Grand Amiénois : 2 400 emplois perdus entre 2008 et 2014
L’Agence de développement et d’urbanisme du Grand Amiénois et l’Insee présentaient, le 16 décembre, à Amiens, une étude sur l’évolution de l’emploi du Grand Amiénois face à la crise.
La crise n’a pas épargné le territoire du Grand Amiénois, loin s’en faut. Entre 2008 et 2014, pas moins de 2 400 emplois ont disparu, soit une perte de - 3,3 % pour le territoire contre - 2,7 % dans les Hauts-de-France et - 0,7 % en France. Reste que le Grand Amiénois connaît aussi une poursuite de la tertiarisation de son économie.
Premier secteur impacté, sans surprise : l’industrie, qui a perdu 3 000 emplois (- 14,3 %). «La destruction d’emplois a été constante dans ce secteur, relève Mathieu Alaime, de l’Agence de développement et d’urbanisme du Grand Amiénois (Aduga). Mais, dans le même temps, ce secteur a connu de fortes mutations avec des investissements importants de l’ordre de 10 %.»
La construction a, elle aussi, tout autant souffert, avec des pertes d’emploi estimées à 1 100 emplois (- 14,6 %), particulièrement dans les petites et moyennes entreprises (PME) qui ont été confrontées à la concurrence des grands groupes, ces derniers s’étant concentrés ces dernières années sur des marchés plus modestes, d’ordinaire investis par les PME.
Enfin, dans les secteurs qui ont subi de plein fouet la crise se trouvent aussi les activités tertiaires, particulièrement les services en lien avec l’information et la communication, dont les emplois ont reculé de 9 %. «En ce qui concerne le commerce, il y a une véritable disparité de cette activité entre le centre-ville d’Amiens et la périphérie, car celui-ci est particulièrement dynamique dans le cœur de ville alors qu’il est en perte de vitesse à l’extérieur entre 2008 et 2014», précise Mathieu Alaime. Les emplois dans le commerce enregistrent donc un recul de l’ordre de 3 % sur le Grand Amiénois.
En revanche, l’administration, et les services, tant administratifs que destinés aux particuliers, gagnent, eux, des effectifs, soit pour le premier un gain de 3,9 %, et pour le second un gain de 24 %. Reste que les changements apportés par la loi NOTRe, avec notamment la création de la nouvelle région en janvier 2016, pourraient engendrer des perturbations avec le transfert de certains services de l’administration publique, à Lille notamment. Sans compter le transfert de sièges sociaux d’entreprises et de directions régionales de grands groupes.
Localisation des emplois
De 2008 à 2014, les pertes d’emploi se sont localisées majoritairement au sein de l’unité urbaine d’Amiens(1), notamment à Amiens (- 4 500 postes) et Dury (- 700 postes), mais aussi à Saleux, Longueau, Rivery et Camon. Des chiffres à relativiser cependant, car, par exemple, Salouël a bénéficié du transfert du site amiénois de l’hôpital Nord sur le nouvel hôpital Sud (+ 1 500 postes). L’emploi salarié s’est aussi développé à Glisy (+ 900 postes) et à Boves
(+ 300 postes) à la faveur de créations et d’implantations nouvelles d’activités.
Autre secteur qui a connu un fort développement de l’emploi, Méaulte (+ 600 postes), avec son pôle aéronautique, à fort potentiel de croissance. Par ailleurs, le développement de la logistique à Argoeuves a permis de créer 200 postes au moment où les bourgs du Pays du Grand Amiénois (Acheux, Ailly-sur-Noye), Bray-sur-Somme, Cottenchy, Moreuil, Saint-Fuscien, Villers-Bretonneux ou Villers-Bocage) ont aussi connu une progression de l’emploi salarié.
«Les principales pertes d’emploi concernent Berteaucourt-les-Dames, avec la fermeture de la Manufacture française de sièges sur Harondel, représentant l’un des plus gros employeurs au niveau local (- 410 emplois, soit un effondrement de l’emploi communal de 87 %), Albert (- 370 emplois) et Corbie (- 185 emplois). Les principales communes du sud-ouest amiénois (Auraines, Beaucamps-le-Vieux et Hornoy-le-Bourg) et du Doullennais ont été fortement impactés», détaille Danièle Lavanseau, chef du service études et diffusion à l’Insee.
Ce territoire, qui reste confronté aux risques de délocalisation d’administrations publiques, des directions régionales de grands groupes et des sièges sociaux d’entreprise, a cependant engagé un processus de structuration de domaines d’activité à fort potentiel économique tels que la santé, le numérique et le stockage de l’énergie. L’enjeu est donc le suivant : outre la structuration et le développement de ces filières, l’ancrage des talents sur le territoire doit être une des principales priorités.
(1) Unité urbaine d’Amiens : outre Amiens, elle comprend les communes de Poulainville, Glisy, Boves, Cagny, Camon, Dreuil-lès-Amiens, Dury, Longueau, Pont-de-Metz, Rivery, Saleux et Salouël.
Chiffres clés :
- 122 500 emplois salariés dans le Pays du Grand Amiénois, élargi à la Communauté de communes Avre Luce Moreuil (CCALM), soit 68 % des emplois dans la Somme.
- 90 000 emplois dans l’agglomération amiénoise, soit près des ¾ des emplois du Grand Amiénois
- 28 000 emplois dans le centre-ville d’Amiens
- 4 200 emplois perdus entre 2008 et 2014, dont 3 000 dans l’industrie et 1 100 dans la construction