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Lait : signature à tout-va d'accords entre laitieries et acheteurs

Les accords promettant une revalorisation du prix du lait payé aux producteurs se multiplient entre distributeurs et industriels. Une situation favorisée par la hausse, en cours et à venir, des prix de vente aux consommateurs des produits laitiers.

Dans l’ensemble, les prix de base proposés aux producteurs par les industriels se situent au même niveau.
Dans l’ensemble, les prix de base proposés aux producteurs par les industriels se situent au même niveau.
© Annick Conté




Les négociations commerciales annuelles battent leur plein. Distributeurs et laiteries multiplient les annonces de revalorisation du prix du lait payé aux éleveurs. La coopérative Sodiaal et Intermarché sont les plus actifs. Parmi les accords annoncés en grande pompe, on compte Sodiaal, qui a signé avec Lidl, Carrefour et Système U, ainsi qu’Intermarché, qui a signé avec Bel et Savencia. Sodiaal et Intermarché ont également signé de concert. Dans l’ensemble, tous s’alignent sur le même prix de base payé aux producteurs : 365 € les 1 000 litres, soit quelque 380 € les 1 000 litres toutes primes comprises. C’est un peu mieux que l’année dernière lorsque les accords avaient été moins homogènes. Les prix stipulés dans les contrats avaient oscillé entre 345 et 356 € les 1 000 litres en prix de base. Pour le moment, seul Bel, engagé dans une démarche forte de montée en gamme, fait un peu mieux avec 371 € les 1 000 litres en prix de base. Mais cela inclut également une prime de 6 € pour pâturage et une prime de 15 € pour l’alimentation sans OGM.

Assurer le retour aux agriculteurs
Alors que, dès l’entrée en vigueur de la loi Egalim, de nombreuses voix avaient alerté sur le report de la guerre des prix vers les marques de distributeurs (MDD), les accords sont, cette année, tous étendus à ces produits. Un autre sujet avait commencé à émerger lors des précédentes négociations commerciales : la notion de tiers de confiance. Certains distributeurs arguant le manque de transparence des industriels. «La condition reste la totale transparence entre les acteurs et, notamment, la précision du volume concerné par la hausse de prix», ne cesse de répéter Michel Biero, directeur exécutif achats de Lidl. Alors, pour s’assurer que la hausse des prix d’achat sortie usine arrive bien dans les poches des agriculteurs et ne restent pas dans celles des industriels, les accords mentionnent de plus en plus souvent plus des tiers de confiance qui servent de garant au ruissellement. C’est le cas, par exemple, pour l’accord qui lie Intermarché et Savencia. «L’accord sera accessible à des auditeurs indépendants et certifiés, afin de contrôler, en toute transparence, la redescente aux producteurs de lait de l’intégralité de cette augmentation de tarif», soulignent les deux entreprises.

Une conjoncture favorable
Comme l’année dernière, ces signatures d’accords sont d’autant plus réalisables qu’il existe un «léger déséquilibre offre-demande», explique Benoît Rouyer, économiste à l’interprofession laitière, dans sa note de conjoncture du 29 janvier. En effet, la demande mondiale reste bien orientée, tandis que l’offre se révèle peu abondante dans les principaux bassins exportateurs mondiaux. Une situation qui permet à l’année 2020 de commencer «dans un contexte plutôt à la hausse du prix des produits laitiers», observe l’économiste. Par ailleurs, les prix à la consommation ont déjà progressé pour l’ensemble des produits laitiers au cours des derniers mois : + 3 % en 2019 pour le beurre (soit + 30 % en trois ans), + 1 % pour le lait liquide, + 2 % pour les fromages et + 3 % pour les yaourts.

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