Filière betteravière : objectif zéro accident sur les routes
Lundi 10 septembre, un protocole, pour renforcer la sécurité routière, lors des campagnes betteravières, était signé à la sous-préfecture de Montdidier.
le protocole signé ce lundi pour renforcer la sécurité routière lors des campagnes betteravières.
«Tous pour un, un pour tous». La devise des Trois mousquetaires aurait pu être reprise, ce lundi 6 septembre, à la sous-préfecture de Montdidier, lors de la signature du protocole visant à renforcer la sécurité routière lors des campagnes betteravières. Autour de la table : préfecture, Département, Association des maires de la Somme, transporteurs routiers, syndicat betteravier de la Somme, et représentants des sucreries de Tereos, Saint Louis Sucre et Cristal Union. Une belle brochette, digne d’un grand moment. Grand moment, en effet, puisque la signature de ce protocole est une première en France parmi les départements où la culture betteravière compte particulièrement.
Il a bien fallu une année avant que tout le monde accorde ses violons. Parmi les points d’achoppement, «on a dû batailler sur le respect des règles routières avec des camions qui avaient pour habitude de stationner cul à cul sur les voiries communales, mais aussi sur le fait que les camions ne pourront plus emprunter certaines voiries rurales, ou encore à qui revient la responsabilité de nettoyer les routes quand elles ont été salies par les camions lors de l’enlèvement des silos de betteraves», détaille Jean-Claude Billot, président de l’association des maires de la Somme.
Un casse-tête chinois, d’autant que 130 entreprises transportent des betteraves vers les trois sucreries du département (Roye, Sainte-Emilie et Eppeville), ainsi que vers deux autres situées dans le Pas-de-Calais (Boiry et Attin), et parcourent jusqu’à 75 000 km par jour durant les campagnes betteravières, qui sont passées de 120 à 130 jours en moyenne, soit près de cinq mois. Si les accidents ne sont pas légion, loin s’en faut (cinq à six sur l’ensemble du territoire par an, selon la gendarmerie) au vu des kilomètres parcourus, le transport des betteraves affecte la sécurité routière dans le département, ne serait-ce qu’en raison des désagréments qu’il génère. Il y avait donc urgence, au vu de l’importance de la filière économique que représente l’activité betteravière, d’engager plus avant ses acteurs pour aller encore plus loin sur le sujet.
Engagements des parties prenantes
Concrètement, chaque acteur s’engage dans ce protocole, à différentes actions. A l’Etat et aux collectivités la mission d’informer et de former tant la filière betteravière que les transporteurs, les sucreries et la gendarmerie. Pour ce faire, un coordinateur «campagne betteravière» - à savoir le directeur adjoint du cabinet du préfet, Philippe Luccioni-Michaux - organisera régulièrement des réunions d’échanges entre les différentes parties prenantes sur le sujet du transport des betteraves.
Les transporteurs s’assureront, de leur côté, que les camions mis en service présentent les équipements conformes, que les limitations de vitesse sont respectées, ainsi que les circuits prescrits par les sucreries, qu’aucun usage du téléphone ne soit fait au volant, ou que l’arrêté préfectoral de restriction de circulation des véhicules de 44 t soit respecté, etc.
Côté planteurs, le syndicat betteravier devra encourager ses adhérents à réduire la tare terre, à anticiper le plus tôt possible le choix des emplacements des silos pour limiter les situations problématiques, à aménager des aires de chargements sécurisés, à nettoyer la chaussée après la constitution des silos, etc. Les sucreries, elles, mèneront des actions de sensibilisation et de prévention, comme des analyses de risque. Elles devront refuser la rémunération des chargements en excédent, réduiront la tare terre par un déterrage des betteraves avant chargement, et sensibiliseront les ETA contre les dépôts de terre sur la chaussée lors des sorties de chantier, etc.
Rien de nouveau pour les sucreries
Pour les sucreries, rien de nouveau sous le soleil, puisque celles-ci s’accordent à dire qu’elles sont déjà engagées dans toutes ces démarches. «C’est une manière de rappeler à tous ce que l’on fait déjà et de dire au grand public qu’on n’est pas là à rien faire. Ce qui est intéressant, avec ce protocole, c’est qu’il rappelle les devoirs de chacun», indique Alain Segaert, responsable exploitation et approvisionnement chez Tereos sucre France.
Même son de cloche chez Cristal Union. «D’un point de vue des sucreries, le protocole n’apporte rien de nouveau par rapport à nos pratiques. Il n’empêche. Le protocole est une pierre de plus à l’édifice si on veut atteindre zéro accident», commente Vincent Lagasse, directeur de Cristal Union Sainte-Emilie. Idem chez Saint Louis Sucre. «Ce protocole est la traduction de nos pratiques. Ce qui est novateur, c’est que c’est une première», note François Verhaeghe, directeur de Saint Louis Sucre Roye.
Tout ça pour ça ? Pas tout à fait. «Si les engagements sont respectés de part et d’autre, cela va bien se passer», augure Jean-Claude Billot. Et de lancer la proposition suivante : «Il serait intéressant d’appliquer un même protocole lors des campagnes de pommes de terre et de légumes, autres filières importantes dans notre département.» Qui prendra la balle au bond ? Affaire à suivre.
Quoi qu’il en soit, ce protocole a le mérite d’exister. Et, comme le dit le proverbe, si les paroles s’envolent, les écrits restent. Dans tous les cas, la gendarmerie, qui n’apparaît pas dans ce protocole, veillera au grain, puisque lui revient la responsabilité d’en être garante. Elle saura, en temps et en heure, rappeler les règles du jeu aux différents partenaires, avant de sortir le carton jaune, voire le carton rouge si besoin est.