Fabriqués à la ferme et distribués partout
Une nouvelle start-up propose aux éleveurs laitiers de transformer leur propre lait en yaourts directement sur la ferme. De l’équipement à la commercialisation, elle s’occupe de tout. À la clef, une juste rémunération, assure-t-elle.
Décidément, la transformation à la ferme a le vent en poupe dans la filière laitière. Après les glaces paysannes de l’ancien ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, c’est au tour d’André Bonnard, actuel secrétaire général de la Fédération national des producteurs de lait (FNPL) de lancer, en partenariat avec Intermarché, des yaourts fabriqués directement à la ferme. La nouvelle start-up, appelée «Né d’une seule ferme», propose une solution clefs en main aux éleveurs pour transformer le lait de leurs vaches en yaourts directement sur leur ferme grâce à une yaourtière entièrement équipée et financée. C’est là un des atouts du projet.
Financement et commercialisation calée
«Le financement est calé. Le producteur n’a rien à financer de sa poche au démarrage. Il loue la yaourtière», explique André Bonnard. Il s’engage sur un contrat de cinq ans, qu’il peut dénoncer chaque année moyennant des pénalités prenant en compte les frais d’installation de l’équipement. 50 000 litres de lait par an sont nécessaires pour une utilisation optimale de la yaourterie. Il est possible de transformer jusque 80 000 litres, mais le facteur limitant devient la main-d’œuvre, car cela nécessiterait un travail sept jours sur sept. Pour financer le démarrage du projet, l’entreprise s’est endettée et «Intermarché a donné un gros coup de pouce en prenant une part au capital», explique l’actuel secrétaire de la FNPL ; poste qu’il rendra lors du prochain congrès du syndicat les 11 et 12 mars à Cherbourg.
Une fois produits directement sur la ferme avec le lait de l’exploitation, les yaourts seront distribués dans les magasins Intermarché les plus proches. «Nous avons recherché un partenaire pour la commercialisation avant de lancer la production. Cette démarche rassure les producteurs qui souhaitent nous rejoindre», avance André Bonnard. Le partenariat avec l’enseigne de grande distribution permet également de bénéficier de son savoir-faire en termes de logistique. Car «la problématique numéro un, c’est bien la logistique», commente l’éleveur laitier. Il ne souhaite malgré tout pas s’arrêter là. Si l’accord avec Intermarché stipule une exclusivité en grande surface, la start-up est à la recherche de débouchés en restauration hors domicile et chez les grossistes. Des discussions sont d’ores et déjà amorcées avec de grandes chaînes de restauration notamment.
Un retour dans la cour de ferme
«Deux fermes sont déjà en attente de leur yaourterie», assure le président. La phase de recrutement des nouveaux producteurs démarrera réellement lors du Salon de l’agriculture avec l’inauguration officielle de la première yaourterie. «L’objectif pour 2020 est d’installer une vingtaine de yaourtières puis monter en puissance en 2021», espère-t-il. Pour attirer de nouvelles recrues, l’entreprise promet une juste répartition de la valeur.
61 % du prix de vente reviendront au producteur, 22 % à Intermarché, 11,5 % à Né d’une seule ferme, et 5,5 % en taxe. «La rémunération du lait au producteur sera de 550 € les 1 000 litres», explique André Bonnard. «Cela correspond à la valorisation des métiers du yaourt sous marques nationales, sauf que d’habitude, ce sont les industriels qui gardent la valeur dans leurs poches», maugrée-t-il. À côté de l’entrepreneur, le syndicaliste n’est jamais bien loin.