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Élevage laitier
Choisir sa stratégie de tarissement

La SCEA du Petit Rejet à Buironfosse (02) a ouvert ses portes à l’occasion de l’Hivernale d’Avenir conseil élevage qui s’est déroulée le 6 février dernier à Marly-Gomont. Mélissandre Bonna, conseillère de l’élevage a ainsi pu expliquer la stratégie mise en place par Guillaume Champagne pour conduire le tarissement et la reprise de lactation de ses vaches.

Malgré la journée un peu grise, ce qui frappe lorsque l’on rentre dans le bâtiment construit en 2005, c’est sa clarté et le fait qu’il a été aménagé pour permettre une conduite simple en plusieurs lots d’animaux. Un couloir central sépare en effet l’espace des animaux en production qui accèdent facilement à la salle de traite, tandis que de l’autre côté du couloir se trouvent le domaine des vaches en fin de lactation, ou à l’engraissement, et des préparations au vêlage, lui-même scindé en plusieurs parcs dont un spacieux box de vêlage. Les veaux sont, quant à eux, hébergés dans un autre bâtiment. Cette organisation permet à une personne seule de faire circuler aisément les animaux d’un enclos à l’autre. Ce point est appréciable aussi bien pour le confort des animaux que pour celui de l’éleveur.

Par ailleurs, Guillaume améliore progressivement l’existant. Ainsi, il a installé au printemps 2024 une dalle avec cornadis à l’entrée de la pâture d'un hectare, afin d'accueillir l’été les animaux en fin de lactation ou à l’engraissement lorsqu’ils sortent. Des travaux d’isolation ont également été engagés il y a deux ans au niveau de la nurserie, mais ces derniers ont malheureusement dégradé la ventilation du bâtiment, déjà un peu défaillante. C’est pourquoi l’éleveur a choisi d’installer des extracteurs d’air. Après une mise en route compliquée et des modifications apportées l’année dernière, il constate une amélioration depuis avril dernier.

Enfin, on peut souligner que les quatre silos actuellement ouverts de cet élevage, qui dispose de beaucoup de fourrages et offre aux animaux une ration assez diversifiée, ont des fronts d’attaque adaptés à une avancée rapide afin de limiter les échauffements.

Transition entre vaches taries et démarrage de lactation

Durant la période de préparation au vêlage qui dure environ 21 jours, les vaches restent uniquement dans le bâtiment. Comme cela a été évoqué lors de la présentation faite le matin de l’Hivernale, trois stratégies peuvent être travaillées pour favoriser cette transition : agir soit sur l’encombrement, soit sur le Bilan alimentaire cations anions (Baca) ou soit partir sur l’acidification totale de la ration pour éviter les problèmes tels que les fièvres de lait, les non-délivrances, l’acétonémie ou le retournement de caillette.
Après avoir testé diverses solutions pour travailler sur le Baca, avec des résultats insatisfaisants (jusqu’à 60 % des vaches avec des fièvres de lait durant une période), Guillaume a finalement pris le parti de donner aux animaux 400 g de minéral vache tarie avec 1 hépato protecteur (calcium 0,3 – Phosphore 0,1 – Magnésium 2,4 – Sodium 9,8 - VIT A, D, E Cu oligos – Oxyde de magnésie). Même si le prix de ce produit équivaut à celui d’une poudre de lait, il s’y retrouve : «Je n’ai eu qu’une seule fièvre de lait sur les 90 derniers vêlages», précise-t-il.

Vous l’aurez compris, sa stratégie s’est principalement tournée vers l’ingestion. Pour cela, il utilise de la paille broyée afin de préparer la panse à passer le plus vite possible d’un régime à 14 kg de MS à celui à 25 kg de MS. Grâce à ce régime, la vache atteint ce niveau au bout d’environ trois semaines.

La paille broyée : une expérience réussie

L’intégration de paille broyée dans la ration des vaches taries date de 2024 et cette décision a été prise afin d’accélérer la préparation des taries, d’améliorer l’ingestion en ayant également un mélange plus homogène et moins sensible à l’échauffement et, enfin, pour préserver la mélangeuse (deux vis horizontales).  Il s’agit de paille de blé issue de l’exploitation, d’abord passée à l’ensileuse puis dans une presse équipée d’un cône, au moment de la moisson, pour obtenir une majorité de brins mesurant environ 5 cm. Guillaume insiste sur la nécessité de bien laisser sécher la paille pendant quatre à cinq jours avant cette opération. Le conditionnement se fait en grosses balles de 600 kg qui sont ensuite stockées dans un grand hangar. Guillaume souligne la prudence nécessaire pour les manipuler afin d’éviter leur éclatement si elles tombent, sans négliger la question de la sécurité des personnes. Cette année, 30 cubes ont été produits (5 par ha sur 6 ha) pour un prix de 700 €. Ils sont utilisés exclusivement pour les taries dans une ration complète composée comme suit : 4 kg de paille broyée – 25 kg de maïs ensilage – 5 kg d’ensilage d’herbe – 400 g du minéral indiqué plus haut – 2 kg de correcteur (41 soja/colza). Les 30 cubes permettent de couvrir les besoins pour un an et demi.

Du côté économique, le coût alimentaire (177 € par 1 000 litres sur la dernière campagne), dont le niveau peut s’expliquer par un essai d’utilisation de lin dans l’alimentation (désormais abandonné) et l’utilisation du minéral vaches taries, est un point qui pourrait être amélioré. Toutefois, au niveau technique, les résultats sont satisfaisants avec une évolution de la quantité de lait produit cette année (+400 kg par vache par an), certainement grâce à l’attention portée par Guillaume aux vaches taries, et de conclure «le tarissement, c’est le début de la lactation d’après. Si on le loupe, on loupe toute la lactation…».

 

La SCEA du Petit Rejet en chiffres

• Exploitation en polyculture élevage laitier
• UTH : Guillaume Champagne et 2 salariés
• Installé depuis 2001, d’abord en Gaec avec ses parents puis seul à partir de 2014 suite à leur départ en retraite.
• 120 VL Prim’Holstein sur 2 lots et environ 45 Angus pour du croisement industriel
• Référence de 1 190 000 litres
• Laiterie : Les Fromagers de Thiérache en AOC Maroilles
• 26 mois d'âge au vêlage et 33 % renouvellement
• Vêlages toute l’année
• Génotypage sur toutes les vaches laitières. Utilisation généralisée de paillettes sexées et le reste en Angus
• 188 ha de SFP : 35 ha de maïs dont 7 ha de maïs épi, 16,5 ha de betterave sucrière, 2,5 ha de betterave fourragère dont 1 ha sont revendues, 35 ha de blé, 9,5 ha de colza et 92 ha de prairies permanentes répartis sur 3 sites, dont 25 ha sont accessibles aux vaches.

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