Agro-Sphères : vers l’industrie agro-alimentaire de demain
Animer et valoriser la filière régionale, accompagner
les entreprises et promouvoir le territoire : Agro-Sphères
a réaffirmé ses engagements lors de son AG, le 7 juin, avant d’ouvrir un forum dédié à l’industrie 4.0.
Malt’in, micro-malterie parfaite pour les agriculteurs qui voudraient se lancer dans la diversification.
Cent quatre-vingt-quinze adhérents fin 2017, après douze ans d’existence, et déjà vingt et une nouvelles entreprises agroalimentaires, centre de formation et d’innovation, institutionnels ou juste membres associés depuis le début de l’année. Agro-Sphères, association au service de la filière agro-alimentaire historiquement de la Somme, et désormais des Hauts-de-France, ne cesse de s’accroître. «Et dans le contexte tendu actuel, chaque adhérent actif a son importance», affirmait Claudine Lucien, gérante des établissements Lucien (entreprise de viande et charcuterie à Allonne (60)), lors de l’assemblée générale, le 7 juin.
Il faut dire que de l’énergie, pour dynamiser la filière locale, Agro-Sphères n’en manque pas. La dernière innovation : Agro-virtuose, première formation en hygiène, qualité et sécurité en réalité virtuelle, mise au point en collaboration avec la direction territoriale Nord Opcalim. Les salariés sont en fait mis en situation dans une usine virtuelle grâce à un casque et devront réaliser des missions sur la qualité des produits, l’hygiène et la sécurité des personnes, en mode apprentissage ou en mode évaluation des acquis. Neuf sociétés engagées dans l’expérience feront bénéficier leurs salariés de cette formation, puis Agro-virtuose devrait être proposée aux autres entreprises courant 2018.
Comme en 2017, cette année se déclinera pour Agro-Sphères en une série d’animations (jeudis re-créatifs, rencontres, ateliers, formations, speed meeting, job dating, etc.), la participation à des salons et l’accompagnement des entreprises dans leurs projets. L’association a notamment épaulé deux sociétés dans leur implantation dans le territoire. Nigay, leader européen dans la production de caramels, s’établit dans un bâtiment de 10 000 m2, à Nesle, dans la Somme. Vingt emplois sont prévus dans les trois prochaines années. Nubi construit, elle, une usine de production de verrines surgelées de 2 800 m2 à Chambly (60). Quarante emplois devraient être créés en trois ans. «Nous participons également à la ré-industrialisation de sites en fermeture, comme ceux d’Euralis et de Vandemoortele. Il existe aussi de plus petits sites qui pourraient intéresser les sociétés plus modestes», explique Philippe Hincelin, directeur.
La nouveauté 2018 : des rendez-vous partenaires, qui ont pour but de faire découvrir aux entreprises agro-alimentaires régionales les services proposés par les partenaires, fournisseurs et adhérents. Métarom, à Boves, a par exemple organisé «découvrez le monde des arômes», en février, et Proxelia, à Compiègne (60), menait «comment optimiser sa facture d’électricité», en février, et en mai, Chep, à Templemars (59), invitait à réfléchir autour de «comment améliorer votre productivité et réduire vos coûts au travers d’actions RSE». Ces journées sont facturées 1 000 €. Pour mener à bien toutes ses missions, Agro-Sphères a voté un budget prévisionnel de 480 00 €, soit un montant quasiment équivalent aux années précédentes.
Quand l’Agro devient 4.0
Pour enfoncer le clou de l’innovation, Agro-Sphères organisait un forum intitulé «quand l’Agro devient 4.0», à l’issue de son assemblée générale. Robots en tous genres, exosquelettes ou bras intelligents, étaient à découvrir. Parmi les révolutions, IndustrieLAB présentait son Cave 4 faces : un cube doté de quatre faces immersives, qui plongent l’individu doté de capteurs dans son usine remodélisée virtuellement. «Nous avons par exemple recréé une ligne de mise en sceau que Metarom avait commandée, explique Jérôme Olive, responsable du système. Les opérateurs ont pu la tester avant qu’elle ne soit installée et ont suggéré des ajustements. La ligne s’avérait trop basse.»
1 000 € la demi-journée, pour un investissement futur optimisé. Cave 4 faces pourrait même être appliqué à l’agriculture, pour simuler des salles de traite, par exemple.
Autre outil d’avenir : Malt’in, la micro-malterie qu’Ascodero Productique, à Bray-sur-Somme, et la Brasserie de la Somme, à Dormart-en-Ponthieu, ont mis deux ans à concevoir. La seule machine du genre en France. «Un outil parfait pour les petites brasseries qui veulent valoriser les produits du terroir, ou pour les agriculteurs qui voudraient se lancer dans la diversification et transformer leurs céréales en bière», précise Clément Dujour, d’Ascodero. Car en un cycle de huit jours, et en travaillant 24h/24, Malt’in est capable de transformer 300 kg de céréales (orge, épeautre) en 250 kg de malt, après des étapes de trempage, germination, touraillage et dégermage. Résultat : 1 250 l de bière. Une quantité jusque là irréalisable, puisque les industriels ne procèdent pas au maltage en-dessous de 40 t. Pas de fourchette de prix annoncée pour la commande d’un tel bijou, mais Clément Dujour l’assure : «Malt’in est amortie en trois ou quatre ans avec trois cent vingt jours de production par an.»