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Après-quota : du lait oui, mais pas à n’importe quel prix

Les principaux représentants de la filière laitière française se sont réunis le jeudi 25 février pour établir un état des lieux de l’après-quota instauré depuis près d’un an.

Thierry Roquefeuil, président de la FNPL : «Notre force aujourd’hui est d’être en adéquation avec ce que veulent les consommateurs.»
Thierry Roquefeuil, président de la FNPL : «Notre force aujourd’hui est d’être en adéquation avec ce que veulent les consommateurs.»
© AAP

Tous les acteurs de la filière laitière présents le jeudi 25 février, à l’initiative de l’Association française des journalistes agricoles (Afja), s’accordent sur le diagnostic de la crise, à savoir l’embargo russe et les croissances chinoise et mondiale en berne. La surproduction en conséquence directe s’est traduite pour les éleveurs par une perte sèche de 50 à 60 euros la tonne. Une situation jugée «catastrophique» pour des producteurs au bord du gouffre.
La grave crise de 2008-2009, avec une forte volatilité des prix, avait fait craindre le pire sur l’abandon des quotas en 2015, d’où la mise en place en 2011 d’un dispositif de contractualisation censé garantir «à la fois un revenu et une visibilité pour le producteur», explique Yves Riou, membre du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), et co-auteur du rapport «Mise en œuvre de la contractualisation dans la filière laitière française», publié en février 2016. «Ce n’est pas en un an que l’on va mettre en place des relations de confiance et d’efficacité», tempère-t-il.

Quelle régulation ?
A ce titre, un audit sur la contractualisation avait été commandé l’an passé à la demande de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), car «le sujet devenait trop passionnel», explique Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, qui aimerait que soit inscrite dans les contrats une limite de production, appliquée par l’ensemble des pays. «Est-ce que ce modèle aujourd’hui a du sens ? Dans dix ans, on n’aura plus de filière laitière en France», s’alarme-t-il.
L’année 2016 marquera le retour des négociations des contrats, renouvelables tous les cinq ans. Au questionnement légitime posé par le mécanisme de contractualisation, se dresse celui de la place réservée, dans les négociations, aux organisations de producteurs. «La disproportion est forte entre le producteur et l’acheteur», remarque Yves Riou. Un producteur, considéré trop souvent comme «une simple variable d’ajustement» dans un rapport de forces déséquilibré.
Thierry Roquefeuil en a d’ailleurs profité pour promouvoir le modèle coopératif au dépend des industriels privés, «il faut que la coopération soit le fer de lance», regrettant tout de même une dynamique des coopératives parfois éloignée des intérêts des producteurs. Côté coopératives, «on nous reproche de ne pas être assez compétitif, et juste après, on nous reproche d’être trop gros», se défend Dominique Chargé, président de la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL).
A la sortie de la réunion avec le Premier ministre le même jour, Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, envisageait de légiférer en mars prochain en modifiant la loi de modernisation de l’économie (LME) en faveur des producteurs, explique Thierry Roquefeuil, si les négociations commerciales, terminées le 29 février, venaient à évoluer dans le mauvais sens. Une filière laitière française composée de sérieux atouts, selon le président de la FNPL. «Notre force aujourd’hui est d’être en adéquation avec ce que veulent les consommateurs», dit-il, estimant que les coûts de production en France restaient compétitifs.

L’Irlande ou les Pays-Bas augmenteront leur production
L’Irlande, basée sur un système entièrement coopératif, et qui espère augmenter sa production de plus de 50 % d’ici 2020, possède un avantage compétitif indéniable : une pousse de l’herbe continue, permise par des conditions climatiques optimales. «Le coût de la production est de l’ordre de 26 centimes d’euros/litre, contre plus de 30 centimes d’euros dans les autres pays», estime Karl Walsh, Premier secrétaire aux Affaires agricoles à l’ambassade d’Irlande à Paris.
Le marché du lait remontera à coup sûr, d’après lui, car cyclique, anticipant des intérêts offensifs dans le traité transatlantique (TTIP). «Aux Etats-Unis, le marché de la poudre pour le sport est exponentiel, à l’image de celui pour la poudre infantile en Chine évalué à 40-50 euros le kilo». L’Irlande, tout comme les Pays-Bas, ne sont pas en faveur des propositions de régulation des volumes présentées dans le mémorandum par Stéphane Le Foll. Ces pays ambitionnent une solide stratégie à l’export en s’appuyant sur des prévisions de demande croissante en produits laitiers en Amérique, en Afrique et en Asie.

La FNPL demande à ce que la charte laitière de valeur soit signée par tous

Dans un communiqué du 25 février, la FNPL met la pression sur les acteurs n’ayant toujours pas signé la charte laitière de valeurs, proposée depuis décembre dernier, visant à améliorer les relations commerciales entre les différents partenaires. «Une charte n’est pas un contrat d’assurance tout risque vis-à-vis de ses clients ou de ses fournisseurs ! Encore moins lorsqu’on ne la signe pas !», peut-on lire dans le message. Directement visée : la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL) non signataire de la charte, qui pourtant déclare, par le biais de son président, «cette charte est notre ADN, nous sommes d’accord avec les principes et les objectifs», lors d’une rencontre des acteurs de la filière organisée par l’Association des journalistes agricoles (Afja) le jeudi 25 février. La FNPL demande des «engagements concrets de la part des entreprises» matérialisés par des signatures «avant la fin des négociations commerciales» prévues au 29 février. Elle salue au passage «le choix courageux» de la GMS et félicite les entreprises telles que Sodiaal, Eurial ou Sénagral qui l’ont signée.

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