Artisanat
À Beauquesne, on brasse des bières au fil des rencontres
Fondée à Raincheval, la Brasserie du Bosquet a déménagé il y a quelques mois dans la commune voisine de Beauquesne avec le projet de créer prochainement un espace de dégustation et de vente.
Fondée à Raincheval, la Brasserie du Bosquet a déménagé il y a quelques mois dans la commune voisine de Beauquesne avec le projet de créer prochainement un espace de dégustation et de vente.
En s’installant à Raincheval, au 45 bis chaussée de Doullens, Quentin Sellez et Audrey Lebrun ne pouvaient pas rêver d’un endroit plus propice pour le développement de leur brasserie. L’atelier où ils exercent leur activité est en effet une ancienne salle des fêtes communale transformée en garage automobile avant de devenir une… brasserie. Ici, la convivialité est ancrée dans les murs. À l’intérieur de cet espace de 260 m2 qu’il occupe depuis octobre 2021, Quentin Sellez a déménagé ses neuf cuves en inox de fermentation et d’autres matériels pour fabriquer, embouteiller et étiqueter ses bières. Les investissements suivent le développement des ventes : «Quentin investit en fonction des rentrées d’argent», explique Audrey, qui n’a pas encore le statut de salariée. «Mais c’est pour bientôt», sourit la jeune femme. Le dernier matériel entré est une embouteilleuse, achetée il y a environ un mois : «Jusqu’à présent, tout se faisait à la main». L’étiqueteuse a été acquise il y a un an et demi. Dans le même temps, des travaux intérieurs sont en cours pour aménager un espace de dégustation et de vente : «L’idée, c’est de pouvoir organiser des ateliers, accueillir du public, faire visiter la brasserie…»
Gamme classique et éphémère
Pour mener à bien ce nouveau projet, Audrey a suivi une formation de zythologue. Pendant six mois, en alternance, elle a ainsi acquis un certain nombre de notions autour de la dégustation de la bière et peut désormais en parler en tant qu’experte. «Cela a été une vraie découverte, explique la jeune femme. On déguste beaucoup, on apprend l’histoire de la bière et sa fabrication, à reconnaître les défauts… Pour moi qui ait travaillé dans l’éducation populaire et l’animation culturelle, c’est génial ! Je vais pouvoir transmettre ce que j’ai appris et proposer des ateliers mets/bières.» La gamme de la Brasserie du Bosquet se partage quant à elle entre plusieurs références, classiques et originales : «La Raincheval» blonde, brune et ambrée, des IPA, des «sour» (acides) et quelques créations éphémères à l’image de «Soleil du nord», une Pale à la purée d'ananas avec une pointe de gingembre, «Tendre claque» (Impérial Soir, griotte et pointe de vanille) ou «Spicy smoke», «tourbée, fumée, avec une pointe de tabasco». L’an dernier, deux créations ont particulièrement marqué les esprits et les palais : une blonde au basilic ainsi qu’une blanche citron-basilic. Ce qui a inspiré Quentin pour ces deux recettes ? «Une rencontre avec un maraîcher sur un marché…» Pour la réalisation graphique des étiquettes – toutes plus originales les unes que les autres –, le brasseur a fait appel à deux artistes, dont l’un est tatoueur. Encore une affaire de rencontres.
Partage et convivialité
Si le marché des bières artisanales peut paraître concurrentiel, avec nombre de créations d’entreprises, la Brasserie du bosquet apprécie cette dynamique qui lui sert d’émulation : «La concurrence a du bon, estime Audrey. Et d’évoquer les liens qui se créent entre les entreprises. Chaque brasserie artisanale a ses spécificités. On ne peut pas vraiment dire qu’on se fait concurrence. Au contraire, on s’inspire les unes des autres.» Le meilleur témoin de cet état d’esprit ? Une fête de la bière initiée par la Brasserie du Bosquet et l’association du même nom en juillet dernier, à Raincheval : «On avait envie de réunir des gens autour de la bière», remémore Audrey. Six brasseries de la Somme et de l’Aisne étaient présentes. Fort du succès de cette première édition, les participants ont convenu de rééditer l’événement. Les bières de la Brasserie du Bosquet peuvent, quant à elles, se déguster tout au long de l’année sur plusieurs marchés – en ce moment lors des marchés nocturnes d’Abbeville –, chez des cavistes et magasins de produits du terroir, ou à la maison après avoir fait une halte à Beauquesne.
La bière a sa journée internationale le 5 août
10 000 références en France
Pour Brasseurs de France, cette journée est aussi l’occasion de rappeler le poids économique de la filière brassicole dans notre pays : «La France est le premier pays européen en nombre de sites de production. Nous comptons 2 500 brasseries en 2022 sur l’ensemble du territoire national dont 600 créations en 2020 et 2021», souligne le syndicat des brasseurs de France. En matière d’emploi, cette filière «ancrée dans les territoires» représente pas moins de «8 000 emplois directs, répartis dans toutes les régions, et près de 100 000 salariés de l’amont à l’aval». Pour permettre aux brasseurs d’élaborer leurs recettes, il y a aussi le travail d’agriculteurs que Brasseurs de France met également en avant : «Les brasseurs travaillent avec les malteurs et les agriculteurs sur des processus de sélection des variétés de céréales. Un modèle solide qui a fait de la France le 1er producteur d’orge brassicole de l’Union européenne et le 1er exportateur mondiale de malt. Aujourd’hui, dans le monde, 1 bière sur 5 est brassée avec du malt français», détaille ainsi l’organisation. Enfin, elle rappelle que la bière est une boisson qui se renouvelle «à l’infini». La preuve ? Plus de 10 000 marques de bières différentes sont connues en France. Avec une telle diversité, pas de doute, il y en a vraiment pour tous les goûts.