D’une tradition betteravière est née « La Guénel »
Agriculteur et brasseur à Tardinghem (62), Christophe Noyon a donné à sa bière de Noël le nom d’un folklore local où la betterave sucrière est au centre de la fête.
Agriculteur et brasseur à Tardinghem (62), Christophe Noyon a donné à sa bière de Noël le nom d’un folklore local où la betterave sucrière est au centre de la fête.
A la Ferme de Belle Dalle, Christophe Noyon produit des betteraves – 6 hectares sur une SAU de 70 hectares -, mais aussi des céréales, dont de l’orge de brasserie qu’il utilise lui-même pour en faire du malt. Ce malt, il l’incorpore ensuite à la fabrication de ses propres bières artisanales. Parmi la palette de bières* qu’il brasse quotidiennement, l’une d’entre elles fait particulièrement référence à la culture de la betterave, la Guénel, ainsi qu’à la période des fêtes de fin d’année qui approche.
Une bière ambrée à la vergeoise
La Guénel est en effet une bière de Noël, brassée chaque année comme le veut la tradition « avec ce qu’il reste de l’ancienne récolte d’orge et de malt », décrit Christophe Noyon. « D’une certaine manière, on prend les fonds de grenier pour laisser la place à un nouveau stock de malt… et on se fait plaisir ». « Cela permet d’essayer de nouvelles recettes, en petites quantités », poursuit-il.
Le résultat est une bière « assez dense, colorée, épicée, assez aromatique ». De couleur ambrée, sa version 2020 titre à 7,5° d’alcool. « Cette année, explique encore le brasseur, on l’a brassée avec du malt caramel et de la vergeoise brune » ; encore un clin d’œil à la betterave sucrière. « Dans le nord de la France, on en met à toutes les sauces… » L’an dernier, la Guénel était de couleur plus foncée de par l’incorporation d’un malt d’orge grillé.
Une bière héritée d’une tradition locale
Le mot « guénel » est quant à lui l’association des mots « gai » et « noël ». Encore aujourd’hui, dans plusieurs villes et villages de l’ouest de la Côte d’Opale, la fête des guénels consiste en un concours de sculpture de betteraves sucrières. Les enfants se promènent ensuite avec leur betterave illuminée de l'intérieur par une bougie et demandent des sucreries aux passants en chantonnant une chanson traditionnelle, « Ô Guénel ».
Cette tradition doit son origine à une légende locale moyenâgeuse qui raconte qu’un jeune garçon, le Petit Pierre, issu d’une famille pauvre et affamée à la veille de Noël, avait défié la nuit noire, simplement muni d'une lanterne taillée dans une betterave, pour aller mendier de la nourriture au château d’un seigneur local. Christophe Noyon se souvient bien lui, d’avoir participé à ces défilés lorsqu’il était enfant.
Aujourd’hui, « c’est un clin d’œil au patrimoine local », explique celui qui compte parmi ses bières « La Bière des Deux Caps », « La noire de la Slack », « La Houle du Blanc-Nez » ou encore « La Blanche de Wissant » en référence à l’écume de la mer du nord. Le brassin de Guénel représente environ 30 hectolitres sur une production annuelle de 3 500 hectolitres. Autant dire « une goutte d’eau » qui traduit l’envie du brasseur de perpétuer la fabrication de bières de terroirs.
* A consommer avec modération