Le gouvernement hausse le ton contre la grande distribution
Une table-ronde a réuni la grande distribution et ses fournisseurs, à Bercy.
Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie, a promis à mettre un terme aux abus dans les relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs.
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AAP
Le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, a mis en garde la grande distribution contre la guerre des prix à laquelle se livrent les enseignes, le 17 juillet à Paris. Les ministres de l’Economie, de l’Agriculture ainsi que la secrétaire d’Etat à la consommation, Carole Delga, avaient invité à Bercy les représentants des producteurs, des transformateurs et des distributeurs pour faire le point sur les relations actuellement très conflictuelles entre les distributeurs et leurs fournisseurs. «Arnaud Montebourg s’est engagé à utiliser tout l’arsenal juridique et réglementaire pour faire respecter la loi» a déclaré Xavier Beulin, le président de la Fnsea, à la sortie.
Durcissement des sanctions
Durcissement des sanctions
A ce stade, les enquêtes de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (Dgccrf) confirment ce que les professionnels vivent sur le terrain. «Elles semblent indiquer l’existence d’abus et de pratiques en contradiction avec la loi depuis début 2014 : demande de baisse des tarifs au lendemain de la signature du contrat, demandes de ristournes non prévues au contrat et sous la menace de rupture de déréférencement, remises différées supplémentaires, rétrocessions de chiffres d’affaires injustifiée, promotions additionnelles et non prévues, etc».
Le gouvernement a promis qu’un rapport sur ces contrôles sera réalisé cet été et que les sanctions éventuellement prononcées seront rendues publiques. Les décrets d’application sur la nouvelle loi Hamon qui prévoit justement le durcissement des sanctions et leur publicité seront publiés dans les jours qui viennent, a promis le ministre de l’Economie.
Sur le fond tout le monde est d’accord sur le diagnostic : la guerre des prix à la quelle se livre les enseignes de la grande distribution alimente une spirale déflationiste qui pourrait entraîner toute l’économie.
En revanche, les professionnels se sont montrés beaucoup plus déçus par le comportement de la grande distribution. Xavier Beulin n’hésitant pas à pointer l’attitude particulièrement déloyale des Centres Leclerc et de Casino. Alors que «Super U dit des choses plus pragmatiques et constructives» sur les relations qu’il conviendrait d’établir avec les fournisseurs.
Dialogue de sourds
Dialogue de sourds
Les distributeurs n’ont pris aucun engagement sur les promotions «On souhaite qu’elles soient utilisées à bon escient, sur quelques jours et ponctuellement par exemple, et non pas de façon permanente», comme dans le porc, conseille Xavier Beulin.
Pas d’avancées non plus sur les comparateurs de prix, alors que la Fédération du commerce et de la distribution proposait d’en arrêter la publicité, car ils alimentent la spirale à la baisse des prix. Les pouvoirs publics n’y sont pas très favorables. Ni d’ailleurs Michel Edouard Leclerc, le patron des Centres Leclerc. A la sortie de la réunion, celui-ci s’est farouchement opposé à une telle initiative. «L’inflation ne passera pas par nous. C’est un délire de vouloir les supprimer».
On ne voit pas très bien, à ce stade, ce qui pourrait apaiser le difficile dossier des relations commerciales entre agriculteurs, transformateurs et distributeurs, sans l’intervention des pouvoirs publics.