EGAlim : De la chimie verte à l’agriculture avec Extractis et Improve
Lors des 3e Etats généraux de l’alimentation en Hauts-de-France, la Draaf a mis en avant deux entreprises d’agro-ressources phares d’Amiens.
Extractis et Improve, tels sont leurs noms. Ces deux entreprises spécialisées ont vu leur activité augmenter grâce au développement de la biomasse végétale. L’innovation est au cœur de la préoccupation des industriels qui souhaitent renforcer leur position sur les marchés nationaux et internationaux. Et ces deux entreprises comptent bien se positionner en tant que leaders de l’innovation.
Il faut tout Extractis
Exploitant un site unique regroupant plus de 12 millions d’euros d’équipements, du laboratoire à l’échelle industrielle, et fort de nombreux partenariats scientifiques et techniques, Extractis s’affiche comme la structure incontournable de valorisation de la biomasse végétale. Leurs matières premières ? Des végétaux fournis par les agriculteurs et les industries agro-alimentaires de notre région, mais aussi de partout dans le monde. Et autant de ressources terrestres que marines. Le point commun de tous ces produits ? Leur traçabilité. En d’autres termes, de la parcelle au produit fini que ce soit pour l’alimentaire, la nutrition santé et les cosmétiques. Ces matériaux de base contiennent tous des ingrédients d’intérêt qu’il s’agit de qualifier et de quantifier pour des usages à venir.
Or, on sait aujourd’hui que le processus d’innovation et de développement de produits nouveaux n’est pas linéaire et qu’il est indispensable d’associer différents métiers pour minimiser les risques technologiques et financiers et aboutir sur le marché.
Afin d’être compétitive, attractive et de répondre aux besoins du marché, cette entreprise a réfléchi sous plusieurs angles «la valorisation de l’ensemble des composants de la plante afin de s’ouvrir vers de nouveaux secteurs, l’utilisation de plusieurs technologies innovantes et la mise à disposition d’une structure d’offre pro-active pouvant travailler du concept jusqu’à la série pré industrielle dans une optique de gestion de projet», explique Julienne Allemon, la business developer.
Le site est équipé, entre autres, de réacteurs (45 m3 installés), de séparateurs centrifuges, d’un évaporateur, un matériel de concentration et séchage, un autre pour l’extrusion. Tous ces matériels sont installés et organisés afin de réaliser les tests de mise à l’échelle nécessaires à l’optimisation des procédés de fractionnement et de modification de la biomasse végétale.
A la pointe de la technologie et sur tous les fronts, Extractis veut notamment se concentrer sur les algues. Une tendance qui commence à se développer car c’est une solution innovante basée sur les incroyables propriétés minérales et fonctionnelles de ce végétal marin.
Ne jamais sous-estimer Improve
Cette toute petite entreprise ne connaît pas la crise. Elle voudrait être le leader de la valorisation de protéines. Signifiant «améliorer» en français, cette entreprise travaille en association avec quatre entreprises industrielles : Tereos Syral, Sofiprotéol, Siclaé et In Vivo. Et des institutions comme l’Inra, l’Université de Picardie Jules-Verne et Extractis. Improve souhaite développer de nouvelles applications industrielles des protéines végétales venant de cultures françaises et européennes comme le blé, le maïs ou le colza, mais aussi les pois, la luzerne, les lupins et les pommes de terre, sur le plan nutritionnel humain et animal, le cosmétique, et l’agro-matériau.
«Bientôt 9 milliards d’habitants sur notre planète avec un pouvoir d’achat moyen en hausse, et donc des besoins en protéines croissants. Les protéines végétales sont plus que jamais une des solutions du futur pour nourrir la planète et éviter des famines» souligne Denis Chéreau, directeur général d’Improve. Les protéines végétales représentent un gisement de 28 millions de tonnes de protéines cantonnées au bas de gamme. L’objectif des scientifiques dans cette entreprise se résume en quelques points : l’extraction de protéines solubles et l’évaluation de leurs propriétés physico-chimiques et fonctionnelles ; l’assemblage et l’interaction avec d’autres protéines ; préparation de fractions aux propriétés spécifiques, c’est-à-dire techno-fonctionnelles et/ou nutritionnelles et/ou biologiques ; l’évaluation des propriétés biologiques et mécanismes d’actions, (interactions avec le vivant, digestibilité, allergènes…) ; la modification des protéines par des procédés durables (traitements chimiques, thermomécaniques…) ; et relever les problèmes pouvant limiter l’acceptation par les consommateurs des protéines végétales (interactions avec la société). Grâce à ces deux entreprises de pointe, la Picardie commence depuis quelques années à avoir une image d’excellence sur l’utilisation et le développement des ressources végétales.
POINT DE VUE de Laurent Degenne, président de la FRSEA Hauts-de-France
Voir clair c’est bien, avoir une vision, c’est mieux !
Les Etats généraux de l’alimentation ont eu cet avantage de mettre l’agriculture sur le devant de la scène et – en tout cas pour la première phase que nous venons de vivre – plutôt sous un angle de production et de secteur économique à part entière. En Hauts-de-France, les différents rendez-vous thématiques co-organisés par la Draaf et la Chambre régionale d’agriculture ont permis de croiser les points de vue des différents acteurs qui gravitent autour de l’agriculture : chercheurs, acteurs économiques d’amont et d’aval, agriculteurs, conseillers, administration… Les agro-ressources en Hauts-de-France redonnent une vision prospective, une source d’espoir à l’heure où nous recherchons tous à consolider la durabilité de nos entreprises.
Seulement, sans matière première compétitive, pas de produits biosourcés ! Si les Hauts-de-France présentent de nombreux atouts en réunissant à la fois le secteur de la production de matière première, la recherche et la transformation, il n’en demeure pas moins que certaines décisions, qui dépassent les frontières de notre région, ont des conséquences graves pour l’avenir de nos filières. C’est le cas, par exemple, des protéagineux. Tous les acteurs réunis vendredi dernier, à Amiens, l’attestent : ce sont des cultures d’avenir pour la production de protéines d’origine végétale. Cependant, des décisions politiques ponctuelles mettent à mal toute une stratégie de filière : l’interdiction de certains insecticides, d’abord, ferment la plupart des marchés d’alimentation humaine. Puis, l’interdiction d’utilisation de produits phytosanitaires sur les surfaces en SIE vont avoir des conséquences dramatiques sur les surfaces en protéagineux. Et ce n’est pas que l’agriculteur qui le dit et qui le regrette, c’est l’industriel Roquette et c’est le directeur de la plate-forme de recherche Improve. A travers ces Etats généraux, nous espérons retrouver de la cohérence entre le politique, l’administratif et le monde économique, que tout le monde tire dans le même sens pour retrouver de la compétitivité sur nos territoires. Car chacun voit peut-être clair chez lui, mais il manque une vision globale !