Fête de la Chandeleur : des crêpes qui appellent le printemps
Célébrée quarante jours après Noël, la Chandeleur – autrefois considérée comme une fête religieuse - symbolise l’arrivée future du printemps et du travail dans les champs. Une fête où les crêpes sont reines, à l’image du soleil qui ne tardera pas à revenir…
Célébrée quarante jours après Noël, la Chandeleur – autrefois considérée comme une fête religieuse - symbolise l’arrivée future du printemps et du travail dans les champs. Une fête où les crêpes sont reines, à l’image du soleil qui ne tardera pas à revenir…
«À la Chandeleur, l’hiver se meurt ou reprend vigueur.» Ce célèbre dicton prédit la suite de l’hiver en fonction de la météo de ce mercredi 2 février. Chaque année à cette date, il est coutume de faire des crêpes, dont la forme et la couleur dorée évoquent celle du soleil… Mais d’où vient cette tradition ? Avant toute chose, la signification du mot Chandeleur provient de l’expression latine «festa caldelarum», autrement dit la fête des chandelles. Les premières origines de la Chandeleur remontent à la Rome antique, bien avant la naissance du Christ. Lors de la «fête des chandelles», les Romains veillaient les morts avec des flambeaux et honoraient Lupercus, le dieu de la fécondité et des troupeaux. Cette fête païenne et latine annonçait à l’époque la reprise du travail dans les champs et l’arrivée du printemps. Ce n’est qu’à partir de l’an 472 que le pape Gélase 1er fait de la Chandeleur une fête judéo-chrétienne : depuis, elle célèbre la présentation de l’enfant Jésus au Temple, quarante jours après sa naissance. Ce jour-là, des processions aux chandelles sont organisées. Chaque croyant doit garder son cierge allumé, de l’église à chez lui. Un dicton de Bourgogne-Franche-Comté évoque d’ailleurs ce rituel : «Celui qui la rapporte chez lui allumée pour sûr ne mourra pas dans l’année.»
Une coutume paysanne
Le lien avec la terre étant préservé, pour espérer une bonne récolte de blé l’année suivante, les paysans font sauter la première crêpe avec une pièce d’or dans la main gauche. Si la crêpe retombe sans encombre dans la poêle, ils sont assurés de ne pas manquer d’argent. L’écu est alors enroulé dans la crêpe et déposé sur le haut de l’armoire de la chambre jusqu’à la prochaine Chandeleur. Un appel à la prospérité en quelque sorte. Devenue désormais populaire, loin de la dimension religieuse et de tous ses rites d’antan, la Chandeleur représente tout simplement en 2022 une bonne occasion de manger des crêpes. Une tradition ancestrale qui est restée dans les mœurs puisqu’aujourd’hui encore, près de 90 % des Français fêtent la Chandeleur et 76 d’entre eux réussissent à faire sauter les crêpes d’après une étude OpinionWay de novembre 2016. D’ailleurs, dans beaucoup de foyers, faire sauter la première crêpe pour souhaiter prospérité à toute la famille est encore un rite accompli. Mais la Chandeleur n’est pas réservée à la France et cette fête populaire se décline dans de nombreux pays, avec des us et coutumes toutefois différents. Chez nos voisins francophones, en Suisse ou en Belgique, la tradition des crêpes est respectée. Mais aux quatre coins du globe, c’est un jour de fête tout particulier… où la crêpe n’est pas toujours reine !
Des célébrations tout autour du globe
Au Mexique, le 2 février est férié. À l’occasion du Dia de la Candelaria, les Mexicains dégustent des petits pains de maïs cuits à la vapeur dans des feuilles de maïs. Ces «tamales», sucrées ou salées, à base de farce de viande, sont cuisinées par celui qui a tiré la fève lors de L’Épiphanie. En Amérique du Nord, aux États-Unis et au Canada, on fête le Groundhog Day, autrement dit, le jour de la marmotte. Cette période sonne en effet la fin de l’hibernation des marmottes et annonce le printemps. Pour l’occasion, les Américains dégustent des pancakes, souvent recouverts de sirop d ’érable. Les pancakes sont également à la fête en Angleterre, début février, lors du Pancake Day. Outre la dégustation, les Anglais participent dans certaines régions à des pancakes races – des courses aux crêpes -, un jeu qui permet notamment de récolter des fonds caritatifs. Au Luxembourg, les enfants fêtent «Liichtmessdag», la journée de la bénédiction des bougies. La fête est organisée le 2 février, veille de la saint Blaise, l’un des quatorze saints auxiliaires. Selon la légende, ce dernier protège le bétail mais aide aussi à lutter contre les maux de gorge, les ulcères et la peste. Ce jour-là, les enfants chantent et déambulent dans les rues avec des lampions et sont remerciés par les riverains par une distribution de friandises. Autrefois, la tradition voulait que les enfants quémandent des petits pois et du lard pour la soupe. En Russie aussi, on fête la Chandeleur lors de la Maslenitsa, l’une des plus importantes fêtes traditionnelles du pays. Cette fête annonce, là aussi, l’arrivée du printemps. Pour l’occasion, les Russes préparent des crêpes épaisses au levain ou des blinis, dont la forme et la couleur leur rappellent le soleil. De nombreuses animations sont proposées dans les villes : bals, représentations théâtrales ou encore feux d’artifice.
Les crêpes de nos régions
Cette crêpe peut se déguster salée avec du fromage – le bleu d’Auvergne en tête - ou du jambon de pays, ou alors sucrée, garnie de chocolat ou de miel. Dans les monts d’Auvergne, on trouve aussi la farinade, une crêpe très épaisse à base de farine de seigle qui peut se décliner de plusieurs façons : salée, aux pommes de terre et au fromage ou sucrée. Les autres régions de France fêtent aussi la Chandeleur. Dans le Poitou-Charentes, la spécialité dégustée à cette occasion est le bottereau, un beignet en forme de losange, qui peut se manger sucré ou salé. Dans certaines régions, les crêpes ont des appellations différentes : on retrouve les vautes ou les tantimolles en Champagne-Ardenne, les nicci en Corse, les tourtous en Corrèze ou encore les sanciaux dans le Berry. Des recettes aussi diverses que variées, avec un ingrédient identique : la gourmandise !