Betteraves
Filière betteraves : bientôt une microsucrerie made in Hauts-de-France
La Fabrique à sucres a été officiellement créée le lundi 16 mai lors de l'assemblée générale de Bio en Hauts-de-France. 100 % bio, territoriale, équitable et durable : cette microsucrerie, première en France, vise la campagne betteravière 2023 pour lancer son activité.
La Fabrique à sucres a été officiellement créée le lundi 16 mai lors de l'assemblée générale de Bio en Hauts-de-France. 100 % bio, territoriale, équitable et durable : cette microsucrerie, première en France, vise la campagne betteravière 2023 pour lancer son activité.
D'un côté, il y a les producteurs biologiques cherchant - «depuis plus de vingt ans» - des débouchés pour leurs betteraves. De l'autre, se trouvent les entreprises agroalimentaires souhaitant relocaliser leur approvisionnement pour proposer un sucre local. «Les Hauts-de-France sont la première région productrice de betteraves, mais il n'y a pas de transformation en bio», confirme Sébastien Lemoine, agriculteur à Gouzeaucourt (59). En 2016, Bio en Hauts-de-France impulse la création d'une filière pour la betterave sucrière biologique en associant producteurs, transformateurs, distributeurs, organismes de recherche et développement et partenaires.
Une microsucrerie unique en son genre
La visite d'une microsucrerie en Allemagne, où l'on consomme traditionnellement du sirop de betteraves, accélère le projet. En 2016, la phase suivante est lancée. «On a travaillé sur la faisabilité d'une microsucrerie, avec des hauts et des bas : le monde du sucre est chasse gardée», remarque Sébastien Lemoine. Les contours du projet se précisent. En plus d'être biologique, la filière sera équitable, durable et territoriale. «Un cercle vertueux pour producteurs, transformateurs et consommateurs», résume Gautier Lingrand, agriculteur à Leforest (62).
Une première expérimentation sur une parcelle de 2 hectares (ha) permet de tester la production et la commercialisation de 22 t de sirop de betteraves sucrières par an. «Le process de fabrication est plus simple que pour le sucre solide, moins énergivore et plus accessible, souligne Éva Coudray, chargée de mission chez Bio en Hauts-de-France. Il y a un véritable intérêt nutritionnel mais il s'agit d'un marché de niche.» Le sirop est d'ores et déjà commercialisé et utilisé dans la fabrication de pain d’épice, pâtisseries, bières, ou encore ketchup.
Prochaine étape : finaliser le process pour le sucre cristal. «Notre volonté est de garder les impuretés : ce ne sera pas un sucre blanc», reprend Éva Coudray. «Pour les distributeurs, l'idée est d'avoir un véritable sucre local en poudre et de proposer au consommateur un produit des Hauts-de-France avec traçabilité», ajoute Amandine Lecerf, administratrice de la coopérative Norabio.
Coopérative cherche producteurs
Localisée sur une parcelle de 3 ha - qui reste à trouver dans le triangle Arras, Cambrai, Lens - la microsucrerie devrait démarrer la production à l'issue de la campagne de betteraves 2023-2024. Plusieurs scénarios sont à l'étude : entre 200 à 400 ha, soit entre 1 500 et 3 000 t de betteraves par campagne pour le sucre cristal. Reste à trouver les producteurs qui souhaitent rejoindre la SAS coopérative, officiellement créée le 16 mai, qui achètera, transformera et commercialisera sirop et sucre sous une marque propre. Le prix d'achat des betteraves, fixé à partir du coût de production, permettra la création d'emplois salariés locaux et assurera un revenu décent aux producteurs. La microsucrerie devrait proposer son produit final début 2024.