Lait : la FNPL veut défendre une juste rémunération
La FNPL, à l’occasion d’une conférence de presse, a livré son interprétation de l’ordonnance «coopération», dans la loi Egalim.
Lors d’une conférence de presse, le 23 janvier, la FNPL a fait un point sur l’actualité de la filière laitière. Elle n’a pas masqué son inquiétude face à un Brexit qui pourrait déstabiliser la filière européenne, qui commençait tout juste à retrouver un équilibre. Les stocks sont actuellement pratiquement vides. La filière française pourrait être particulièrement touchée puisqu’environ 3 % de la collecte est exportée vers le Royaume-Uni.
L’actualité de la filière a aussi été très marquée par les Egalim (Etats généraux de l’agriculture et de l’alimentation) et de la loi qui en découle. La FNPL se félicite du travail accompli sur la question de la répartition de la valeur et du prix, et notamment l’inversion de sa construction, ainsi que la détermination d’indicateurs de coûts de production pour le définir. «La loi nous a permis de dire stop à la destruction de valeur», apprécie Thierry Roquefeuil.
La FNPL reste tout de même vigilante sur les négociations commerciales en cours. Elle espère que les bonnes pratiques affichées par certaines grandes marques ne masquent pas des pratiques destructrices de valeur dans les marques distributeurs. De plus, pour Thierry Roquefeuil, il reste encore des combats à mener. «Nous nous battons pour l’ensemble de la grande famille laitière, et cela inclut les producteurs livrant à des coopératives. Nous restons donc mobilisés pour défendre leurs intérêts», souligne le président. En effet, la coopération échappe à certaines dispositions de la loi, notamment concernant les indicateurs de coûts de production, et fait l’objet de sa propre ordonnance.
Le sociétaire au cœur du dispositif
Une nouvelle version de ce texte a été présentée le 18 janvier dernier. Une version définitive devrait être publiée en avril prochain. Rédigée de la sorte, l’ordonnance prévoit notamment que le conseil d’administration précise, dans son règlement intérieur, la manière dont est calculé le prix prévisionnel payé aux producteurs, en prenant en compte des indicateurs de coûts de production (définis en interne ou en prenant les indicateurs publics).
Si le prix réellement payé est inférieur au prix annoncé, le conseil d’administration devra justifier ce delta, qui sera également un indicateur de la performance de la coopérative. Pour André Bonnard, secrétaire général de la FNPL, cette disposition devrait permettre de renouer le dialogue entre sociétaires et administrateurs. «Le conseil d’administration ne pourra plus décider dans son coin des prix à payer. Il devra les justifier auprès des sociétaires. Cela devrait recréer du débat, du dialogue et favoriser la participation aux assemblées générales», se félicite-t-il.
Il espère que dans l’ensemble des structures, les prix payés seront donc supérieurs aux prix annoncés, reflet d’une performance positive des coopérations. Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL, précise qu’il ne s’agit pas de remettre en cause le modèle coopératif, mais bien de remettre les sociétaires au cœur du dispositif pour une meilleure répartition de la valeur. Enfin, la FNPL a présenté ses vœux pour les élections chambres en cours. Elle espère des résultats favorables afin de continuer sereinement les travaux engagés, mais elle souhaite surtout une participation importante.
Les enjeux en vue de la FNPL
Le syndicat va se pencher sur le dossier des coopératives agricoles avec trois enjeux en vue : la rémunération des sociétaires, la performance des coopératives et leur gouvernance. En ce sens, «à l’heure actuelle, le contenu de l’ordonnance [relative aux coopératives] est plutôt bien, estime André Bonnard, secrétaire général de la FNPL. Car il n’y a pas de raison que la coopérative échappe à tout le travail effectué lors des Etats généraux de l’alimentation.»
Aussi, il demande l’inscription, dans le règlement intérieur des coopératives, d’un calcul théorique du prix du lait en fonction du mix produit de l’entreprise et des indicateurs de coûts de production. Les coopératives devront ensuite justifier l’écart entre ce prix et la rémunération effective des sociétaires. «Cela permettra d’évaluer la performance des coopératives», conclut-il.