Conseil de la FDSEA : de l’action en perspective
Le conseil de la FDSEA réuni le 4 février a clarifié les axes de l’action syndicale du mois de février.
«Nous vivons des assemblées cantonales au cours desquelles s’exprime le désarroi social et économique des filières, et nous aurons un mois de février capital», commente Françoise Crété, présidente.
En effet, c’est en février que les grandes lignes de négociations commerciales entre industries agroalimentaires et les centrales d’achat de la grande distribution. Sur ce point, les annonces de juillet et les grands principes moraux des patrons de GMS paraissent bien loin : les discussions s’ouvrent à la baisse de leur côté, à un niveau globalement de - 10 %, soit un impact encore plus fort pour les produits agricoles.
Ensuite, fin février s’ouvre le Salon de l’agriculture à Paris. Cette vitrine de l’excellence agricole, rendez-vous incontournable des politiques, pourrait bien se transformer en poudrière médiatique. Du coup, la stratégie syndicale va s’intensifier en février. Après les relevés des prix et d’origines en grandes surfaces, après la dépose symbolique du cercueil à la préfecture, après la conférence de presse «Grand public», la lettre ouverte aux Picards et, enfin, une première visite aux parlementaires, le conseil d’administration de la FDSEA a fixé un calendrier des actions des prochains jours.
Priorité : le rapport de force avec les GMS
Le fait que les principaux groupes de distribution ouvrent les négociations à la baisse est une véritable provocation pour les agriculteurs, et ce sont donc eux qui seront visés par les premières actions. Il existe des moyens de tirer la production vers le haut, que ce soit par des caisses de péréquation ou par une simple et efficace valorisation des prix. Pour cela, des revendications existent, notamment celle d’adhérer et de faire appliquer la charte élaborée par la FNPL pour assurer un partage équitable des marges et une rémunération décente pour les producteurs.
Le conseil d’administration a décidé de viser en premier lieu les centrales, puis à défaut d’avancées significatives, d’étendre les actions dures aux magasins sur la seconde quinzaine de février, le principal round des négociations s’achevant au 29 février. D’ici là, les relevés de prix et d’origine se poursuivent.
Autre cible : les parlementaires
Alors que plusieurs personnes ont déjà visité, au matin du 30 janvier, le conseil d’administration souligne le peu de visibilité des parlementaires du département ou d’ailleurs. En effet, alors que leurs circonscriptions souffrent comme rarement en agriculture ou sur d’autres pans économiques, rares sont les réactions d’opposition ferme aux trains législatifs interminables et disproportionnés sur des sujets qui relèvent davantage de symbolique, et qui, en tout cas, tournent le dos aux réalités économiques : entre le mariage pour tous, la déchéance de nationalité en passant par la loi biodiversité, la productivité des travaux parlementaires sur des sujets concrets et économiques aura été bien faible. D’ailleurs, qui sait qu’une proposition de loi votée au Sénat a été examinée à l’Assemblée nationale le 4 février ? Qui sait le nombre d’élus qui y ont assisté ? Qui sait que cette proposition a été rejetée, non pas amendement par amendement, mais dans sa globalité, Stéphane Le Foll estimant que la loi d’avenir qu’il a présentée (et qui a été votée fin 2012) et que la future loi Sapin sur les pratiques économiques auraient plus de portée ?
Dès lors, la FDSEA et les JA attendent davantage des parlementaires, notamment une prise de conscience et de responsabilité collective. Cela leur sera exprimé sous une forme ou une autre dans les prochains jours.
Reprise des actions
Les cibles étant fixées, les actions reprennent. Dans la foulée des jeunes agriculteurs, qui ouvraient le bal la nuit du 4, des blocages sont à prévoir. Et Françoise Crété de souligner l’importance de la forme : «Nous avons le citoyen avec nous, nous sommes nous-mêmes citoyens. Nous ne devons pas ternir notre image dans les actions, même si l’envie est là. Bloquer avec du fumier et des pneus, ou bloquer avec des tracteurs, ça revient strictement au même pour la cible visée. Le plus important, c’est le blocage et l’impossibilité pour lui de travailler !»
Assemblée générale le 1er mars
Enfin, le conseil d’administration ayant validé les comptes de l’année 2015, il a décidé d’avancer cette année la date de l’assemblée générale au 1er mars avec un temps spécifique de huis clos, où ne seront admis que les adhérents, pour débattre librement et ouvertement de la conjoncture, des actions syndicales, et à cette date, des états d’avancement, tant des négociations commerciales que des annonces politiques (le chef de l’Etat et le Premier ministre s’orientent vers des annonces la semaine prochaine). D’ici là, la FDSEA demande à chacun d’être présent à ses mobilisations et à se rapprocher de son président cantonal en cas d’appel à mobilisation. A l’heure où nous bouclons c’est le cas pour la soirée du 10 février et la journée du 11.