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Des perspectives inquiétantes pour le porc en 2022

Baisse de la production, ralentissement des exportations, flambée de l’aliment jusqu’en septembre : les prévisions de l’Ifip (Institut du porc) pour 2022 n’incitent guère à l’optimisme, malgré des prix attendus en hausse.

La production française est attendue à -2,7 % en 2022.
© A. P.

Dans le sillon de la baisse du cheptel porcin en 2021, la production française de porcs devrait reculer de 2,7 % en 2022, indique l’Ifip (Institut du porc) dans son Baromètre d’avril. Cette année, la production indigène brute (PIB) «devrait atteindre 23 millions de têtes», note l’institut, qui cite des chiffres du SSP (ministère de l’Agriculture). Cette «troisième année de baisse consécutive» amènerait la production à l’«un des plus faibles niveaux jamais enregistrés depuis la croissance des années 1990», relèvent les analystes de l’Ifip. Selon Eurostat, le cheptel français a reculé de 3,37 % en 2021, une baisse dans la moyenne européenne. «Les éleveurs ont connu une année 2021 compliquée, marquée par l’élévation intense des coûts de production, réduisant les marges en élevage», note l’Ifip pour expliquer le recul du cheptel.
Dès l’année dernière, les prévisions pour 2022 n’étaient guère encourageantes avec «des perspectives de prix des matières premières élevées» et des exportations qui «ne sont pas attendues en hausse vers les marchés tiers». Depuis, la guerre en Ukraine a encore aggravé la situation en provoquant une flambée des prix des céréales et oléoprotéagineux, si bien que «des niveaux records sont attendus en 2022» pour l’aliment porc charcutier, selon Élisa Husson, économiste à l’Ifip. Dans une autre note, l’institut prévoit que le prix de l’aliment pourrait augmenter de 33 % en 2022 (après +13 % en 2021), dans le cas où les «exportations continuent à être très affectées par la guerre». Au niveau européen, l’aliment porc charcutier pourrait même «dépasser 400 E/t», peut-on lire dans le Baromètre de l’Ifip. Une hausse qui «pourra durer jusqu’à l’arrivée des prochaines récoltes de l’hémisphère nord à l’été», un moment qui «donnera plus de visibilité».

Une guerre impactante

Côté débouchés, les perspectives ne sont pas plus réjouissantes : au niveau européen, «les exportations devraient s’amoindrir, en particulier sur le premier semestre», prédit l’Ifip. Dans les prochains mois, «la concurrence entre tous les exportateurs mondiaux devrait être rude sur les marchés asiatiques», prévoit l’Institut du porc. Première explication : le ralentissement des importations chinoises, premier moteur du marché mondial (-16,7 % en 2021, hors abats). Après avoir été dévastée par la peste porcine africaine (PPA) en 2018-2019, «la croissance rapide de la production en Chine en 2021 a surpris le monde entier», note l’Ifip dans son Bilan 2021. La production y a bondi de 34,4 %, à 48,85 Mtec (millions de tonnes équivalent carcasse). Comme le relève l’institut, «de grands complexes de production ont démarré et de petites fermes vivrières ont également profité d’une bonne rentabilité.»
Autre facteur exacerbant la concurrence : la guerre en Ukraine, qui constituait le deuxième dé-bouché russe à l’export. Moscou «cherchera certainement à conquérir d’autres marchés, en particulier en Asie», prédit l’Ifip. Cinquième producteur mondial, la Russie reste un acteur de second plan sur les marchés : en 2021, elle a exporté 249 800 tec de viande (hors abats), quand l’UE en expédiait 4,68 Mtec. Toutefois, comme le remarque l’Ifip, le pays «ne cesse de développer ses exportations sur les marchés mondiaux».
Seule lueur d’espoir : les prix du porc, qui ont déjà rebondi ces dernières semaines, sont attendus en hausse sur l’année 2022. Au niveau européen, l’Ifip estime que les prix à la production progresseront de «20 ct/kg en moyenne par rapport à 2021». Une hausse qui s’explique par des fondamentaux «plus tendus», notamment un «important recul de l’offre européenne» de 1,7 % en un an. Autant de prévisions soumises à de «fortes incertitudes», rappelle l’Ifip, qui rappelle ses hypothèses : «pas d’escalade intense des tensions internationales», et pas de propagation de la PPA «à d’autres marchés européens».

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