Bruxelles veut réduire le stock de poudre de lait en 2018
Après la crise de 2016, la Commission cherche à faire évoluer
le dispositif pour mieux gérer les stocks.
Les stocks de poudre de lait écrémé accumulés durant la crise laitière de 2016 pèsent sur le marché. Phil Hogan, commissaire européen à l’agriculture et au développement rural, a proposé, le 9 octobre, aux ministres des Vingt-huit, de réviser le dispositif d’intervention publique. La Commission cherche à empêcher de nouveaux volumes d’être stockés et à vendre les stocks existants qui se dégradent.
Phil Hogan veut se débarrasser des stocks publics de poudre de lait écrémé amassés pendant la crise laitière de 2016, qui ont, depuis, continué de grossir et pèsent toujours plus sur les cours. Il a donc proposé, le 9 octobre, à l’occasion d’une discussion des ministres de l’Agriculture de l’Union européenne sur la situation des marchés agricoles à Luxembourg, de réduire le plafond d’intervention public pour la poudre de lait écrémé à zéro au lieu de 109 000 tonnes habituellement, à partir du 1er mars 2018. Cette mesure ne supprimerait pas le dispositif d’intervention public qui pourrait être ouvert au coup par coup sous forme d’appels d’offres, «mais il fonctionnerait de manière contrôlée, en fonction des conditions du marché», a-t-il précisé.
Ces stocks atteignent déjà 380 000 tonnes. La Commission veut donc éviter qu’ils grossissent encore l’année prochaine. «On ne peut pas continuer à stocker sans fin», a indiqué le commissaire.
Seulement cette décision devra être validée par les Vingt-huit. Et sa proposition n’a pas, à ce stade, reçu le soutien qu’il espérait. Peu de délégations (Danemark, Italie, Suède) ont soutenu cette initiative présentée, il est vrai, à la dernière minute. Phil Hogan voudrait que les Etats membres manifestent leur intérêt «dans les prochains jours» afin de mettre sur la table une proposition formelle rapidement.
Trouver des solutions pour déstocker
Parallèlement, la Commission cherche des moyens de se débarrasser des stocks dont la qualité se dégrade peu à peu. Seules 140 tonnes ont été vendues depuis que la Commission a décidé de déstocker. De nombreuses délégations, notamment la France soutenue par le Danemark, l’Italie, la Lituanie, la Slovaquie, la République tchèque, ont estimé qu’il était temps de chercher d’autres débouchés à ces stocks comme l’alimentation animale ou les personnes les plus démunies. «Nous étudions prudemment toutes les pistes, mais aucune option n’est simple», a indiqué Phil Hogan.
Par ailleurs, le commissaire à l’Agriculture a annoncé le lancement d’une campagne de sensibilisation sur l’utilité des organisations de producteurs (OP) dans le secteur laitier afin d’encourager la création de nouvelles OP et d’améliorer le fonctionnement de celles existantes. Un groupe d’experts se réunit le 19 octobre pour en définir le cadre, puis une réunion le 28 novembre rassemblera les parties prenantes et, enfin, des missions de communication sur le terrain seront mises en place en 2018.
A part ces difficultés, le secteur laitier se porte globalement plutôt bien : la forte demande en fromage, beurre, crème et poudres soutient les prix du lait et, grâce à une bonne récolte de fourrage, la collecte du lait devrait augmenter par rapport à l’an dernier.
Surveiller le sucre et le porc
De manière générale, le commissaire européen a indiqué que les marchés agricoles s’étaient stabilisés ces derniers mois, tout en assurant vouloir surveiller de près deux secteurs : le sucre et le porc. Pour le premier, dont les quotas de production viennent d’être abandonnés, la Commission assure qu’elle sera vigilante. L’augmentation de la production mondiale de sucre en 2017-2018 pourrait, en effet, exercer une pression supplémentaire sur les prix mondiaux déjà bas et les prix dans l’Union européenne seront plus exposés à la volatilité.
Quant au porc, l’inquiétude vient des exportations qui accusent un net recul depuis quelques mois (- 9 % prévus en 2017) en raison de la baisse de la demande chinoise et des prix élevés de l’Union européenne qui limitent la compétitivité des exportations. Cette baisse devrait néanmoins être partiellement inversée en 2018, estiment les services de la Commission.
Compromis sur le règlement omnibus
Les négociateurs du Conseil de l’UE, du Parlement européen et de la Commission de Bruxelles sont parvenus le 12 octobre à un compromis sur le volet agricole du règlement omnibus. Parmi les points qui étaient en suspens, le niveau de déclenchement de l’outil de stabilisation du revenu est fixé à 20 % au niveau sectoriel, un taux également applicable aux assurances climatiques ; les organisations de producteurs restent volontaires, mais la possibilité pour elles de planifier la production est étendue - une disposition jugée très problématique par la Commission au regard du droit de la concurrence ; les exploitations de moins de 30 ha sont dispensées des obligations liées aux surfaces d’intérêt écologique (dans lesquelles le miscanthus est inclus) comme cela est déjà le cas pour la diversification des cultures (dans laquelle l’épeautre est inclus).