Coopératives et syndicalisme calment le jeu
Le congrès de la CGB (betteraviers), le 15 janvier, a permis aux coopératives et au syndicalisme d’accorder leurs violons, notamment sur les toutes récentes organisations de producteurs (OP).
un partenariat dans la durée», a déclaré Franck Sander lors du congrès de la CGB.
Le congrès de la CGB a été l’occasion de mettre à plat les positions des producteurs et des coopératives sur le développement des OP dans la filière. «Il y a eu une incompréhension, un manque de dialogue de la coopération qui, dans un premier temps, s’est opposée à la mise en place des OP betteravières», a regretté le président de la CGB, Franck Sander. «Le dossier a été retardé.» En commission nationale technique (CNT), qui donne un avis pour la reconnaissance en tant qu’OP, La Coopération agricole (ex-Coop de France) s’est l’an dernier abstenue, d’après lui. De son côté, le syndicalisme a rappelé son attachement au développement des OP. Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA a plaidé pour que «les coopératives nous soutiennent pour que les producteurs aient plus de poids» dans les négociations avec les industriels.
Une crainte de voir des OP dans les coops
La Coopération agricole n’a «pas d’opposition de principe à ce qu’il y ait des OP face aux opérateurs privés», a répondu le président Dominique Chargé. Sa crainte est plutôt de voir émerger «un noyau de producteurs en OP livrant à nos coops». Même si les coopératives ont le droit d’avoir une activité avec des tiers non associés, leur souhait est de «privilégier l’adhésion», selon lui. Autrement dit, elles n’ont «pas la volonté de développer une autre organisation d’apporteurs». Après cette mise au point, Franck Sander a proposé de faire mentionner dans le futur accord interprofessionnel, bloqué depuis des mois, que les OP ne sont «valables que pour les privés, pas pour les coopératives».
Bras de fer avec Saint Louis Sucre
Un bras de fer continue d’opposer Saint Louis Sucre et les betteraviers en OP. L’entreprise privée exercerait des pressions sur les producteurs pour qu’ils signent des contrats individuels, a indiqué il y a quelques jours Benoît Carton, directeur général de la Sica des betteraviers d’Étrépagny (Eure). Au congrès de la CGB, la directrice du cabinet du ministre de l’Agriculture Isabelle Chmitelin a souligné l’«obligation collective à construire ensemble, entre planteurs et industriels» : «Votre sort est lié, vous devez chasser en meute.» Pour elle, les OP ont un rôle à jouer pour «structurer l’offre, instaurer des relations commerciales équilibrées».
La CGB réclame une réponse collective à la crise
«Les OP ne constituent pas le seul sujet de tensions dans la filière betteravière», a déclaré le président de la CGB Franck Sander lors du congrès du 16 janvier. «Notre filière n’a pas su répondre collectivement à la crise actuelle», a-t-il poursuivi. Et de citer des engagements sur le prix de la betterave non tenus – c’est le cas pour Cristal Union en 2018 –, les nombreuses fermetures d’usines, à la fois dans le privé avec Saint Louis Sucre et en coopérative chez Cristal Union. La CGB soutient la mise en place d’outils de gestion. Côté marchés à terme, les avancées sont «timides», a noté Franck Sander ; pour ce qui est de l’ISR (instrument de stabilisation du revenu), «les lignes commencent à bouger».
«Il y a des dysfonctionnements dans les coopératives betteravières», a relevé, pour sa part, le président de Jeunes agriculteurs (JA), Samuel Vandaele. Cela concerne d’abord les prix, selon lui : «Pourquoi certaines coopératives ne veulent pas contractualiser la production alors que des privés le font ?», s’est-il demandé. Et de réclamer des contrats pluriannuels pour donner de la visibilité aux jeunes planteurs. Critiqué sur le non-respect d’un engagement par rapport au prix de la betterave, le président de Cristal Union, Olivier de Bohan, a objecté que «sur les dix dernières années, les deux meilleurs payeurs sont les coopératives». Jean-Charles Lefebvre, président du conseil de surveillance de Tereos, a, lui, mis en avant une «rupture» depuis trois ans avec la fin des quotas. «Ce n’est pas le moment de se déchirer», a-t-il lancé. «Pendant des années, on a construit ensemble une vraie filière.» «Maintenant que ça va un peu moins bien, il faut resserrer les rangs.»