La région : un échelon syndical incontournable... et à consolider !
Le président du Conseil régional était présent au conseil fédéral de la Frsea Picardie qui rassemblait les trois syndicats agricoles départementaux.
Le premier conseil fédéral de la Frsea Picardie a réuni plus de cent personnes le mercredi 14 mai à Amiens. «Si le fait régional est bien compris et accepté de nos adhérents, il est encore loin de leur quotidien, a déclaré Michel Lapointe, le président de la Frsea Picardie. C'est pourquoi, nous avons souhaité réunir les conseils d'administration de nos trois fédérations départementales pour discuter des rôles de l'échelon régional en matière d'agriculture, et par conséquent, de l'organisation que nous devons adopter pour toujours mieux répondre aux attentes de nos adhérents», a-t-il ajouté.
Pérenniser et développer les exploitations
Le président du Conseil régional, Claude Gewerc, ainsi que la vice-présidente en charge des dossiers agricoles, Anne Ferreira, ont participé à la matinée de ce conseil. En plus des administrateurs des trois fédérations départementales, les Jeunes Agriculteurs de Picardie et l'ensemble des organisations professionnelles agricoles picardes étaient invités.
En intitulant cette matinée «Mon exploitation dans sa région», la Frsea a souhaité faire connaitre la politique agricole de la Région et plus particulièrement les orientations concernant le second pilier de la PAC, dont le Conseil régional est désormais autorité de gestion. La réforme de la PAC qui va entrer en vigueur en 2015 impactera très fortement la Picardie. La baisse des aides directes est estimée à 130 millions d'euros par an, soit près de 10 000 euros par exploitation ! Selon Luc Smessaert, vice-président de la Fnsea : «Les agriculteurs picards ont la volonté de maintenir de la valeur ajoutée. En 2014, nous sommes au milieu du gué. Nous avons besoin d'un signal, d'une petite étincelle pour développer des projets; et le second pilier est un bon levier pour nous y aider», a-t-il affirmé.
Faire émerger des projets
Le président Gewerc a rappelé la volonté du Conseil régional de maintenir des filières agricoles fortes. Néanmoins, il est clair selon lui qu'avec 137 millions d'euros sur sept ans, le budget du second pilier ne pourra pas pallier le manque à gagner de la réforme de la PAC en Picardie (voir ci-dessous). Il s'est cependant positionné en facilitateur pour le développement de projets : «J'estime que la région est le bon échelon pour le second pilier de la PAC. C'est une opportunité pour faire émerger des projets. Notre volonté est bien de pérenniser et développer les exploitations», a-t-il déclaré. Avec plus de 37 millions d'euros alloués au soutien à l'investissement dans les exploitations agricoles et à l'installation des jeunes, le Conseil régional affiche sa volonté d'appui à l'amélioration de la compétitivité des exploitations et au renouvellement des générations.
Par ailleurs, le président du Conseil régional a rappelé tout l'enjeu de la valorisation du gisement agricole à travers la chimie verte. Ce secteur est stratégique en Picardie, du fait de la présence conjointe de l'agriculture et de l'industrie. La Région apporte son soutien aux plateformes de recherche Improve et Pivert, dans le cadre d'un partenariat public-privé et au transfert de connaissance, au travers d'Agro Transfert.
A propos du canal Seine Nord, le président du Conseil régional a affirmé y être très favorable, à condition qu'il s'agisse bien de développer le territoire picard et non uniquement de relier Paris au nord de la France.
La Frsea force de proposition
L'après-midi, la réflexion a porté sur l'organisation du réseau Fnsea, en présence de Catherine Lion, la directrice générale de la Fnsea. Les secrétaires généraux des trois fédérations départementales se sont fait l'écho du terrain et ont mis en lumière trois dossiers très impactant pour le syndicat, notamment, l'environnement pour lequel le positionnement des fédérations n'est pas évident.
Bernadette Brehon, secrétaire générale de la Fdsea de l'Oise, s'interroge sur la posture syndicale à tenir : «Doit-on faire de l'environnement ? parler d'environnement ? ou subir l'environnement ?». A cela, Catherine Lion répond que l'action du réseau Fnsea revêt de multiples facettes : «Nous devons informer, conseiller, défendre nos adhérents, dit-elle, mais aussi, apprendre à négocier. Cela est nouveau et parfois difficile à expliquer à nos adhérents mais aujourd'hui, sur le thème de l'environnement, il nous faut fixer des lignes rouges à ne pas franchir et parfois céder sur certains points pour ne pas perdre sur d'autres».
Pour Catherine Lion, l'échelon régional est devenu un lieu de lobbying. Le lien avec les députés européens, qui seront bientôt élus, doit être entretenu au niveau régional. Par ailleurs, les présidents des Conseils régionaux peuvent être les alliés de la profession pour la défense de productions locales. La directrice de la Fnsea a cité en exemple le maintien du couplage sur le lin ou la fécule dans la prochaine PAC qui a été appuyé par les Régions concernées. «Avec de plus en plus de dossiers gérés en régions, la Fnsea ne peut pas tout défendre depuis le national. C'est pour toutes ces raisons que le projet Frsea doit avancer vite et bien» a-t-elle conclu.
ZOOM
Second pilier de la Pac : 137 millions d'euros pour la Picardie mais un cadre plus strict
Hubert Fleury, le directeur du service agriculture du Conseil régional, a présenté les programmes européens pour la période 2014 - 2020. Avec pour la Picardie 137 millions d'euros sur la période, l'enveloppe du second pilier a été revalorisée de 129% par rapport au précédent programme. La Picardie faisant partie des régions «en transition», le taux de co-financement européen est de 63% au lieu de 50% dans les régions «plus développées». Le document régional de développement rural qui consigne l'ensemble des actions qui pourront être cofinancées a été soumis à la Commission européenne qui doit statuer définitivement d'ici la fin 2014. En attendant, les actions engagées dans le cadre du programme 2007-2013 sont toujours financées.
Pour 2014-2020, six priorités sont définies au niveau européen, parmi lesquelles le transfert de connaissance et l'innovation, l'amélioration de la compétitivité des exploitations, la préservation des écosystèmes. Le Conseil régional a dû répartir l'enveloppe entre toutes ces priorités. A noter que l'Europe impose qu'au moins 32% de l'enveloppe soit allouée à la protection de l'environnement. En Picardie, ces 32 % ont été fléchés notamment sur les MAE (36 millions d'euros) qui, pour cette nouvelle programmation, sont assorties d'un nouveau cahier des charges national qui sera très difficile à appliquer en Picardie. Aussi, la profession s'interroge sur la possibilité de faire bouger les lignes afin de valoriser l'outil MAE dans la région.
Parmi les points positifs du document : 16 millions d'euros seront alloués à la modernisation des bâtiments d'élevage, et contrairement à la précédente programmation, cette fois-ci, tous les types d'élevage sont visés, y compris le porc et la volaille.
A noter que l'Europe contrôle de plus en plus la réalisation des actions subventionnées.
Ainsi, chaque action fait l'objet d'indicateurs permettant de vérifier la mise en place sur le terrain des projets.
Les dossiers seront retenus selon des critères d'éligibilité qui sont définis dans un cadre national (par exemple : le fait d'être agriculteur).
Mais d'autres critères, à discrétion des Régions, permettront de sélectionner ou de prioriser les dossiers. La profession devra être particulièrement attentive à la définition de ces critères afin que le plus possible d'agriculteurs porteurs de projets puissent émarger à ces aides.