Exposition
Des vaches dans tous leurs états
Depuis le 5 août jusqu’au 10 septembre 2023, l’artiste Guy Chaplain livre sa vision de la vache dans une exposition baptisée «Ma vache dans tous ses états» au Clos des Fées, à Paluel (76), dans le Pays de Caux.
Depuis le 5 août jusqu’au 10 septembre 2023, l’artiste Guy Chaplain livre sa vision de la vache dans une exposition baptisée «Ma vache dans tous ses états» au Clos des Fées, à Paluel (76), dans le Pays de Caux.

Constituée de dessins, gravures et photographies, la nouvelle exposition du Clos des Fées présente une déclinaison artistique dont la vache est le sujet à travers la vision de Guy Chaplain. Imprégné depuis sa naissance des paysages cauchois, l’artiste concentra de longues années son travail autour de cet animal familier.
De la fin des années 1970 au début de la décennie suivante, l’artiste s’en souvient comme d’une période de forte créativité exclusivement focalisée sur le thème de ce mammifère. S’il attribue en partie cette inspiration à une prime enfance proche de la ruralité, il se remémore surtout une éphémère séance de croquis aux anciens abattoirs de Rouen, expérience qui se révéla décisive chez lui.
De l’entrée de l’animal à sa mise en quartiers après sa mise à mort, le choc des scènes observées provoqua chez lui un véritable trouble. De cette matinée, il rapporte le souvenir d’un lieu immense où, beuglante, la bête arrive avant le coup fatal précédant son dépeçage. De ce moment pourtant éphémère, l’artiste mémorisa les sonorités et les odeurs enfouies dans une obscure sensation à laquelle s’associe encore aujourd’hui l’atmosphère contrastée de froid et de chaleur, imprégnée d’odeurs de sang et de vapeurs. En probable exutoire à ces heures intenses, l’artiste entra alors dans une longue phase compulsive lors de laquelle il ne réalisa plus que des croquis statufiés de bovidés.
Distanciation avec le réel
De cette période obsessionnelle où le véganisme n’existait pas, l’exposition du Clos des Fées retrace intelligemment, à la manière d’un «bonus blu-ray» cinématographique, la genèse de dessins en projetant sous la forme d’un diaporama, les dizaines de croquis, délirants parfois ou réalistes qui générèrent chez l’artiste, une abondante production retraçant la tragique chorégraphie faite des gestes de métier du bouvier en abattoir, de carcasses suspendues ou de découpes charnelles. Devant ce théâtre baroque, s’invitent à la mémoire du visiteur, des toiles de Rembrandt, Soutine ou Bacon qui, bien avant Chaplain, révélèrent aussi avec génie cette tragique beauté générant aujourd’hui autant la gêne que la fascination.
Face à la cruauté des situations, certaines gravures de Chaplain trahissent chez lui l’effet du temps et de la nécessaire distanciation. L’humour prend alors l’allure de facéties-métaphores, ayant fonction de déversoirs.
Au-delà du croquis, l’ensemble présenté à Paluel rassemble une quarantaine d’œuvres restituant aussi d’autres champs d’expressions graphiques que l’artiste et ancien professeur des Beaux- Arts de Rouen, mêle à la partie principale constituée de dessins, de gravures, photographies ou aquarelles comme autant d’états d’âmes pluriels s’interrogeant sur la notion de destinée.