Barbara Pompili espère vendre 30 millions de crédits carbone
En déplacement dans le Var, Barbara Pompili a lancé un appel aux entreprises et collectivités pour les encourager à acheter 1 Mt de crédits carbone d’ici la fin de l’année. Un engagement ambitieux alors que seuls 20 % des 140 000 t de crédits générés en France dans le secteur agricole grâce aux méthodes du label bas-carbone ont trouvé preneur.
En déplacement dans le Var, Barbara Pompili a lancé un appel aux entreprises et collectivités pour les encourager à acheter 1 Mt de crédits carbone d’ici la fin de l’année. Un engagement ambitieux alors que seuls 20 % des 140 000 t de crédits générés en France dans le secteur agricole grâce aux méthodes du label bas-carbone ont trouvé preneur.
«La ministre va lancer un appel auprès de toutes les entreprises prêtes à s’engager sur des financements du label bas carbone d’ici la fin de l’année», indiquait l’entourage de la ministre de la Transition écologique à l’occasion d’un échange avec la presse le 25 août, à la veille d’un déplacement dans le Var. La ministre espérerait convaincre collectivités et entreprises de s’engager sur 1 Mt de crédit carbone, représentant un financement d’environ 30 millions d’euros sur le marché volontaire.
Trois ans après le lancement du label bas carbone en 2018, six méthodes sont désormais validées, rappelle le ministère : trois dans le secteur forestier et trois en agriculture, dont Carbon Agri, la méthode haie, et la méthode vergers. Au total, les projets labellisés proposeraient actuellement l’équivalent de 300 000 t de crédits carbone, dont 140 000 dans le secteur agricole. Pour l’heure, seuls 20 % de ces crédits issus des fermes, soit 28 000 t de carbone, ont cependant trouvé preneur. Un enthousiasme plus timide que dans le secteur forestier, qui a déjà vendu la moitié des 165 000 t de crédits déjà labellisés.
La méthode grandes cultures disponible
Pour relancer la dynamique, le ministère de la Transition a publié trois nouvelles méthodes agricoles. En plus de la méthode très attendue d’Arvalis pour les grandes cultures, les exploitants peuvent également faire labelliser leurs projets en alimentation de bovins par la méthode Eco-méthane de Bleu-blanc-cœur, ou par la méthode Sobas-Eco TTm permettant de faire certifier les baisses d’utilisations d’engrais. Une quatrième méthode sera également validée dans le secteur de la rénovation des bâtiments, en favorisant les matériaux bio-sourcés.
L’entourage de Barbara Pompili souligne que la loi Climat et résilience représente des perspectives de compensation «importantes», notamment grâce aux efforts demandés au secteur aérien (cf. interview de Vincent Etchebehere, directeur du développement durable d’Air France p.13). Selon le ministère, cette nouvelle compensation obligatoire pourrait s’élever à 1 Mt de crédit dès 2022, et 2 Mt de CO2 à partir de 2024, pour un financement évalué à 60 millions d’euros.
Mais alors que certaines compagnies achètent déjà des crédits dans des pays tropicaux où le coût de projet demeure plus faible, la loi climat autorise les compagnies à compenser non seulement en France, mais également dans d’autres pays de l’Union Européenne. «Ce sera à la ministre de convaincre les compagnies de favoriser les projets français, mais ce n’est pas une obligation réglementaire», reconnaît l’entourage de Barbara Pompili. Et de souligner que beaucoup d’autres projets ailleurs dans le monde, «sont menés avec des méthodologies qui ne sont pas aussi rigoureuses».
Vers un renforcement des méthodes
Pour rassurer les investisseurs, la ministre souhaite également renforcer le dispositif français. «Nous allons retravailler les méthodes, et nous serons vigilants pour renforcer l’exigence environnementale au-delà de la composante climat», affirme le cabinet, citant l’exemple d’essences locales dans les haies champêtres. Autre chantier envisagé : l’encadrement de la revente de crédit carbone, actuellement interdite, alors que certaines petites collectivités ou entreprises se voient forcés de passer par des tiers sur ce marché naissant.
Pour l’heure, ce marché volontaire demeure une exception française, mais «il fait référence en Europe, parce que nous avons développé des méthodes partagées qui font l’objet d’une validation scientifique», assure le ministère de la Transition. Si le développement de ce type de système à l’échelle communautaire ne figure pas encore clairement à l’agenda du gouvernement, le cabinet est cependant «convaincu qu’il serait bon de généraliser ce type de démarche au niveau européen».