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Filières grains et sucre : état des lieux

Une étude réalisée par Sigma Terme étudie l’évolution de l’utilisation des marchés à terme et formule des recommandations relatives à la gestion du risque de prix des filières céréales-oléagineux, mais aussi sucre, dans un contexte de fin des quotas.

Du côté des groupes sucriers, on attend une augmentation de la production.
Du côté des groupes sucriers, on attend une augmentation de la production.
© Cedus


1994, c’est la date de création des marchés à terme pour les céréales-oléagineux, garants de la sécurité des revenus. En découlent la diversification des offres commerciales et des services associés, la structuration et la sécurisation de la filière grâce à une utilisation plus fréquente du contrat à prime avec échange de lots, et une professionnalisation de la gestion du risque. Cette professionnalisation, enclenchée au lendemain de la dérégulation des marchés par la Pac, s’est encore accélérée à partir de 2008, sous l’influence d’organismes tels Euronext et les sociétés de conseil et d’informatique développant des logiciels de gestion du risque.
D’autre part, une charte de bonnes pratiques de gestion des prix est à l’étude depuis quatre ans par Coop de France, visant à proposer un cadre commun de gestion ou encore à éviter les comportements générateurs de risques. Parmi les pratiques actuelles de gestion du risque, Sigma Terme relève les contrats commerciaux faisant référence au Matif (Marché à terme international de France) qui sont généralisés sur le marché physique, bien qu’un nombre marginal d’agriculteurs en détiennent un.
Les réformes de la Pac ayant transféré aux agriculteurs le risque de prix, 55 % d’entre eux optent en France pour la gestion déléguée liée à un prix minimum susceptible d’évoluer tandis que 42 % ont choisi la gestion libre garantissant un prix ferme, qu’ils fixent eux-mêmes.
Globalement, la création de nouveaux contrats et de nouvelles stratégies ont amélioré la gestion du risque commune par les producteurs et collecteurs. En aval des filières, le développement des marchés à terme a permis de restructurer les flux commerciaux entre les opérateurs, tout en permettant une gestion individualisée du risque de prix. Le contrat à prime en est un élément clé puisqu’il concerne 31 % de la collecte et donne lieu à des échanges de flux physiques avec les mêmes volumes de contrats à terme : le risque est alors géré sur le marché à terme, plus liquide.

Gérer les risques des céréales-oléagineux
En 2015, le volume du contrat blé Matif représentait 1,15 fois la collecte européenne de blé, tout en étant de fait utilisé dans la plupart des pays européens. Néanmoins, d’autres cultures connaissent des problèmes de liquidité et de référencement. Ainsi, le rapport préconise la redéfinition des spécifications des contrats pour le maïs. D’autre part, des problèmes de convergence sont susceptibles d’apparaître entre les prix physiques et les prix à terme, ce qui explique la recommandation d’une étude afin de valider ou non ces problèmes et leurs causes, à chercher en particulier du côté des conditions de livraison.
Sigma Terme propose également une analyse de la volatilité de la base blé d’un point de vue historique, géographique et financier, tandis que la question de la sur-volatilité pourrait être intégrée dans les programmes de formation professionnelle. La recherche de solutions pour une gestion pluriannuelle du risque agricole est aussi envisagée, tout comme la mise en place d’un outil de gestion du prix de campagne accompagné par la création de formations relatives à la gestion du risque lié au prix d’acompte. Et cela, dans l’objectif de répondre au fait qu’actuellement, le prix d’acompte payé par les coopératives étant souvent élevé, il fait encourir le risque à l’agriculteur de devoir rembourser par la suite ce «trop payé».
Une autre recommandation émet l’idée d’un guide d’évaluation du coût de gestion du risque face à des coûts encore hétérogènes et établis de manière incomplète chez la plupart des collecteurs. En réponse à un prix du blé dur, pas assez corrélé avec les contrats à terme, qui rend la gestion du risque par contrat à prime avec échange de lots impossible, la recherche d’innovations contractuelles entre producteurs de blé dur, collecteurs et industriels avec gestion pluriannuelle et plan de relance s’avère, par ailleurs, nécessaire.
Enfin, la restructuration de l’information et le suivi des marchés auxquels les institutions vont devoir se préparer sont à prévoir dans un contexte d’évolution de la Pac, de régulation financière du domaine agricole et d’établissement de limites de position.

Faire évoluer la filière sucre
Depuis 2006, l’OCM (Organisation commune de marché) connaît une mutation sans précédent depuis sa création en 1968, puisqu’elle est passée du statut d’exportateur net à celui d’importateur net de sucre, puisque les exportations sont désormais limitées à 10 % de la production européenne. Cela a permis aux groupes sucriers de voir leur rentabilité dépasser les 5 %, rentabilité renforcée par la fermeture d’usines, la concentration des unités, un usage plus efficace de l’énergie et un meilleur rendement d’extraction du sucre.
En France, le poids de la betterave pèse jusqu’à 25 % de la SAU. La réforme d’octobre 2017 ne doit donc pas être prise à la légère : il s’agit de déréguler le marché du sucre. Les industriels utilisateurs de sucre y voient l’opportunité de s’approvisionner sur des bases de prix en lien avec les marchés à terme de référence, ce qui favoriserait les contrats indexés au détriment du système des appels d’offres.
Du côté des groupes sucriers, on attend une augmentation de la production : en France, on table sur 20 % de plus par rapport aux tonnages actuels. Quant aux planteurs de betteraves, ils souhaitent conserver un revenu rémunérateur et demandent que soit publiée une formule indiquant aux consommateurs la part du prix des produits issus de la betterave qui leur revient.
A partir de ces constats, Sigma Terme formule trois recommandations destinées à accompagner le tournant que s’apprête à emprunter la filière sucre : un contrat à terme du sucre, des instruments de stabilisation pluriannuelle de la marge à l’hectare de betteraves à sucre, et des solutions de couverture de gré à gré indexées sur les marchés à terme via des contrats délégués à prix de campagne, parallèlement aux contrats individuels indexés sur les marchés à terme.

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