Jeunes agriculteurs : «une semaine pour libérer la terre !»
Dans le cadre de la semaine nationale de la préservation du foncier les JA de la Somme ont mené plusieurs actions.
Du 11 au 17 novembre, les Jeunes Agriculteurs de la Somme ont mené une série d’actions dans le département pour dénoncer le gâchis de foncier préjudiciable à l'installation, et également de sensibiliser le public à cette problématique. Les JA rappellent que dans la Somme, 6284 ha ont été perdus par les exploitations en dix ans (Source : recensement agricole 2010), soit 628 ha/an, soit près de 2 ha/jour.
Rendre les friches à l'agriculture
Certains terrains sont devenus des friches ou sont inexploités. Les jeunes agriculteurs sont allés labourer et semer quelques unes de ces parcelles afin de les mettre de nouveau en production, et faire prendre conscience à leurs propriétaires, mais aussi aux pouvoirs publics, que cette situation ne peut pas perdurer.
Trois parcelles en friches ont été ciblées : les Bornes du Temps à Saint Sauveur, la zone d'activité de la gare TGV Haute Picardie et la sortie de l'autoroute A29 à Croixrault. A chaque regroupement, une quinzaine de jeunes étaient présents équipés de tracteurs, débroussailleuses, charrues et semoirs. «Oui au développement économique, Non au gaspillage du foncier», «Les JA pour la préservation du foncier, non au gaspillage des terres», «Manger ou construire, il faut choisir» étaient les messages véhiculés par les JA en bordure de routes afin de sensibiliser les passants.
"Nous souhaiterions que les parcelles ensemencées puissent être récoltées cet été et que les bénéfices de la récolte soient entièrement reversés à une association humanitaire", commente Armand Paruch, secrétaire général de JA 80. "N’oublions pas que 2014 sera l’année internationale de l’agriculture familiale et que Jeunes Agriculteurs s’associe à cette initiative".
Les JA étaient aussi présents à la foire d’Hornoy dimanche 17 novembre. Ils y ont proposé un quiz avec des questions sur le foncier afin de sensibiliser là encore le public à la préservation du foncier et à l’artificialisation des terres agricoles.
Des solutions
Les Jeunes Agriculteurs n'en restent pas à l'action, ils proposent trois solutions.
- Premièrement, élargir les compétences de l’observatoire national de la consommation des espaces agricoles.
Il conviendrait de lui conférer la responsabilité de recenser aussi tous les textes juridiques en vigueur qui autorisent le changement de destination des espaces agricoles. Ceci afin de donner au législateur une indication claire des mesures dont la suppression ou la modification s’impose ou peut s’envisager.
- Deuxièmement, renforcer le rôle de la commission départementale de la consommation des espaces agricoles (Cdcea). Les JA proposent que l'avis rendu soit décisionnel et non plus consultatif, et que le préfet soit tenu de se conformer à celui-ci. Les terres en friches doivent être prioritairement remises à disposition de l’activité économique (plutôt que de consommer de nouvelles terres agricoles à proximité), ou bien être rendues à l’agriculture.
- Troisièmement, rendre la taxe sur le changement de destination des terres agricoles plus dissuasive en appliquant des taux plus élevés.
ZOOM
Opération coup de poing contre une opération foncière
Le mardi 5 novembre aura été mouvementée pour les jeunes agriculteurs du canton de Doullens. JA Nord-Pas-de-Calais et JA Somme ont en effet mené une action coup de poing pour attirer l’attention de l’administration sur une opération foncière et ses conséquences préjudiciables pour l'installation.
Il s'agit en l'occurrence d'une vente de terres agricoles, d'un corps de ferme et d'une demeure de grand cachet. Les biens agricoles représentent environ 250 hectares situés pour moitié dans le Pas-de-Calais (commune de Couturelle) et dans la Somme (communes de Lucheux et Humbercourt). Avec les bâtiments d’exploitation, ils constituent l’actif d’une société habilement et dûment constituée, vendue à un investisseur étranger sans possibilité de contrôle par l’administration, la Safer, les syndicats et le contrôle des structures. En effet, ni la profession, ni l’Etat n’ont la capacité directe d’intervenir, puisque l’acquisition du bien se fait par un transfert de part de sociétés orchestré par un marchand de biens.
"Le bien sera donc exploité par un investisseur et la valeur ajoutée partira de notre territoire, alors que ce patrimoine aurait pu faire vivre plusieurs familles voire même installer trois jeunes sur la structure", dénoncent les jeunes agriculteurs. "Ce type de procédé va totalement à l’encontre de la politique de renouvellement des générations en agriculture de notre syndicat".
C’est pourquoi, JA Somme et JA Nord-Pas-de-Calais se sont mobilisés le mardi 5 novembre pour alerter le cédant et l’administration sur ce montage sociétaire effectué pour détourner la loi. Ils demandent qu'une solution soit trouvés pour que les intérêts de l’installation et du maintien de la valeur ajoutée finissent par primer dans l’affaire en cours.
Les JA entendent poursuivre leur action. Ils ont ainsi organisé une conférence de presse jeudi dernier 21 novembre à Couturelle.