Le programme pour l’agriculture des cinq candidats favoris
Revenu des agriculteurs, Pac, liens entre industrie, distribution et loi de modernisation de l’économie (LME), investissements et normes sont les thèmes traités par les cinq principaux candidats dans leur vision pour l’agriculture.
François Fillon
Le candidat Les Républicains veut redonner des marges aux agriculteurs. Pour cela, il propose d’encadrer par la loi la négociation des contrats entre producteurs et industriels, et entre industriels et distributeurs, en réformant la LME.
Les exploitants sont, à ses yeux, des entrepreneurs et doivent être considérés comme tels. Par exemple, en étant exigibles au crédit impôt recherche.
L’épargne de précaution des agriculteurs serait défiscalisée, et il existerait un sursis au droit de succession tant que l’exploitation reste dans le cadre familial. François Fillon s’engage à promouvoir une politique ambitieuse de stockage de l’eau, à augmenter de deux points le taux de TVA en réduisant les charges sociales.
Il veut relancer les programmes de recherche, notamment sur les biotechnologies et abroger par ordonnance toutes les normes ajoutées à la réglementation européenne.
Selon lui, la Pac doit réaffirmer la préférence communautaire et doit être fondée sur la gestion des risques et le soutien à l’investissement. François Fillon veut faire en sorte que le budget européen pour l’agriculture soit conservé. Il stigmatise «la faiblesse de la position française à Bruxelles», promettant d’y envoyer le prochain ministre de l’Agriculture avec un vrai projet français pour le Pac.
Son projet comprend la suppression du compte pénibilité. Il s’engage à «mettre fin au dogme des prix bas et à promouvoir la liberté s’entreprendre en agriculture».
Benoît Hamon
Le candidat socialiste veut amplifier la transition agro-écologique pour s’adapter au changement climatique, protéger la biodiversité, les ressources naturelles et le bien-être animal. Ce plan de transition agricole coûtera cinq milliards d’euros. Benoît Hamon veut remplacer progressivement les pesticides par des solutions alternatives, réduire les apports en fertilisants, améliorer la gestion et le stockage de l’eau. Un coup de pouce au bio est prévu, grâce notamment à des soutiens majorés à l’installation, 50 % de produits biologiques dans les cantines scolaires d’ici cinq ans, une TVA réduite.
Pour permettre aux agriculteurs de vivre décemment de leur travail, il souhaite sortir l’agriculture de l’OMC et créer une exception «agriculturelle». Dans ce cadre, la Pac doit pouvoir, selon lui, lutter contre la volatilité des prix, grâce à une combinaison d’outils comprenant des aides contracycliques et une maîtrise des volumes de production au niveau européen pour éviter les surproductions. Un rétablissement du coefficient multiplicateur vise à mieux répartir la valeur ajoutée dans la chaîne alimentaire. Autre orientation : le développement d’une agriculture familiale, créatrice d’emplois, qui passe, entre autres, par un plafonnement des aides à 150 000 euros/UTH.
Benoît Hamon s’engage à organiser, dès l’automne, un Grenelle de l’environnement, pour développer une politique de l’agriculture et de l’alimentation qui inclut le consommateur citoyen. Il veut sanctuariser le principe de précaution.
Marine Le Pen
La candidate frontiste défend le modèle de l’agriculture familiale, seul moyen, selon elle, de garder du lien social.
Elle souhaite restaurer la souveraineté alimentaire de la France en remplaçant la Pac par une Politique agricole française. Au bout de deux ans, l’Etat fixera des prix minimum garantis pour qu’à terme les agriculteurs puissent vivre de leur travail, sans avoir besoin de recevoir des aides, une fois sortis de l’Union européenne.
La France sortira des différents traités internationaux signés par l’Europe. Des droits de douanes seront prélevés sur les produits importés de pays qui font du dumping social et environnemental par rapport à la France.
Pour Marine Le Pen, les agriculteurs sont «plus légitimes que les technocrates européens pour décider» de la politique agricole à mener. Aussi, promet-elle que «chaque filière doit être libre de décider pour elle-même la façon dont elle veut être soutenue». Elle promet toutefois une intervention forte de l’Etat dans les négociations commerciales.
La candidate promet une retraite minimum portée à 1 000 euros, une baisse des charges pour les TPE et PME, une suppression des droits de succession et se positionne contre la TVA sociale.
Elle plaide pour l’électronarcose, et estime que l’étourdissement des animaux avant l’abattage est un principe juridique qui fait l’objet de dérogations excessives par les communautés musulmane et juive.
Emmanuel Macron
Le candidat d’En marche veut un plan Marshall pour moderniser l’agriculture. Il compte y dédier 10 % des 50 milliards d’euros d’investissements prévus pour redresser l’économie française. S’y ajoute le doublement des fonds pour développer les mesures agro-environnementales, portés à 200 millions.
Le candidat veut organiser un Grenelle de l’alimentation, qui rassemble tous les acteurs de la filière, tout en accompagnant le regroupement des agriculteurs dans des organisations de producteurs (OP) plus puissantes pour peser davantage dans les négociations commerciales, et ainsi reprendre de la valeur.
Il défend le «juste prix» payé aux agriculteurs. Faute d’accord de ce Grenelle, Emmanuel Macron se dit prêt à légiférer, et notamment à changer la LME (Loi de modernisation de l’économie). Adepte d’un meilleur partage de la valeur, il promet de faire évoluer le droit, notamment européen, pour mieux reconnaître les contrats de filière et encourager les OP.
Il souhaite changer la philosophie de l’administration sur la question des normes pour qu’elle conseille plus qu’elle ne sanctionne, et prévoit des allègements de cotisations pour les agriculteurs, ainsi qu’un prêt d’honneur à 0 % pour ceux qui s’installent.
La Pac doit, selon lui, privilégier les aides couplées, la régulation et les aides contracycliques. Plaidant pour une Europe «qui accompagne et protège davantage», il promet de mettre fin à la surtransposition des directives de l’UE, de batailler en faveur d’harmonisations sociales et fiscales des pays membres.
Jean-Luc Mélenchon
Le candidat de la France insoumise veut privilégier une transition de l’ensemble des exploitations vers l’agriculture écologique et paysanne pour garantir une alimentation de qualité pour tous, et créer 300 000 emplois.
Pour garantir une politique de prix rémunérateurs, il veut revenir à une régulation du marché et garantir des prix minimum aux producteurs, grâce à un mécanisme public de fixation des prix. Les produits étrangers seraient taxés afin de ne pas créer de distorsions de concurrence.
Son projet comprend une revalorisation des retraites agricoles au minimum au niveau du Smic pour une carrière complète.
Il souhaite créer des établissements publics fonciers ruraux élargissant les missions des actuelles Safer pour stopper l’accroissement du prix du foncier agricole. Jean-Luc Mélenchon veut garantir l’accès à la terre, en fixant une surface maximale par actif agricole lors d’un projet d’installation. Objectif : favoriser la création de nouvelles exploitations.
Il promet la fin de la cogestion de la politique agricole «avec certaines organisations syndicales».
Le candidat veut également sortir des traités de libre-échange et exiger la refondation de la Pac, dont les aides seraient dédiées à la transition écologique, à développer de nouvelles filières et rémunérer les services que rendent les agriculteurs.