Betteraves bio : maîtriser les adventices à moindre coût
L’ITB organise Desherb’Avenir depuis dix ans dans un but : aiguiller les planteurs dans des techniques de désherbage permettant de réduire l’utilisation des phytos. Rendez-vous était donné ces 15 et 16 mai à Berny-en-Santerre. L’essai d’implantation bio était la grande nouveauté.
Le principal souci que rencontrent les planteurs bio ? Maîtriser le développement des adventices, sans aucun doute. Les variétés tolérantes et les produits de biocontrôle ont plutôt fait leurs preuves pour lutter contre les maladies et les ravageurs. Mais difficile de combattre les chénopodes, renouées liserons, mercuriales ou encore repousses de colza.
«L’année dernière, nous avons mené un essai en culture de betteraves bio dans l’Aisne, explique l’ITB (Institut technique de la betterave). L’un des principaux leviers mobilisés pour la gestion des adventices a été le mode d’implantation.» Cet essai était reproduit et présenté lors de Desherb’Avenir, organisé dans les parcelles d’Hubert Boinet, planteur à Berny-en-Santerre (Somme).
Première technique : une implantation «en carré», soit en 45 x 45 cm. «Cela permet de pouvoir biner dans les deux sens», explique-t-on à l’ITB. Ici, 43 000 pieds ont été plantés à l’hectare, ce qui offre une possibilité de rendement de 80 t/ha, «soit un rendement plus que correct en bio». La bineuse a ainsi pu passer au plus près de la plante, ne laissant qu’un petit cercle de terre non travaillée autour de celle-ci. 90 % de la surface a été travaillée. «Il reste 1 000 m2/ha de surface à désherber à la main, ce qui représente 20 h/ha de travail manuel. Un temps considérablement réduit par rapport à une parcelle implantée de manière classique, dans laquelle on peut facilement dépasser les 100 h/ha. C’est ingérable…» De plus, l’aération entre les rangs limite probablement le développement des maladies foliaires, notamment la cercosporiose.
Cette implantation «en carré» est rendue possible grâce au semoir Kverneland Monopill, équipé de la technologie Geoseed®. «Elle permet le semis en parallèle ou en quinconce sur la largeur du semoir. Chaque élément semeur est contrôlé par un capteur, géré grâce au terminal Isobus. Les graines sont donc parfaitement espacées sur la ligne de semis, mais également entre les lignes de semis», précise le constructeur.
Repiquage au stade 5-6 feuilles
Autre technique innovante : le repiquage de plants de betteraves au stade 5-6 feuilles. Le seul producteur de France, aujourd’hui, est Thomas Plants, basé en Bretagne. Spécialisé dans le plant de légumes, il produit des plants de betteraves depuis trois ans et en a commercialisé neuf millions cette année. Les plants sont d’abord cultivés sous serre, puis à l’extérieur, «pour assurer un plant acclimaté».
Le plant a en fait été repiqué dans une «mini-motte», qui permet de contourner le problème des parasites sous terrain, notamment grâce à une implantation plus tardive. Cette opération est réalisée grâce à la repiqueuse de Checchi & Magli. «Cette technique permet de passer les stades de sensibilité aux ravageurs en hors-sol, explique l’ITB. De plus, pour la gestion des adventices, les betteraves étant repiquées au stade 5-6 feuilles, la première intervention de désherbage mécanique a pu être réalisée très rapidement. Ici, elle a eu lieu six jours après repiquage, avec une herse étrille, contre vingt-deux jours pour les modalités semées.» 75 000 pieds par hectare ont été repiqués dans cette parcelle de Berny-en-Santerre. Et, pour l’instant, le résultat est probant. «Des plantes homogènes et pas de problème d’adventices à signaler.» En Bretagne, cette technique a permis d’obtenir un rendement de 150 t/ha en betteraves fourragères.
Le coût, lui, reste élevé. Comptez 30 € les mille plants, plus 2 centimes par graine. Soit entre 2 500 et 3 000 €/ha, en tout (plantation comprise). «Mais avec cette technique, vous êtes assuré de récolter une betterave en fin de saison», termine l’ITB.