«La rentrée sera difficile», confirme Xavier Beulin
Le président de la Fnsea pointe les difficultés de la profession et attend du gouvernement qu’il redonne sa compétitivité à l’agriculture française.
Si l’actualité de ces dernières semaines s’est concentrée sur les fruits et légumes, Xavier Beulin note que la situation des récoltes et des marchés reste préoccupante pour l’ensemble des filières. Le président de la Fnsea a rappelé à la presse, le 27 août, les difficultés traversées par les fruits et légumes avant même l’embargo russe, en raison du «dumping social» pratiqué par l’Espagne en particulier. La consommation des fruits d’été, peu stimulée par la météo plutôt fraîche, n’a pas aidé à écouler une récolte abondante.
L’embargo russe a «ajouté une deuxième crise à la première», et si Xavier Beulin salue la réactivité de la Commission européenne à ce sujet, il voit également dans cette rapidité le signe d’une crise qui s’annonce durable. Un élément qui pousse les agriculteurs à« demander d’étudier la situation en envisageant d’autres moyens que ceux de la PAC » pour soutenir les productions, non seulement les fruits et légumes, mais également les viandes bovines et porcines.
Mauvaise qualité des blés : ne pas généraliser
Les conséquences encore à évaluer de l’embargo sur la filière laitière suscitent également «des craintes légitimes». Signalant au passage que la France «n’était pas tout à fait à côté de la plaque» quant elle a demandé «de conserver les mécanismes de régulation de crise dans les aides PAC», le président de la Fnsea encourage Stéphane Le Foll à porter cette vision auprès de ses collègues européens parfois un peu trop libéraux.
Autre production dont les difficultés ont été relayées par la presse agricole, celle du blé et de sa faible qualité cette année : à ce sujet, Xavier Beulin est catégorique : «oui, il y a des problèmes sur certains lots, mais n’en faisons pas une généralisation», affirme-t-il en rappelant que pour certaines utilisations comme l’industrie ou l’alimentation animale, l’indice Hagberg n’avait pas d’importance. «Cessons la surenchère», ajoute-t-il en redoutant qu’à trop communiquer sur la mauvaise qualité du blé français, les acheteurs finissent par s’en détourner.
Les freins à la compétitivité
La liste des difficultés rencontrées par la profession est encore longue : Xavier Beulin évoque le problème du prix payé au producteur, sans cesse tiré à la baisse par la distribution, et plus globalement, les freins portés à la compétitivité de l’agriculture, cheval de bataille de la Fnsea. Il rappelle que l’empilement des contraintes et la surtransposition des normes européennes pèsent lourdement sur les producteurs.
Les agriculteurs s’inquiètent plus particulièrement du durcissement de la nouvelle directive nitrates, qui a par ailleurs ajouté près de 8 000 communes à la liste des zones vulnérables.
A toutes ces contraintes s’ajoute également une baisse des paiements PAC dès 2014 «pour la majorité des agriculteurs français», induisant des difficultés de trésorerie dans les exploitations. «La rentrée sera difficile», constate-t-il.
Simplifier, investir, innover
Il s’avère donc indispensable de donner à l’agriculture française les moyens d’être compétitive, ce qui passera, pour lui, par une simplification, couplée à l’investissement et à l’innovation. La «ligne politique claire» que l’exécutif semble avoir adoptée avec le nouveau gouvernement lui semble plus à même de répondre à ces enjeux.
Il encourage néanmoins ce gouvernement à prendre ses responsabilités, avant de l’inciter à être «ambitieux» : «si on ne retrouvera pas notre deuxième place sur l’échiquier mondial, cessons déjà de perdre du terrain», rappelle-t-il. La Fnsea attendra sans doute avant de juger «ce nouveau gouvernement sur actes et sur pièces».