes de transhumance et de récolte. L’hiver est une période plus calme, pendant laquelle il entretient les corps de ruches ou en fabrique de nouvelles. Et il assure la surveillance et le nourrissage de ses colonies, en leur donnant du sirop à l’automne et du candi jusque 3 fois, pour aider ces abeilles à passer l’hiver. Ses abeilles  sont de souche italienne, plus douces que nos traditionnelles Noires, mais moins rustiques.
30 des essaims sont renouvelés chaque année. Benoît Minart achète des reines de souche, dont il prélève les larves pour les implanter dans des cellules spéciales pour reines, pour renouveler ses colonies. Les temps de travaux, avec de nombreux déplacements, sont donc très importants dans ce métier où il faut être très organisé. L’équipement comprend des matériels lourds : camions avec remorques, utilitaire 4 x 4, engins de manutention utilisés dans les ruchers... Il faut toujours intervenir en respectant les rythmes biologiques de l’abeille, et donc être très organisé pour les déranger le moins longtemps possible : une heure maximum par rucher, ici toujours constitué de 48 ou 96 ruches (96 étant la contenance d’un camion), toutes les ruches étant posées et déplacées sur palettes par 4, empilables.

Accord gagnant-gagnant
L’objectif de l’apiculteur est d’anticiper les périodes de floraisons des espèces mellifères : les abeilles butinent de fleur en fleur pour faire le plein de pollen et de nectar qu’elles ramènent par pelotes à leur ruche. Et, ce faisant, elles provoquent la fécondation des plantes en assurant leur pollinisation : en s’y posant, elles amènent dans les fleurs femelles des étamines qui se sont accrochées à elles.
C’est donc un accord gagnant-gagnant : l’apiculteur augmente son potentiel de production, en mettant à la disposition de ses colonies d’abeilles des espèces mellifères au moment le plus opportun, et l’agriculteur profite de ces abeilles pour améliorer le taux de fécondation des végétaux, donc la production de ses cultures.
Parmi les espèces mellifères, il y a actuellement le colza. Il y en a d’autres dans notre région, dont en particulier les féveroles, très attractives pour les abeilles, le tournesol, le trèfle ou encore la luzerne, bien qu’elle soit normalement récoltée avant la pleine floraison. Il y a aussi certains couverts de jachère, sur des surfaces qui ont considérablement baissé, et certaines essences forestières, dont le tilleul et les saules, en plus de tous les fruitiers.
Le gain de rendement apporté par une meilleure pollinisation est important : en colza, il est de l’ordre de 6 à 7 quintaux par hectare, estiment des agriculteurs de notre région. Il est beaucoup plus important pour des productions fruitières, en arboriculture et surtout pour des cultures sous serres : il y a des régions où les producteurs rémunèrent pour le service rendu les apiculteurs qui installent des ruches dans certaines cultures fruitières ou sous serres.
Tout le monde est gagnant ; il est donc toujours préférable de constater la présence d’abeilles.

PRODUCTION
Une ruche bien exploitée produit en moyenne annuelle 50 kg de miel, parfois même davantage. C’est le miel produit dans les hausses qui est récolté, deux ou trois fois dans l’année, en fonction de la floraison, dans un rayon qui peut être de plus de 3 km de la ruche.
En fonction de l’activité observée, l’apiculteur ajoute une 2ème ou une 3ème hausse.
Généralement, comme chez Benoît Minart, les ruches sont au standard «Dadant», avec un format de cadre des hausses dont la hauteur est de moitié par rapport à ceux du corps de la ruche. C’est dans cette partie basse que pond la reine et, l’hiver, vit la colonie.


ZOOM
Abeilles et traitements
Les traitements phytosanitaires sont régulièrement critiqués par certains apiculteurs qui dénoncent des pertes de colonies ou une surmortalité d’abeilles. «C’est faux» dit Benoît Minart, qui constate parfois un pic de mortalité d’abeilles, mais qui ne met pas en péril la colonie.
«C’est normal qu’un traitement insecticide tue les insectes, mais si un traitement contre les méligèthes par exemple est fait en dehors des heures de butinage, il n’y a pas de problème», explique-t-il. Donc, en respectant la nécessité pour l’efficacité du traitement, d’une forte hygrométrie : tôt le matin, mais de préférence le soir, puisqu’une partie du produit est absorbé par les plantes pendant la nuit.
Patrice Payen, qui est l’un de la trentaine d’agriculteurs volontaires pour laisser installer des ruchers le long de leurs parcelles de colza, confirme qu’il ne tient pas compte de la présence des abeilles, après avoir posé la question à l’apiculteur. «En n’utilisant que les produits homologués et en respectant bien sûr les périodes autorisées, je n’interviens que le soir.
Je passe juste à côté des ruches, sans chercher à les éviter avec le pulvérisateur». Même démarche par exemple chez Laurent Delétoille, à Domeliers, chez qui des ruches ont été installées au milieu d’un champ, dans une bande qui a été broyée. Quant aux autres cultures, il n’y a pas non plus d’incidence puisque les traitements insecticides sont faits sur ces cultures qui ne sont pas mellifères, donc où les abeilles ne vont pas, sauf s’il y a présence de sanves ou autres fleurs d’adventices. Quant aux traitements de semences, ils ne semblent pas non plus poser de problème dans notre région.
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