Faut-il miser sur la production de sucre biologique ?
Même si la filière reste une niche, de plus en plus d’industriels (y compris des Hauts-de-France) s’intéressent à la production de sucre de betteraves bio. L’Association de recherche technique betteravière (ARTB) vient de publier une étude sur le sujet.
Même si la filière reste une niche, de plus en plus d’industriels (y compris des Hauts-de-France) s’intéressent à la production de sucre de betteraves bio. L’Association de recherche technique betteravière (ARTB) vient de publier une étude sur le sujet.

14 000 ha de betteraves bio étaient emblavés en 2020, en Europe. La filière du sucre de betteraves bio reste une niche, puisqu’elle représente moins de 0,01 % des surfaces betteraves européennes, mais elle a tout de même progressé de 51 % par rapport à la précédente campagne. En région, Tereos mise notamment dessus : après une campagne test en 2019, 500 ha de betteraves bio étaient arrachées puis transformées à la sucrerie d’Attin (62) en 2020. «Il y a une vraie demande en sucre bio de la part des consommateurs, et donc des industriels, et nous voulons y répondre», expliquait alors Laura Loffler, responsable du développement de l’activité bio au sein du groupe. 1 000 autres ha bio étaient aussi plantés pour Cristal Union en 2020.
La question du développement de cette filière à l’échelle européenne paraît donc légitime. L’Association de recherche technique betteravière (ARTB) vient d’ailleurs de publier une étude intitulée «Le sucre biologique en Union européenne». Selon ses estimations, le marché européen du sucre biologique évolue de manière assez autonome par rapport au marché communautaire du sucre conventionnel. «Il a représenté près de 275 000 tonnes lors de la campagne 2020-2021, soit une hausse de 3 % par rapport à la précédente campagne. Si la dynamique conjoncturelle (Covid-19) a limité le niveau de cette hausse, l’accroissement des surfaces betteravières biologiques semblent devoir se poursuivre au cours des prochaines campagnes», précise l’ARTB.
Premier argument pour affirmer cet accroissement : le changement des règles communautaires en matière d’importation de produits biologiques. «Autrefois marché exclusif d’importation, le marché européen du sucre biologique est en pleine mutation et la production domestique de sucre biologique de betteraves en expansion, avec un nombre grandissant d’opérateurs européens qui se positionnent sur ce nouveau segment.»
Deuxième argument : les progrès technologiques devraient permettre de gagner en rentabilité. «Principal poste de coût pour la production de betteraves biologiques, le désherbage manuel – au travers du nombre d’heures de travail nécessaire par hectare – conditionne le niveau de rentabilité de cette activité. Dans cette perspective, le développement d’alternatives robotiques au désherbage manuel pourrait jouer un rôle prépondérant dans le développement de la culture à moyen terme.»
L’un des enjeux majeurs pour le développement de la culture biologique de betterave en UE reste cependant le contrôle du risque climato-sanitaire. «Le risque “zéro rendement – zéro revenu“ est un point-clé qui, malgré des niveaux de prix a priori rémunérateurs, pourrait limiter le potentiel de progression de l’approvisionnement domestique du marché européen dans les années à venir», est-il indiqué dans l’étude.
Chiffres clés
14 000 ha de betteraves bio étaient emblavés en 2020, soit 51 % de plus que la précédente campagne (moins de 0,01 % des surfaces betteraves européennes)
8 pays (dont 9 usines de transformation) sont producteurs de betteraves bio en Europe : Allemagne, Autriche, Danemark, France, Italie, Lituanie, Suède et Suisse
40 à 60 t à 16°/ha : c’est le rendement moyen (très variable) des betteraves bio
80 à 95 €/t de betterave à 16° : c’est le prix payé dans la majorité des pays producteurs européens