Calipso : une plateforme d’essais variée
Plus de cent-cinquante participants étaient présents pour la visite de la plateforme d’essais de Calipso suivie de l’inauguration des travaux d’agrandissement et de modernisation du silo de Le Translay.
C’est à Le Translay, petite commune située dans le Vimeu, région naturelle de la Somme délimitée au sud par la vallée de la Bresle et au nord par la vallée de la Somme, que la coopérative agricole de l’ouest du département, Calipso, a implanté sa plateforme d’essais, cette année. Le sol y est de type limoneux-sableux profond et la plateforme d’essais, sur la parcelle de Monsieur Lescureux a été divisée en cinq pôles : essais orges, essais fertilisation et biostimulants, Cipan et intercultures, essais variétaux blé, et fongicide et désherbage sur blé.
Une visite des essais a eu lieu vendredi dernier et a réuni plus de cent-cinquante agriculteurs, adhérents de la coopérative. «Une participation plus que satisfaisante. Plus de 20 % de nos adhérents ont répondu présents», commente Hubert Bray, président de la coopérative.
Essais variétés blé
Plus d’une soixantaine de variétés de blé sont testées sur la plateforme d’essais de Calispo. «Pas de grandes nouveautés variétales pour cette année, mais de grands espoirs pour 2020», explique Jean-Marc Tahon, directeur technique et approvisionnement à la coopérative. Point d’attention tout de même sur le choix des variétés blé pour la future campagne : «mieux vaut opter, en première comme en seconde date de semis, pour des variétés tolérantes au chlortoluron», ajoute-t-il.
Par conséquent, en première date de semis, Calipso mise plutôt sur les variétés Chevignon de Staaten Union, KWS Extase de chez KWS et Tenor de chez Unisigma, toutes tolérantes au chlortholuron. «Chevignon est un blé BPS, peu sensible au froid, assez résistant aux maladies et affiche de bons résultats de rendement», explique Jean-Marc Tahon. La variété KWS Extase est elle aussi classée BPS. Elle a plutôt un bon comportement contre la septoriose, est peu sensible au froid et est assez résistante à la septoriose, l’oïdium et la rouille jaune. Enfin, la variété Tenor, classée également BPS, mais aujourd’hui en observation pour une classification en BPMF, est peu sensible à la rouille jaune et la septoriose. Elle présente un bon potentiel en PS et une bonne teneur en protéines. Son défaut : sa sensibilité à la verse.
En seconde date de semis, la coopérative préconise plutôt la variété Filon, développée par Florimond Desprez. Tolérante au chlortoluron, «la variété Filon passe très bien après un maïs, tout comme Rubisko. Attention néanmoins à son PS», complète Jean-Marc Tahon.
De nouvelles variétés en orges
«Côté orges, de nombreuses variétés à deux rangs ont été ajoutées au catalogue. Toutefois, ces types de variétés ne sont pas prioritaires. La coopérative préférant les variétés à 6 rangs», fait remarquer un technicien de la coopérative avant de débuter la visite. Il rappelle également que suite à l’arrêt de l’utilisation du Gaucho, mieux vaut opter pour des variétés tolérantes à la jaunisse nanisante de l’orge, JNO, travailler sur le sol et les dates de semis. Ainsi, Amistar, variété à 6 rangs, reste la variété phare de la coopérative car, d’une part, elle est tolérante à la JNO et, d’autre part, elle présente un PS élevé. Autre variété : Domino, variété coup de cœur de la coopérative, elle est précoce et peu sensible au froid.
Dans les nouveautés, on a la variété KWS Jaguar, variété à 6 rangs, tolérante à la JNO, très précoce à l’épiaison, assez sensible au froid et à la verse, mais peu sensible aux maladies. De plus, KWS Jaguar est aujourd’hui en observation, pour une orientation brassicole. Quant aux variétés à 2 rangs, s’il fallait choisir, ça serait la variété Memento pour la coopérative. Inscrite au catalogue en 2017, Memento est présentée comme une variété assez tardive et résistante aux maladies.
Notons qu’en blé, comme en orge, seule des variétés de lignées sont préconisées. «Les variétés hybrides sont décevantes. Elles n’apportent pas le gain de rendement nécessaire pour payer les surcoûts engendrés par l’achat de la semence», explique Jean Marc Tahon. De plus, les variétés d’orge hybrides ne sont pas tolérantes à la JNO.
Lutte contre les maladies
Outre les essais variétaux, près d’un tiers de la plateforme d’essais est consacré aux essais fongicides et protection de la plante. Une proportion importante, qui souligne la nécessité et la volonté de la coopérative de travailler sur de nouveaux programmes de protection, de nouveaux produits comme les biostimulants, les produits de biocontrôle, etc. afin d’anticiper la disparition de certains produits phytopharmaceutiques.
Récemment approuvée par les Etats membres de l’Europe, l’utilisation du chlorothalonil, molécule de la famille des triazoles avec un large spectre d’efficacité contre les maladies des céréales, notamment la septoriose du blé, devrait être suspendue en 2020. D’où la nécessité pour la coopérative de mener différents essais afin de trouver une alternative à cette molécule et «pourquoi pas avec l’utilisation de produits de biocontrôle, même si ces derniers doivent encore être travaillés et développés», explique Jean-Marc Tahon. Différents essais ont été mis en place : retrait du chlorothalonil en T1, essais de produits de biocontrôle, comme le Rhapsody et le Vacciplant, etc. Les résultats devraient être connus après la récolte.
Modernisation du silo de le Translay
Habituellement mise en place au cœur de la zone géographique de la coopérative agricole, Calipso a volontairement fait le choix cette année d’implanter sa plateforme d’essais au sud de sa zone géographique, dans une parcelle située à l’arrière du silo de Le Translay. Pourquoi ? Car des travaux ont été réalisés au silo et que cette journée de visite d’essais fut l’occasion d’inaugurer la première phase des travaux.
Sortie de terre en 2012, le silo de Le Translay a été modernisé et agrandit. «Nous avons procédé à l’installation d’une tour de manutention équipée d’un nettoyeur, d’un calibreur et d’un trieur entièrement neuf. Deux nouvelles cellules de stockage de 3 500 t
et un bâtiment de stockage d’engrais de 1 250 t ont également été montés», explique Hubert Bray, président de la coopérative. «Mais les travaux ne s’arrêteront pas là. Une deuxième phase de travaux est prévue avec l’installation de deux cellules de stockage supplémentaires du grain de 3 500 t et quatre cellules de 2 000 t. Les travaux débuteront une fois les autorisations préfectorales obtenues», ajoute Jean-Charles Denis, directeur général de la coopérative.
Ainsi, le site de Le Translay disposera d’une capacité de stockage de 43 000 t contre 23 000 t auparavant. Le coût d’investissement est de 6,5 millions d’euros. Un investissement certes coûteux, mais nécessaire afin de réduire les coûts d’exploitation, moderniser les outils et travailler davantage le grain afin de rendre la coopérative plus compétitive.