De l'huile de colza pour fabriquer des additifs au caoutchouc
Une vingtaine d’agriculteurs a découvert les installations de la société Lefrant Rubco à Muille-Villette, près de Ham.
La société Lefrant Rubco est spécialisée dans la fabrication des "factices", terme qui recouvre l’ensemble des ingrédients bio-sourcés issus principalement d’huiles végétales et utilisés le plus souvent comme auxiliaires à l’obtention d’une qualité optimale du caoutchouc. L'usine est implantée à Muille-Villette, sur 8 hectares, aux portes de Ham. Un groupe d’une vingtaine de personnes composé d’agriculteurs et de conjointes du canton de Ham, présidé par Philippe Vandermeir, a rencontré, le 26 juin, Thierry Geistel, le directeur du site, et, pour l’occasion, le guide de la visite de son entreprise.
Cette usine dispose d'un important outil industriel sur 7 000 m² couverts et d’un savoir-faire d’une équipe de vingt-sept permanents dont cinq ingénieurs chimistes qu’elle met à disposition de ses clients aux Etats-Unis, en Chine et dans de nombreux autres pays.
La production de "factices", exportée à plus de 90 %, représente un peu plus de la moitié de son chiffre d’affaires. L’autre activité majeure est dédiée à la chimie à façon.
Les "factices"
La production d’huile de mille hectares de colza est consommée chaque année pour produire les "factices". A cette huile végétale est ajouté du soufre. Selon le type de produit soufré, la réaction chimique donnera les "factices blancs", les "factices ambrés" ou les "factices bruns". Leurs usages sont multiples en additifs au caoutchouc. Par exemple, pour les semelles de chaussures de sport dont le marché asiatique est de plus en plus demandeur. Les tuyaux des enrouleurs d’irrigation en bénéficient également pour améliorer leur souplesse et éviter les craquelures. L’isolation des fenêtres en triple-vitrage faite à base de caoutchouc est rendue plus efficace grâce à une amélioration du moulage des formes des joints de bâtis.
Ce secteur est en forte concurrence notamment avec des entreprises allemandes, plus grosses et qui disposent d’une gamme de produits plus larges. Lefrant Rubco mise sur sa réactivité aux demandes des clients et sur les compétences de son équipe pour trouver des solutions industrielles aux problèmes qui lui sont posés au cas par cas. De ce point de vue, Thierry Geistel reconnaît que l’entreprise a encore besoin de se faire connaître même de son voisinage.
Chimie à façon
Thierry Geistel table beaucoup sur le développement des prestations de service dans la chimie. La société dispose de tous les équipements nécessaires pour les mélanges et les conditionnements de poudres : broyage et mélange de produits, adsorption et pulvérisation, séchage de polymères et reconditionnement.
Dans la chimie liquide, elle est équipée d'une vingtaine de réacteurs pour la mise en solution de résines, la dilution, la polymérisation utilisée pour la fabrication des colles, l’oxydation, le mélange et le conditionnement à la carte et la mise en émulsion.
La compétitivité est au cœur des préoccupations. La création d’un laboratoire de tests des "factices" est en cours d’étude. «Les factices par rapport au caoutchouc sont des polymères sans danger pour la santé humaine et ils sont issus de produits bio-sourcés», a rappelé Thierry Geistel. Des investissements sont prévus prochainement pour changer certains réacteurs, modifier le mode de reprise des matières à la sortie de ces réacteurs, optimiser le conditionnement souvent peu mécanisé du fait des quantités réduites. La gestion de l’eau sera améliorée pour ne pas la gaspiller.
Tous les visiteurs garderont en mémoire la simplicité de l’accueil et la pédagogie avec laquelle le directeur a expliqué en quoi consiste son métier. Chacun espère dans la réussite des projets qu’il saura susciter compte tenu de la sérénité et de la confiance en l’avenir dont il a fait preuve.