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«Il n’existe pas un, mais de multiples coûts de production»

Cécile Riffard, consultante chez Ceresco, a dressé l’état des lieux complet des sources de données et des méthodes de production d’indicateurs de coûts pour l’ensemble des productions agricoles. 

Cécile Riffard : «Les structures qui construisent des indicateurs de coûts de production ne travaillent pas de la même  manière. Cela peut concerner la rémunération de l’exploitant, ou la prise en compte de l’alimentation pour les animaux.»  
Cécile Riffard : «Les structures qui construisent des indicateurs de coûts de production ne travaillent pas de la même manière. Cela peut concerner la rémunération de l’exploitant, ou la prise en compte de l’alimentation pour les animaux.»  
© Cereso/Paysan breton

FranceAgriMer, l’Observatoire de la formation des prix et des marges ainsi que l’observatoire économique des Siqo (appellations), ont mandaté le cabinet Ceresco pour réaliser un état des lieux complet des sources de données et des méthodes de production d’indicateurs de coûts pour l’ensemble des productions agricoles conventionnelles et sous appellation. Cécile Riffard, consultante senior chez Ceresco et auteure de l’étude menée en lien avec les instituts techniques, revient sur les principaux enseignements de ce rapport.

 

Après avoir fait un tour d’horizon des filières agricoles françaises pour étudier les coûts de production disponibles, quelle conclusion tirez-vous ?

Il n’existe pas un coût de production mais de multiples coûts de production. Il n’y a aucune  standardisation. Les structures qui construisent, calculent et diffusent des indicateurs de coûts de production ne travaillent pas de la même manière et se basent sur plein d’hypothèses différentes. Cela peut concerner la rémunération de l’exploitant ou encore la prise en compte de l’alimentation pour les animaux produite sur la ferme, des veaux dans l’atelier lait, etc.

 

Pourquoi ces indicateurs sont-ils si différents ?

Selon les besoins et les usages, les acteurs n’ont pas besoin des mêmes indicateurs. Nous en avons identifié quatre optiques. La première, historique, est l’optique de performance. Le rôle des indicateurs de coûts de production est alors de permettre à l’agriculteur de se comparer et de progresser d’une année sur l’autre, individuellement et par rapport à ses pairs. Dans la seconde optique, l’indicateur de coût de production est une aide à la décision pour anticiper, simuler un impact. Par exemple, quel surcoût va entraîner une interdiction d’une molécule phytopharmaceutique ? La troisième optique a également un objectif d’aide à la décision mais cette fois dans le cadre du développement d’une nouvelle production ou d’une production de niche. L’idée est de donner la capacité à un producteur de se lancer ou non. Et enfin, il y a l’optique politique filière.

 

Quelles sont les caractéristiques des indicateurs de coût de production construits dans une optique de politique filière ?

Dans le cas d’une optique de politique filière, l’indicateur de coût de production doit être consensuel, très robuste et partagé par tous. Il doit raisonner en intégralité et non poste par poste, comme cela peut être fait pour les indicateurs de l’optique performance. Cet indicateur peut être indiciel de manière à ne pas dévoiler trop de détails dans certaines filières, avec peu d’acteurs ou des produits peu transformés. Il peut servir de base dans les démarches de filière dans le cadre d’une meilleure répartition de la valeur. Il est souvent fortement porté par les interprofessions.

 

L’hétérogénéité des indicateurs de coût de production peut-elle être un frein ?

Cela rend complexes les comparaisons. Avec la multiplication des hypothèses, on limite les synergies. Si au sein d’un dispositif les comparaisons sont possibles, ce n’est pas transposable d’un dispositif à l’autre. Cela limite également l’utilisation des données pour faire de grands échantillons. De plus, pour une même production, il peut y avoir plusieurs indicateurs de coût de production selon la structure qui fait le travail.

 

Coûts de production : au Québec, un organisme unique de référence

Le Québec s’est doté depuis 2002 d’un Centre d’études sur les coûts de production en agriculture, fait savoir Bertrand Oudin, PDG du cabinet Ceresco lors d’un webinaire dédié aux coûts de production organisé par FranceAgriMer le 8 juillet. Cet institut à but non lucratif est piloté par le ministère de l’Agriculture du Québec, l’Union des producteurs agricoles et la Financière agricole du Québec. «Il a été créé suite à d’importants mouvements de revendications sur le niveau des prix alimentaire», précise Cécile Riffard, consultant senior chez Ceresco. «Le fait d’avoir une instance neutre a permis de redonner de la confiance. Tout le monde dispose de la même base d’information que ce soit le gouvernement ou les syndicats», renchérit-elle. Ces indicateurs de coûts de production ont deux rôles particuliers : ils servent à calculer subventions et compensations destinées aux producteurs et aux négociations commerciales.
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