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Céréales : plan de transformation de la filière régionale

Réuni le 26 juin dernier, le Comité régional des céréales a défini des actions concrètes en région pour mettre en œuvre le plan de transformation de la filière céréalière.

La filière souhaite doubler les surfaces de grandes cultures - céréales et oléoprotéagineux - biologiques en cinq ans.
La filière souhaite doubler les surfaces de grandes cultures - céréales et oléoprotéagineux - biologiques en cinq ans.
© D. R.




Plus de 70 millions de tonnes de céréales sont produites en France chaque année, dont 9 millions dans les Hauts-de-France, troisième région productrice derrière la Nouvelle Aquitaine et le Grand Est. Les ambitions affichées pour les céréales dans le cadre du plan de filière présentée par l’interprofession céréalière, au moment des Etats généraux de l’agriculture et de l’alimentation, sont à la fois de conquérir de nouveaux marchés, dans une logique de volume et d’export, tout en opérant une montée en gamme de la qualité des céréales produites sur notre territoire, ainsi que de créer de la valeur par le développement de la bioéconomie et de l’économie circulaire.
Après une rencontre régionale, en Hauts-de-France, le 28 novembre dernier, autour du plan de transformation de la filière céréalière, le Comité régional des céréales (CRC), réuni le 26 juin dernier, a décidé de s’engager dans des actions concrètes pour mettre en œuvre ce plan à l’échelle régionale. Quatre actions ont été retenues : la modernisation du réseau de stockage, la généralisation des outils d’aide à la décision (OAD), le développement de la méthanisation, ainsi que celui de l’agriculture biologique dans les filières céréalières.

Montée en qualité
Les exigences environnementales et sociétales imposent une montée en gamme, et donc la nécessité pour la filière de s’adapter à ces nouvelles donnes. Parmi les multiples leviers à activer pour inscrire la filière dans une logique de réduction des produits phytosanitaires, le CRC a choisi de mettre l’accent sur la modernisation du réseau de stockage des céréales afin de préserver la qualité de la production tout au long de la chaîne, notamment en évitant le recours aux insecticides de stockage (entre 10 et 50 % des céréales seraient traitées).
«Le stockage des grains est un des sujets importants pour la filière. Entre les attentes sociétales et des professionnels de la filière agroalimentaire, l’utilisation des insecticides sur les grains stockés pose question. Des alternatives existent, mais cela a un coût et il faut du temps pour acquérir des connaissances sur ces méthodes», relève Luc Maurer, directeur de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf).
Pour avancer sur le sujet, le CRC a donc décidé de mettre en place un groupe de travail spécifique pour affiner les possibilités de développer des techniques alternatives et lancer des expérimentations en la matière dans les Hauts-de-France. Reste que, pour aller de l’avant, des investissements importants sont nécessaires. Aussi les professionnels ont-ils décidé de construire un projet partenarial qu’ils présenteront dans le cadre d’un appel à projets, ouvert par FranceAgriMer mi-juillet, visant à expérimenter et diffuser des techniques nouvelles pour réaliser le stockage des grains sans utilisation d’insecticides. Cet appel à projet, inscrit dans le volet agricole du Grand plan d’investissement (GPI), est doté d’une enveloppe de 500 000 e à l’échelle nationale.

Amplifier la transition agro-écologique
Deuxième action concrète, la généralisation des outils d’aide à la décision (OAD) afin d’amplifier la transition vers l’agro-écologie. Si le CRC veut mettre l’accent sur les OAD, c’est parce qu’une enquête réalisée auprès des opérateurs régionaux a révélé que leur utilisation n’était pas si répandue que cela, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Ainsi, si plus de la moitié des agriculteurs utilisent les OAD dans le cadre du raisonnement de la fertilisation azotée, un agriculteur sur dix seulement les utilise dans le cadre du raisonnement de l’utilisation des phytosanitaires, indique l’enquête.
«Le principal constat tiré de cette enquête est qu’un certain nombre d’agriculteurs et de conseillers techniques manifestent quelques réticences sur ces outils. D’une part, parce qu’ils ont l’impression que c’est l’outil qui va décider à leur place, alors que ce n’est pas le cas, d’autre part, parce qu’ils ne les considèrent pas suffisamment fiables. Il s’agit plus d’un frein psychologique qu’autre chose», commente Luc Maurer. Et sans doute un manque de formation à combler. Pour mieux faire connaître ces OAD et leur intérêt sur le plan économique et environnemental, le CRC a invité l’Etat, la Région et les autres financeurs à établir un guide des financements possibles pour encourager leur utilisation.

La bioéconomie : source de débouchés
Créer de la valeur sur les marchés existants ne suffira pas. La valorisation des coproduits en alimentation animale, les biomatériaux, la méthanisation, les biocombustibles et biocarburants, les biomolécules et les bioplastiques constituent une multitude de débouchés qui seront à développer. Parmi tous ces débouchés, le CRC a retenu le développement de la méthanisation en région, tant à des fins de diversification que de sécurisation des revenus. Si la méthanisation se développe de manière régulière depuis 2007 dans les Hauts-de-France, avec environ quarante unités existantes et plus de cent projets en réflexion, les acteurs de la filière céréales sont encore à la traîne comparativement à ceux de la filière élevage. «L’idée à creuser est celle du développement de projets collectifs de méthanisation associant céréaliers et éleveurs», indique Luc Maurer.
Et d’indiquer que le ministère de l’Agriculture a doté un fonds de garantie publique, permettant à Bpifrance de distribuer un prêt sans garantie, destiné aux exploitants agricoles qui, seuls ou en groupe, investissent dans une installation de méthanisation agricole. D’un montant compris entre 100 000 e et 500 000 €, ce prêt vise à faciliter le bouclage des tours de table financiers, en prenant notamment en charge les études, et une part du solde des investissements et besoins en fonds de roulement nécessaires au démarrage du projet, sans prise de garantie sur l’entreprise, ni caution personnelle du dirigeant. Il est proposé sur une durée de douze ans maximum, avec un différé d’amortissement en capital jusqu’à deux ans.

Combler le retard en céréales bio
La filière céréalière bio est quelque peu à la traîne, même si elle progresse chaque année. En France, les surfaces de cultures céréalières en bio atteignent 228 612 ha, dont 64 % en conversion, mais ne représentent que 15 % de tous les types de production de cultures (1,5 million). Dans les Hauts-de-France, on n’est pas mieux lotis, avec, fin 2017, 32 727 ha dédiés aux cultures bio, soit 1,53 % de la surface agricole régionale. Une fois cela dit, si le bio ne pèse pas lourd dans notre région, sa progression va crescendo, avec une augmentation de 17 % entre 2017 et 2018.
Bref, pour rattraper son retard, la filière souhaite doubler les surfaces de grandes cultures - céréales et oléoprotéagineux - biologiques en cinq ans, comme créer ou convertir des unités de stockage. En effet, «si on sent bien qu’il y a un intérêt pour l’agriculture biologique dans notre région au vu du développement de sa production, il faut des silos dédiés spécifiquement aux céréales bio, ainsi que des outils de transformation de ces céréales sur place», rappelle le directeur de la Draaf.

Prévisions campagne 2019

Les prévisions de campagne s’établissent autour des valeurs suivantes pour la région : 88 q/ha pour le blé tendre, 82 q/ha pour l’orge d’hiver, 71 q/ha pour l’orge de printemps et 38 q/ha pour le colza. «Les prévisions établies par FranceAgriMer, les services de la Draaf et Arvalis corroborent les observations des professionnels, sauf pour le colza, dont le rendement a été revu à la baisse», rapporte le directeur de la Draaf.
Reste que des différences sont à prévoir en fonction des zones dont la qualité des sols et le bilan hydrique sont sensiblement différents. Enfin, l’impact potentiel de la vague de chaleur de la semaine dernière, notamment sur le blé en pleine maturation, est, à ce jour, difficile à évaluer.

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