La coopérative laitière Lact’Union monte en gamme
La nouvelle entité née de la fusion de la VPM et de Coop Alliance a tenu son assemblée générale.
Le premier anniversaire de Lact’Union a été célébré le 23 mai à Saint-Quentin. Fruit de la fusion des coopératives VPM à Abbeville et Coop’Alliance à Braine (02), la nouvelle entité affiche une bonne santé et sa croissance est positive. Si historiquement les deux coopératives étaient fortement engagées sur le secteur des laits de consommation MDD ou 1er prix, en bouteilles pour l’une et briques pour l’autre, les évolutions du secteur laitier ont amené les dirigeants à investir et diversifier leur gamme. Et préparer l’après 2015.
Investir dans les outils industriels
Benoît Rouyer, directeur «économie et territoire» du Cniel, qui intervenait au cours de cette assemblée générale, indique qu’«il y a sept ou huit ans il y avait environ 150 € d’écart de valorisation aux 1 000 l entre le prix intérieur du marché français et le prix à l’export. Mais la vente de produits de grande consommation en France baisse et la hiérarchisation des familles de produits est désormais beaucoup moins nette. Par conséquent, cet écart n’existe plus aujourd’hui. Ce qui incite les entreprises de se positionner à l’export».
Et de s’accorder avec Bernard Ducrocq, président de Lact’Union, appuyé par le directeur Olivier Buiche, sur le fait que les prochaines années seront jalonnées de périodes de variations importantes du prix du lait et qu’il «s’avère nécessaire de s’adapter en investissant dans les outils industriels pour gagner en performance, en garantissant la qualité et la sécurité sanitaire de nos produits dont l’origine France est un véritable atout».
«Les perspectives de croissance des ventes de produits laitiers sont résolument encourageantes» insiste Bernard Ducrocq. «La stratégie de l’entreprise repose sur l’évidence que si nous voulons profiter de la croissance de la demande laitière, nous devons conforter notre stratégie à l’export et nos activités en développement».
Conforter la stratégie à l’export
Ainsi le groupe a fait l’acquisition de Vitagermine, afin de développer son secteur laits infantiles (Babydrink) et a renforcé son partenariat avec Ingredia (la Prospérité Fermière) afin de valoriser les produits industriels. C’est désormais toute une gamme de produits qui sont désormais proposés sur le marché français mais surtout à l’export et notamment en Chine.
Ce développement est également la résultante des réflexions proposées au sociétaires de la coopératives qui se verront proposer dès 2015 une nouvelle gestion des volumes où les producteurs de lait porteurs de projets de développement (accroissement de plus de 25 % du volume de référence) et les jeunes agriculteurs pourront être attributaires de références supplémentaires. «Bien évidemment, indique Bernard Ducrocq, ces attributions respecteront des valeurs qui sont chères à la coopération : équité, transparence et mutualisme».
Et le président de la coopérative d’insister toutefois sur le fait que l’accompagnement des projets de Lact’Union se fait avec le concours des banquiers. Mais ce qui est fait à Abbeville n’a de signification que si les producteurs de lait peuvent accompagner ce développement. «Aux banquiers également de prendre leurs responsabilités dans l’accompagnement des projets des éleveurs qui croient dans la production laitière».
Le prix moyen en hausse de 34 € en 2013
Sur la campagne 2013-2014, ce sont 224,5 millions de litres, qui ont été collectés par Lact’Union auprès de 500 exploitations laitières représentant près de 800 producteurs. Une collecte en hausse de 0,5 %, et dont 55 % se fait désormais dans la démarche «Au fil du lait».
Les indicateurs de qualité montrent une stabilité sur le critère cellules (257000 /ml), en amélioration pour les butyriques (931 spores/l, -27 %) et les germes (14 700/ml, -15%).
En revanche les critères composition sont en léger retrait : 39,66 g/l (-0,49%) pour la matière grasse, 32,54 g/l (-0,33%) pour la matière protéique.
Le prix moyen payé en 2013 à été de 349,1 € par 1 000 litres (38-32, toutes primes et qualités confondues) soit une hausse de 34 € par rapport à 2012.
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Produits laitiers : la demande asiatique change la donne
Des deux journées d’information organisées par l’Institut de l’élevage sur les marchés mondiaux des produits laitiers et de la viande bovine, les 22 et 23 mai, on peut tirer une première conclusion : la demande est là et va s’accroître. Tout simplement parce que le niveau de vie dans les pays en développement s’améliore.
On assiste, particulièrement dans ceux dits «émergents» à la montée en puissance des classes moyennes. Ainsi, le nombre de personnes vivant avec plus de 30 dollars américains par jour à parité de pouvoir d’achat devrait atteindre plus de 2 milliards de personnes en 2030 contre la moitié de nos jours et, sur ce total, 40 % seront asiatiques.
Or, comme le montre l’évolution de la consommation mondiale, ces populations sont de plus en plus demandeuses de produits laitiers et de viandes, y compris de viande bovine.
Cependant, leurs pays, à l’exception de l’Inde pour les produits laitiers, ne sont pas à même d’atteindre l’autosuffisance et seront obligés d’augmenter leurs importations pour faire face à la demande.
Pour les débouchés laitiers, les études de l’Institut de l’élevage font ainsi preuve d’un certain optimisme pour les débouchés laitiers. Les principaux fournisseurs des grands marchés asiatiques en expansion, la Chine mais aussi l’Indonésie (250 millions d’habitants) que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont du mal à augmenter leur production laitière.
Le premier pays souffre d’un déficit chronique en eau, le second a atteint les limites de l’intensification herbagère et se trouve confronté à de graves problèmes de pollution. L’Union européenne devrait pouvoir augmenter ses parts dans ces marchés porteurs même si elle doit s’attendre à y rencontrer une vive concurrence des Etats-Unis.