«Faire découvrir la réalité du monde agricole et rural»
À quelques jours des Journées nationales de l’agriculture (JNA) qui se dérouleront les 18,19 et 20 juin, le président d’#agridemain, Guillaume Lefort revient sur cette manifestation qui ambitionne de s’ancrer dans le calendrier au même titre que
le Salon international de l’Agriculture.
À quelques jours des Journées nationales de l’agriculture (JNA) qui se dérouleront les 18,19 et 20 juin, le président d’#agridemain, Guillaume Lefort revient sur cette manifestation qui ambitionne de s’ancrer dans le calendrier au même titre que
le Salon international de l’Agriculture.
Les Journées nationales de l’Agriculture se dérouleront les 18, 19 et 20 juin prochain. Pourquoi une telle initiative ?
Ces journées sont l’aboutissement de plusieurs années de travail et de réflexion. Dans beaucoup de pays, il existe une journée nationale de l’agriculture inscrite au calendrier républicain qui reconnaît le travail fourni par la profession dans son ensemble. Nous avons approché des hommes et des femmes politiques de tous bords et avons échangé avec eux sur l’instauration d’une telle journée. Mais nous ne sommes pas encore parvenus à faire aboutir cette démarche. Puis nous avons appris que Make.org entreprenait une initiative parallèle à la nôtre. Nous avons décidé de faire cause commune. Le projet a maturé et l’idée de s’inspirer des journées du Patrimoine qui se déroulent sur un week-end s’est imposée. Finalement, ces JNA se dérouleront sur trois jours. Le vendredi est plutôt destiné aux scolaires et au corps enseignant, car il importe de sensibiliser les jeunes le plus tôt possible. Le week-end cible quant à lui un auditoire plus familial. Mais nous laissons libres les sites de production, les exploitations, les établissements d’enseignement agricole, les sites de recherche, de transformation… d’ouvrir le temps qu’ils souhaitent : une journée, deux journées ou trois jours.
Quel message principal souhaitez-vous passer ?
Notre message principal est de faire découvrir la réalité du monde agricole et rural, telle qu’elle est. Lors d’un récent sondage BVA-Crédit agricole, le premier point fort qui ressort est la méconnaissance du public sur notre métier. Le grand public pense connaître notre métier. En réalité, il se trompe et ces JNA entendent, à leur niveau, corriger cette distorsion cognitive, cette mauvaise approche du métier. Nous voulons montrer la richesse des différents métiers : éleveurs, céréaliers, maraîchers, arboriculteurs, apiculteurs, viticulteurs. Nous voulons montrer l’agriculture, les agriculteurs et les agricultrices avec un grand A. Nous voulons aussi montrer la richesse des paysages que nous façonnons au quotidien et dont beaucoup de Français ont profité pendant la crise de la Covid. Avec les JNA, nous souhaitons privilégier des moments d’échange, de découverte et, pourquoi pas, faire naître des vocations. N’oublions pas que 70 000 emplois ne sont pas pourvus dans le milieu agricole et que dans les dix à quinze prochaines années, ce sont la moitié des 450 000 agriculteurs qui vont partir à la retraite.
Les entreprises, les coopératives, les agriculteurs et les instituts que vous avez contactés ont-ils répondu présents ?
Oui. Malgré une communication un peu tardive et quelques soucis d’organisation liés aux conditions sanitaires (nous ne connaissions pas les directives du gouvernement pour l’ouverture au public), ce sont plus de 1 000 sites
qui sont mis à disposition du public partout en France. Tout un chacun peut d’ailleurs aller sur notre site interactif (https://journeesagriculture.fr/) et découvrir l’exploitation, le site le plus près de chez lui. Notre réseau, mais également celui de nos partenaires, comme Bienvenue à la Ferme ainsi qu’un bon retentissement sur les réseaux sociaux nous ont permis de mobiliser tous les départements de France. À titre d’exemple, les Vignerons indépendants qui n’avaient pas pu, en raison de la Covid, faire leur opération «pique-nique dans les vignes» ont profité de notre initiative pour greffer leur manifestation sur la nôtre.
Ces JNA n’entrent-elles pas en concurrence avec le Salon de l’agriculture ?
Absolument pas et bien au contraire, nos deux manifestations sont complémentaires. En effet, le Salon se déroule en février à Paris et permet à un public plutôt parisien de venir visiter la plus grande ferme de France pendant deux semaines. Les JNA, quant à elles, font venir du public plus local sur les exploitations. De plus, en juin, on a plus de chances que le beau temps soit de la partie. En février, c’est plus compliqué, car les terres sont pour une très grande majorité en sommeil. Alors qu’en juin, juste avant les vacances, les champs sont cultivés, les bêtes sont au pré… Nous souhaitons aussi que les Français voient l’agriculture sous de beaux atours et surtout qu’ils prennent le temps d’échanger et de dialoguer.
Pensez-vous que l’agriculture ait besoin de communiquer autant que ça ?
C’est primordial et essentiel. Je pense que depuis trop longtemps nous n’avons pas été assez pédagogiques sur la manière dont nous exerçons notre métier. Nous n’avons pas su expliquer à une société devenue de plus en plus urbaine et donc éloignée des champs, nos évolutions, les nécessaires transformations que nous avons dû réaliser pour répondre à cette société déconnectée du vivant. C’est une erreur que nous devons assumer et que nous voulons maintenant corriger, notamment, à travers ces JNA. A nous de montrer que nous sommes engagés dans la voie de la transition agroécologique, pour le bien de la société, que nous sommes un métier moderne, connecté et que nous ne sommes pas des jardiniers XXL. À nous d’expliquer qu’un agriculteur c’est cinq emplois induits. Personnellement, je vais faire passer le message que, grâce à mon activité, je nourris 6 000 personnes par an et que je capte 3 000 tonnes de gaz carbonique par an. Voilà la réalité. Nous n’avons rien à cacher. Nos exploitations sont à ciel ouvert !