Les aviculteurs s’adaptent aux attentes sociétales
Le CNPO, l’interprofession des œufs, a tenu le 3 mai
sa conférence de presse. L’occasion de rappeler le fait que ce secteur se tourne résolument vers le bien-être animal avec le Contrat sociétal d’avenir.
«On est à peu près à 170 millions de tonnes d’œufs au niveau mondial», affirme Loïc Coulombel, président du SNIPO, le Syndicat national des industriels de l’œuf. Or, la filière profite aussi bien à l’Europe, deuxième producteur mondial, qu’à la France, qui s’affirme en tant que «leader européen en production d’œufs», toujours selon le président. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En effet, si, à échelle européenne, «sur les dix dernières années, on a une croissance moyenne annuelle de 0,6 %», elle atteint en France 1 %, explique-t-il. Soit une production française de 14,3 milliards d’œufs en 2016. La tendance semble, par ailleurs, se confirmer puisqu’«on maintient une prévision de production à peu près stable», ajoute-t-il.
Niveau consommation, les achats se répartissent de la manière suivante : 52 % d’œufs standards, 14 % biologiques, 32 % provenant de poules élevées en plein air et 3 % au sol, avec une progression d’œufs vendus sous Label Rouge de + 5,3 % en 2016. D’après une enquête menée par le CSA pour l’interprofession des œufs, du 10 au 15 mars 2017, 96 % des Français consomment des œufs. Les réponses des sondés sont d’autant plus encourageantes au regard de la fréquence à laquelle les Français en mangent : 84 % d’entre eux en consomment au moins une fois par semaine, et 38 % deux à quatre fois par semaine.
Comment expliquer un tel engouement ? D’après le sondage, 68 % considèrent que c’est facile et rapide à cuisiner, et 93 % estiment que ce sont des produits qui sont bons pour la santé. Sur la première marche du podium des recettes d’œuf préférées, l’œuf au plat, suivi de l’omelette et de l’œuf à la coque. Quant au lieu d’achat, le magasin prime dans 86 % des cas, même si 34 % des Français achètent leurs œufs en direct et 31 % dans des lieux de proximité. 13 % d’entre eux possèdent même leur propre poule.
Le mode d’élevage
Le sondage révèle également que le mode d’élevage reste le premier critère de choix pour les consommateurs. La filière a donc pour ambition d’atteindre 50 % d’œufs issus d’élevages de poules alternatifs d’ici 2022 (contre un tiers aujourd’hui), soit 500 millions d’euros d’investissements. Le directeur de la Confédération française de l’aviculture (CFA), Christian Marinov, estime que les négociations avec les distributeurs devraient encore durer six à huit mois.
«Ce projet s’appelle le Contrat sociétal d’avenir», explique le président du CNPO, Philippe Juven. Un contrat lancé en octobre 2016, dans la lignée d’une longue réflexion sur la filière débutée en 2014. Les ambitions sont multiples. Il s’agit ainsi du «respect du bien-être animal au-dessus des aspects réglementaires», de «faire évoluer tout ce qui est traitement animal» ou encore de «s’engager sur une alimentation de qualité pour nos poules pondeuses», résume-t-il. Le CNPO prévoit, par ailleurs, de renforcer la Charte «Pondus en France», en rendant la Charte sanitaire obligatoire.
Bien sûr, augmenter le nombre d’élevages alternatifs représente un coût, estimé à 500 millions d’euros. L’investissement serait idéalement réparti entre les producteurs, à hauteur de 80 %, et les consommateurs, qui sont 94 % à approuver cette initiative. Plus encourageant encore, «à 87 %, ils sont prêts à payer dix centimes de plus pour permettre cette transition». Ils sont, par ailleurs, 70 % à estimer qu’il est nécessaire que les éleveurs aient le temps de s’adapter, tandis que les enseignes de distribution ont récemment multiplié les annonces de retrait définitif des œufs de poules élevées en cage dans leur rayon, sans tenir compte des contraintes, pratiques, économiques et de temps. Or, il faut rester pragmatique, alertent les producteurs.
Le Contrat sociétal d’avenir ne doit en aucun cas faire obstacle à l’objectif de la France de «maintenir sa capacité de production», affirme Philippe Juven. Il serait en effet impensable de mettre en péril une filière «auto-suffisante à 101 %», comme le rappelle le président du CNPO, d’autant plus que l’origine française des œufs est importante pour 85 % des Français : ils l’estiment garante de la préservation des élevages en France, du maintien du «Made in France», mais aussi de la qualité et de la fraîcheur de leurs œufs.