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La filière ovine en quête de nouveaux éleveurs

Développer un atelier ovins viande sur son exploitation peut apporter un revenu supplémentaire, à condition d’avoir de bonnes performances techniques.

© J.-C. Gutner

«De 200 brebis en 2008, nous allons passer à 450 en 2016. C’est la deuxième fois que nous agrandissons le bâtiment», expliquent Huguette et Thierry Simon, éleveurs en Ille-et-Vilaine. «Nous avions un petit quota laitier (260 000 litres) et cherchions une activité complémentaire. Suite à une porte ouverte, nous avons étudié la possibilité de créer un atelier ovin sur notre exploitation. Nous avons sauté le pas.» Et l’avantage de la production ovine, c’est que les brebis n’ont pas d’horaire fixe. C’est une production très souple.
«Nous n’y connaissions rien en brebis. Mais, en fait, ce sont des «mini vaches» ! Elles reçoivent la même ration que nos laitières, y compris pour le concentré à base de colza. En termes de travail, nous y consacrons en moyenne sur l’année le même temps que pour l’atelier lait. Les horaires sont plus souples, d’où la bonne complémentarité avec la production laitière. Nous avons calé le système de reproduction pour ne pas avoir d’agnelages durant les pointes de travaux au niveau des cultures.»

Des investissements en bâtiment faibles
Le choix de Thierry et Huguette Simon s’est porté sur la production d’agneaux de bergerie, avec une conduite d’élevage intensive. La race Romane a été choisie pour sa productivité et ses qualités maternelles. À la création de l’atelier en 2008, une bergerie (30 m x 15 m) avec couloir central, cornadis, abreuvoirs automatiques a été construite pour 60 000 euros. En 2011, avec l’achat de 45 brebis, une nouvelle bergerie de 150 places est construite (75 000 euros). En 2015, nouvel agrandissement, avec un investissement de 60 000 euros de nouveau. Les éleveurs ont maintenant 450 brebis et produisent 410 000 litres de lait de vache. «C’est un autre avantage de la production ovine, les investissements sont assez faibles en bâtiments. De plus, pour le travail quotidien, nous utilisons le même matériel que pour les vaches. Il n’y a pas besoin de faire de mise aux normes spécifiques. Le stockage du fumier se fait au champ.»
«Sur notre exploitation les ovins sont aussi performants économiquement que les vaches laitières, grâce à la productivité des brebis. Depuis 2012, nous sommes passés multiplicateurs en race Romane, ce qui nous procure la satisfaction encore plus grande d’élever des moutons pour la reproduction», concluent Huguette et Thierry Simon.

L’élevage ovin est très souple
Pour Vincent Bellet de l’Institut de l’élevage, la production ovine est complémentaire de la plupart des systèmes de production. «L’élevage de brebis a un gros avantage. Il s’adapte à toutes les conditions, du plus au moins intensif, en fonction des souhaits des éleveurs, des surfaces et bâtiments disponibles.» Mais pour que cette activité puisse constituer un complément de revenus, il faut absolument se former. Productivité et performances techniques sont les conditions de la réussite. Il faut aussi atteindre une taille critique, si possible viser au moins 300 brebis. En termes de travail, les agnelages constituent la principale contrainte. Il faut donc bien réfléchir à leur positionnement, en dehors des pointes de travail du ou des autres ateliers de l’exploitation.
En complément des cultures, les ovins permettent de valoriser les cipans, les dérobées, les chaumes, les repousses... Vincent Bellet conseille de positionner les agnelages en novembre, après le pic de travail des semis d’automne. Entre élevage de bovins et d’ovins, il y a des complémentarités techniques et économiques. Côté prairies, les brebis ne pâturent pas à la même hauteur que les bovins, et les animaux bénéficient de l’aspiration croisée dans la gestion du parasitisme. Les brebis et agneaux permettent aussi de valoriser l’herbe d’automne quand il y a des problèmes de portance. En systèmes plus intensifs, les moutons se conduisent comme des petites vaches laitières, avec la même ration et les mêmes prairies. Enfin, en arboriculture, l’élevage de races ovines adaptées permet de pâturer sous les arbres fruitiers.

Estimer l’intérêt de la création d’un atelier ovin

La filière ovine recrute. L’agneau français ne couvre en effet que 40 % de la consommation hexagonale. Le plan Inn’Ovin vise une croissance de 10 % de la production à l’horizon 2020. Une de ses cibles est les agriculteurs déjà installés. La filière ovine leur propose de se lancer dans l’élevage de brebis en créant un atelier complémentaire. «En cette période de crise, la création d’un élevage ovin permet de diversifier les ressources et de dégager un revenu supplémentaire, tout en valorisant son foncier autrement.» Pour estimer l’intérêt d’un atelier ovin sur son exploitation, l’Institut de l’élevage a développé Oviplan, un logiciel gratuit et en accès libre. En quelques clics, il permet d’avoir un premier chiffrage technique et économique. Cet outil propose d’identifier et de dimensionner le système de production ovins viande qui correspond le mieux aux objectifs et aux conditions d’installation de l’éleveur. Une fois cette première simulation effectuée, des documents complémentaires sont disponibles et des adresses de spécialistes régionaux sont fournies pour aller plus loin dans la mise en oeuvre de votre projet.

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