Concours prairies : une 32e édition toujours aussi riche
Lucie Godet, Claire Coudeville et Valentin Deremetz, étudiants en DUT Genie biologique à l’IUT d’Amiens, ont remporté le premier prix du concours prairies 2017, qu’organise le Gnis chaque année.
Améliorer le système fourrager d’une exploitation agricole. C’est le défi que lance le Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences et plants) chaque année, depuis trente-deux ans, aux étudiants en première année des classes de techniciens supérieurs (bac+2).
«Les prairies représentent environ la moitié de la surface agricole utile, en France, soit 13 millions d’hectares de prairies, assure Bruno Osson, du Gnis. La part d’enseignement pour la gestion de ces prairies est faible. Alors que dans les exploitations d’élevage, leur maîtrise est le premier moyen de sécuriser le système fourrager et d’améliorer le revenu.»
Le Gnis organise donc un concours prairies, pour sensibiliser les futurs techniciens. Huit cents élèves, constitués en groupes de deux ou trois, doivent chaque année se prêter à la même règle : la constitution d’un dossier d’une vingtaine de pages, détaillant l’exploitation, l’analyse du système fourrager existant (alimentation, éléments économiques et impacts environnementaux du système fourrager), un diagnostic et, enfin, des propositions d’amélioration. «A chaque fois, les candidats doivent réaliser une approche globale, en prenant en compte les éléments de zootechnie, d’agronomie, de climat, la qualité des sols, le modèle économique, la psychologie de l’éleveur… Ce doit être une analyse très complète», précise Bruno Osson.
Le premier prix pour la Somme
Et à ce jeu très sérieux, Lucie Godet, Claire Coudeville et Valentin Deremetz, en DUT Génie biologique à l’IUT d’Amiens, ont été les meilleurs de la grande zone Nord et Est. Les étudiants ont réalisé leur étude au Gaec Godet, dans la famille de Lucie, à Maizicourt, dans la Somme.
Il s’agit d’une exploitation laitière de soixante-dix Prim’Holstein, avec une SAU de 139,51 hectares dont 52,93 hectares de surface fourragère permanente. L’alimentation des vaches laitières est composée principalement de maïs ensilage, de paille et de foin. Les vaches disposent de 5,65 hectares de prairie naturelle. En période hivernale, la ration est complétée par du colza fourrager et des betteraves.
«Depuis plusieurs années, le Gaec tente d’incorporer au maximum sa production dans l’alimentation de ses vaches. Lors du diagnostic des prairies réservées aux laitières, nous avons pu constater que certaines parcelles étaient infectées par du dactyle. Cette espèce est peu appréciée des Prim Holstein», détaillent les étudiants dans leur dossier. D’après eux, le calendrier fourrager révèle un manque d’herbe lors de période sèche. «On a alors conseillé aux exploitants d’effectuer un sur-semis de trèfle blanc dans les 5,65 hectares. Dans les prairies infectées par le dactyle, un re-semis est nécessaire, avec un mélange graminée-légumineuse.» Un mélange avoine-vesce a été choisi.
Objectif économies
Dans la conjecture actuelle où le prix du lait est faible, Lucie Claire et Valentin ont fixé l’objectif de diminuer le coût des concentrés. «Nous proposons au GAEC d’implanter 5 hectares de luzerne. Cette solution permettra une réduction des concentrés de 40 %.» Il faudra attendre un an après mise en application pour savoir si les choix faits sont les bons. «La qualité du lait et la quantité de concentré achetée nous dira si on avait raison !»
Une expérience «très enrichissante», confie Lucie Godet. «Monter le dossier m’a permis de m’impliquer davantage dans la ferme. Je conduisais le tracteur et j’appliquais ce qu’on me disais de faire. Là, j’ai appris à calculer les rations, à m’intéresser aux papiers techniques…» Un vrai travail de technicien agricole. «Finalement, en s’y mettant, je me suis rendue compte que c’était dans mes compétences.» La jeune fille est désormais en licence pro Expérimentateur du végétal, et souhaite faire carrière dans l’expérimentation. «Mais toujours dans le milieu agricole !»
Pour son père, Jean-Luc, membre du Gaec, l’analyse des trois étudiants est précieuse. «En 1991, quand j’ai repris la ferme de mon père, les vaches étaient nourries presque exclusivement avec du maïs et de la pulpe de betterave. J’ai toujours travaillé à équilibrer moi-même les rations pour limiter l’achat de protéines.» L’agriculteur avait déjà en tête de ressemer ses parcelles envahies de dactyle, mais il n’avait pas déterminé quelles variétés seraient les meilleures. «Implanter 5 ha de luzerne, en revanche, je ne l’avais pas envisagé. Je n’ai plus qu’à obéir et appliquer les consignes», plaisante-t-il.
Pour Bruno Osson, ces réflexions menées par les étudiants sont l’avenir. «Le monde fourrager est en train de changer. Les éleveurs cherchent de nouvelles espèces fourragères pour valoriser les rations. Parce que pour un hectare de maïs, il faut acheter un hectare de soja pour équilibrer. Mais le soja coûte cher, et son marché est très fluctuant.»
Le concours prairies
Lauréats des régions Nord et Est
1° Prix :
Lucie Godet, Claire Coudeville et Valentin Deremetz, IUT d’Amiens
2° Prix ex aequo :
Laure Heyman et Louis Painchart, Institut de Genech (PA) et Camille Georgel et Martin Bodeving, Legta de Mirecourt
4° Prix :
Céline Degraeve et Adeline Cuvilliez, Institut de Genech (PA)
Meilleure participation ex-aequo :
Legta de Mirecourt (88)
Le jury
Le jury est composé d’une trentaine de membres, dont trois professionnels du Gnis et des membres des chambres d’agriculture, des contrôleurs laitiers, des agriculteurs…
Les prix
Les lauréats du premiers prix participent à une rencontre spécialement organisée avec des professionnels, sélectionneurs, chercheurs, techniciens, agriculteurs, passionnés et spécialisés dans les prairies et cultures fourragères. La rencontre est suivie d’un séjour dans un parc de loisir (Futuroscope ou Puy du fou). Ils reçoivent également une tablette tactile et un an d’abonnement au magazine Cultivar Montbéliarde.
Du deuxième au quatrième prix, une caméra sportive compact haute définition est remise.
Tous les participants ayant remis un dossier complet reçoivent, en tout cas, un an d’abonnement à la revue Semences et progrès.