Fdsea et JA : “mobiliser pour la promotion de l'élevage”
Fdsea et JA se sont invités à une réunion organisée par l'association Novissen pour exprimer leur ras le bol face aux amalgames et messages négatifs qui font du tort à tous les élevages.
«Assez des clichés !». C’est ce que les agriculteurs ont clamé à la salle rue des carmes à Abbeville lors de la réunion publique organisée par l’association Novissen le 6 février dernier. Les «anti mille vaches», menés par Michel Kfoury, le président de l'association Novissen, s’étaient rassemblés ce soir-là pour expliquer aux Abbevillois les raisons de leur opposition au projet de la ferme dite «des 1000 vaches» sur les territoires de Drucat et Buigny-Saint-Maclou, au nord d'Abbeville. Sur l’invitation on pouvait lire : «Santé Publique, environnement, qualité alimentaire, emploi… Quelles conséquences pour la population d’Abbeville ? Et le bien-être animal ?». Exaspérés par ces messages de propagande contre l'élevage que diffuse depuis des mois l’association, la Fdsea et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont souhaité se faire entendre. Chose faite puisque près de 200 agriculteurs étaient présents.
A peine la réunion commencée, la tension dans la salle est très vite montée.«Nous n'en pouvons plus des clichés. Cela fait trois ans qu'on vous laisse dire n'importe quoi. Votre propagande nous nuit. Aujourd'hui, 200 éleveurs ont mis la clé sous la porte», a tonné Laurent Degenne, président de la Fdsea de la Somme. «Nous nous sentons persécutés par tous ces arguments anti-élevage» a renchérit Olivier Thibaut, membre du bureau de la Fdsea.
Des dizaines de projets menacés
Selon la Fdsea et les JA, les arguments utilisés par Novissen nuisent à d’autres projets dans la Somme. «Vous n'imaginez pas le tort que vous faites à tous les éleveurs de la région en parlant de nuisances, de problèmes environnementaux, d'animaux maltraités... Vous faites passer l'idée que tout ce que nous produisons ne vaut rien. Pourtant nous travaillons correctement, en accord avec la loi. Malgré nos appels à la mesure et au discernement, rien n'y fait», a déploré Laurent Degenne. Et de continuer : «Ce n'est pas 500 ou 1000 vaches que vous avez réussi à éviter mais des dizaines de projets à taille humaine qui sont en train d'avorter par effet collatéral».
Une situation qui devient inquiétante selon le témoignage d’un maire d’une commune voisine : «Dès qu’un projet se met en place, les riverains s’y opposent systématiquement. Je suis inquiet pour les jeunes, où vont-ils aller ? Si on veut garder les agriculteurs, les industries agro-alimentaire, il faut les laisser faire car c’est le seul secteur encore viable chez nous».
Novissen favorable aux méthaniseurs agricoles
Les débats ont été vifs tout au long de la soirée. Ils ont aussi tourné autour du couple élevage méthanisation. Michel Kfoury, s'exprimant au nom de Novissen, a affirmé qu'il est favorable à la méthanisation agricole et à l’élevage, et même à l’élevage hors-sol. Un paradoxe quand on lit les tracts de l'association où l'on retrouve essentiellement des messages contre l’élevage. Pour s’en expliquer, Michel Kfoury regrette ouvertement d'avoir mal communiqué.
A la question «si dix éleveurs se mettent ensemble pour élever mille vaches, cela vous poserez-t-il problème ?» Michel Kfoury a répondu «aucun problème ! Ce qui nous dérange, c'est le méthaniseur et même uniquement sa partie industrielle. Si le méthaniseur conserve un caractère industriel, nous voulons que les habitations en soient éloignées le plus possible. Si demain Ramery abandonne son projet, Novissen n'existera plus».
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«Le combat des éleveurs n’est pas celui des mille vaches, mais celui des mille fermes»
Avant la réunion publique de Novissen, la Fdsea et les JA de la Somme ont convié les journalistes à une conférence de presse à l’usine Lact’Union (anciennement VPM) d'Abbeville, un «fleuron de l’économie laitière départementale qui symbolise à la fois l’envie d’entreprendre des agriculteurs et des industries locales, mais aussi la menace que font peser sur l’économie rurale les propagandes disproportionnées conduites depuis plusieurs années», comme l’ont indiqué la Fdsea et les JA dans un communiqué. L’objectif pour ces deux syndicats était d’expliquer à la presse les raisons de leur action coup de poing. Plus de cent agriculteurs y ont participé, ce qui témoigne de leurs inquiétudes.
Fdsea et JA reprochent notamment à l’association Novissen d’empêcher des projets agricoles en utilisant des arguments anti-élevage «des nuisances, des épidémies, des problèmes environnementaux, des animaux maltraités… autant d'arguments qui jettent un profond discrédit sur tous les éleveurs du département», a expliqué Laurent Degenne, président de la Fdsea. Et de renchérir, «en trois ans, depuis la création de l’association, 200 éleveurs ont arrêté la production laitière. Ce ne sont pas mille vaches dont on parle, mais plus de cinq milles disséminées sur tout le territoire. A l’approche de la fin des quotas laitiers, d’un besoin de modernisation des exploitations et de travail partagé dans une production où les tâches sont contraignantes, nous avons besoin d'entreprises économiquement fortes». En 2013, il n'y a eu que neuf installations en production laitière. «Si demain nous voulons encore des jeunes qui s’installent, il faudra se regrouper, les élevages seront un peu plus gros qu’aujourd’hui. Et il y aura toujours ces faux prétextes comme ceux qu’utilisent Novissen pour empêcher ces projets», a continué Armand Paruch, le nouveau président des JA.
Les agriculteurs n’ont pas manqué de rappeler qu’ils travaillent correctement en respectant la réglementation. La qualité sanitaire de leurs produits est reconnue partout dans le monde. «Si les éleveurs augmentent la taille de leur élevage, ce n’est pas pour le plaisir, c’est parce qu’il y a une demande des transformateurs. Se faire attaquer par la presse locale, fait du mal au moral», a conclu Dominique Dengreville, président des producteurs de lait de la Somme.