Le marché des forêts est à la hausse
Ce 17 mai, Gilles Seigle, président-directeur de la Société forestière et Jean-Luc Desbrosses, président de la Safer de Bourgogne Franche-Comté, ont présenté les chiffres relatifs aux transactions des forêts françaises en 2016.
«Cette année 2016 est une année qu’on peut qualifier d’haussière», affirme Gilles Seigle. Cependant, «la hausse, de 2,1 %, reste modérée, explique Loïc Jegouzo, ingénieur d’études à la Fédération nationale des Safer. Après avoir quasiment doublé entre 1997 et 2011, [l’évolution du prix] reste sur un plateau». Elle permet néanmoins à la valeur moyenne de s’établir à 4 100 €/ha contre 4 020 €/ha en 2015. «La principale explication de cette hausse est la poursuite de la diminution des taux d’intérêt», estime l’ingénieur.
«Le marché de la forêt est très comparable à celui de l’immobilier», souligne cependant Gilles Seigle, évoquant des «coups de cœur» lors des achats qui font grimper les prix. De fait, il ressort de ces transactions une déconnexion de plus en plus grande entre la valeur des bois vendus et la valeur du marché de la forêt. Cette surcote varie de 0 à 15 % en fonction des transactions, observe Jean-Pierre Mesnil. Le prix moyen d’une parcelle d’un grand domaine en 2016 est de 6 400 €/ha, mais il peut monter à 20 000 €/ha en fonction du type d’essence, de la qualité des bois, du sol, de la région, etc.
Les prix restent, par ailleurs, très disparates en fonction des régions. Ainsi, «les régions les plus chères restent celles du Nord-Bassin Parisien», où l’hectare coûte 6 370 €. En revanche, «les forêts les moins chères sont celles du Sud-Ouest et du Massif Central», détaille Loïc Jegouzo. Les prix s’y élèvent respectivement à 2 560 €/ha et 2 690 €/ha. De plus, «l’année 2016 est marquée par une hausse inédite des transactions», se réjouit l’ingénieur. Il note, en effet, un bond de 9,1 % du nombre de ventes, soit 17 500 opérations. Du jamais vu.
Les petites forêts plus attractives
«Le segment des forêts de plus de 30 hectares reste très étroit», explique Loïc Jegouzo. Pourtant, ce sont bien elles qui tirent les prix vers le haut, tout en restant «un marché très étroit. Cette fermeture reflète la propension des propriétaires à conserver leur patrimoine», avance-t-il. Ainsi, le marché des forêts de plus de cent hectares non bâties reste stable avec «quatre-vingt transactions sur toute la France», précise Jean-Pierre Mesnil, directeur des investissements forestiers et fonciers de la Société forestière. Cela correspond à une surface de 14 100 ha.
En revanche, les forêts des mêmes dimensions, mais avec bâti, enregistrent une vingtaine de transactions supplémentaires en 2016. Mais rien de comparable avec le «segment des forêts d’un à dix hectares qui poursuit sa progression», comme l’affirme Loïc Jegouzo. Il faut dire qu’elles représentent «88 % des transactions du marché pour 37 % des surfaces», détaille l’ingénieur. Ces transactions ont ainsi progressé de 9,7 % en nombre et 8,5 % en surface.
De plus en plus d’acheteurs privés
«39 % des surfaces en transactions privées», annonce Loïc Jegouzo. Ainsi, les personnes morales privées agricoles, forestières et institutionnelles ont acheté 43 000 ha en 2016, surface qui a progressé de 30 % en une année. Une hausse qui concerne «à la fois les grandes forêts […] et les forêts de moins de 5 ha», précise Loïc Jegouzo. Quant aux motivations des acheteurs, il les synthétise ainsi : «pour des usages de loisir, notamment la chasse, et un approvisionnement en bois de chauffage.» Mais aussi pour «diversifier son patrimoine» et «réaliser un investissement», renchérit Jean-Pierre Mesnil.
Il mentionne, par ailleurs, le fait qu’il y ait «une fiscalité qui est appliquée au très long terme», rendant l’investissement d’autant plus intéressant. «Le bois reste une valeur refuge», conclut Jean-Pierre Mesnil, regrettant le fait que malgré «un marché très demandeur», il n’y ait que «peu d’offres».
Enfin, «la filière bois est une filière qui emploie plus de 400 000 personnes en France», rappelle Gilles Seigle. Et ce chiffre ne va pas chuter de sitôt si l’on en croit les projets en cours tels les «100 000 m2 à Nanterre pour un campus en bois», s’enthousiasme Jean-Pierre Mesnil.