La consommation de terres agricoles se ralentit
En 30 ans les terres agricoles ont reculé de deux millions d’hectares.
En France, les terres agricoles occupaient 28,2 millions d’hectares en 2012, soit 51 % du territoire métropolitain. Plus des deux tiers d’entre elles étaient cultivées, le reste étant des surfaces toujours en herbe, selon Agreste Primeur n° 313 de juin 2014 consacré à l’utilisation du territoire en France métropolitaine. Les espaces naturels (sols boisés, landes, friches, sols nus naturels et zones humides) couvraient 21,7 millions d’ha, soit 40 % du territoire.
Les espaces artificialisés qui comprennent les sols bâtis (y compris les bâtiments et habitations agricoles), les routes et les infrastructures ainsi que les espaces verts (parcs, jardins publics et privés, terrains de sport), s’étendaient sur cinq millions d’hectares, soit 9 % du territoire.
En 30 ans (1981-2012), les terres agricoles ont perdu deux millions d’hectares soit 6,9 % de leur surface, c’est-à-dire l’équivalent des deux plus grands départements français, la Gironde et les Landes.
Evolutions contrastées
Sur cette longue période, le rythme annuel de «consommation» des terres agricoles s’est établi à 67 000 hectares par an, mais avec des évolutions différentes dans le temps. Entre 1981 et 1990, 62 000 ha de terres agricoles ont disparu chaque année. Au cours de la décennie 1990, les pertes moyennes ont atteint 76 000 ha par an pour retomber à 63 000 ha par an entre 2000 et 2012.
Sur la période récente, après un pic exceptionnel de 114 000 ha par an entre 2006 et 2008, les pertes agricoles sont revenues à 52 000 ha/an entre 2006 et 2008 et 42 000 ha/an entre 2010 et 2012. Une évolution qu’Agreste Primeur explique par la crise économique de 2009 qui s’est accompagnée d’une baisse de l’activité dans le bâtiment et les travaux publics et une évolution des politiques d’urbanisme plus sensibles à la préservation des espaces agricoles. Sans oublier de nouvelles dispositions législatives sur le sujet.
Les pertes de sols agricoles ont profité essentiellement aux espaces artificialisés qui sont passés de trois à cinq millions d’ha sur la période alors que l’évolution des espaces naturels a présenté une remarquable stabilité.
Cette progression s’explique, non seulement, par la croissance démographique (+ 17 % en moyenne) mais aussi par de nouveaux comportements sociologiques «qui induisent de nouveaux espaces pour se loger, travailler et circuler», explique Agreste Primeur. Ainsi, la surface des espaces artificialisées par habitant s’est aussi accrue, passant de 6 à 8 ares en moyenne à mettre en relation avec la baisse de la taille des ménages, (décohabitation, vieillissement, divorce…), les politiques d’urbanisation et d’infrastructures, le développement de l’habitat individuel et des résidences secondaires.
Disparités régionales
En 30 ans, le recul des terres agricoles a été plus ou moins marqué selon les régions. Il est particulièrement élevé sur le pourtour méditerranéen en Provence-Alpes-Côte d’Azur (-21%) et en Languedoc-Roussillon (-17,4 %). Il est également supérieur à la moyenne nationale (-7 %) sur le littoral atlantique : Bretagne, Pays de Loire, Aquitaine ainsi qu’en Rhône-Alpes, Alsace et Nord-Pas-de-Calais (entre -7 et -11 %).
A l’opposé, les régions qui perdent le moins de terres agricoles (-2 %) se situent dans la diagonale centrale de la Lorraine au Limousin en passant par Champagne-Ardenne et la Bourgogne, où la croissance démographique est beaucoup plus faible. Une spécificité : la région parisienne. Les pertes agricoles y sont relativement faibles (-3,1 % entre 1981 et 2012) malgré la croissance démographique. Ici l’artificialisation des terres semble s’être opérée davantage au détriment des espaces naturels que des sols agricoles.