Les harengades font frétiller la côte picarde en novembre
Chaque année, en novembre, la tradition se perpétue en Baie de Somme. Pour fêter l’arrivée du hareng sur la côte, le poisson est dégusté mariné, grillé, fumé… Et toujours dans une ambiance chaleureuse.
Chaque année, en novembre, la tradition se perpétue en Baie de Somme. Pour fêter l’arrivée du hareng sur la côte, le poisson est dégusté mariné, grillé, fumé… Et toujours dans une ambiance chaleureuse.
Ce 20 novembre, aucun nez ne pourra échapper à l’odeur chaleureuse et entêtante des harengs grillés qui s’échappera de la halle marchande de Cayeux-sur-Mer. Après une triste période de confinement, l’harengade – que certains appellent la «fête éd chés hérins» – est enfin de retour. «L’harengade est une fête typique dans les villes portuaires du nord de la France et donc en Baie de Somme. Cette festivité coïncide avec l’arrivée du hareng sur nos côtes, entre la mer du Nord et la Manche», explique Jean-Pierre Boyard aux novices.
L’ancien marin s’est réuni avec ses confrères au sein de l’association des Pompons rouges (en référence au béret des marins), et la harengade de Cayeux est leur événement phare. «Nous avons animé notre première harengade en 2002, c’était à la mode, confie-t-il. L’événement plaît toujours !» Environ trois-cents personnes s’y retrouvent chaque année. Pour cette 19e édition, 150 kg de poissons grillés, et autant marinés au vinaigres et aux aromates seront servis aux convives, accompagnés de frites. Les filets de hareng fumé sont aussi appréciés. «L’idée est de se régaler et de passer un bon moment. Le repas se fait en musique, avec la chanteuse de variété française Christelle Godin, bien connue dans le secteur.» Les poissons, eux, ont été achetés frais au port de Dieppe. «En Baie de Somme, on n’en pêche plus», regrette Jean-Pierre Boyard. Les étadiers (canot de pêche ponté de la Baie) ont disparu, faute de rentabilité. «Aujourd’hui, un coup de chalut suffit pour pêcher trois tonnes de harengs.»
À Abbeville… Et ailleurs
Si les pêcheurs de la Baie sont de moins en moins nombreux, la fête du hareng, elle, ne perd pas de vitesse. La plus ancienne harengade serait celle d’Abbeville, organisée chaque année depuis 1996 par l’Amicale Saint-Jacques. L’association cherchait à l’époque un moyen d’animer, alors que le maire voulait donner vie à l’ancien port d’Abbeville. D’autres villes ont souhaité leur propre harengade : Nouvion, Long, Bouillancourt-en-Séry, Tours-en-Vimeu, Blangy-sur-Bresle, Fallencourt, Le Crotoy… Ailly-le-Haut-Clocher a même connu sa première harengade l’année dernière, en pleine crise sanitaire du coronavirus, sous l’impulsion d’agriculteurs. Rendez-vous était donné au marché fermier du Haut-Clocher.
Des écailles partout
La plus célèbre harengade a cependant lieu au Tréport, seul port de pêche de la région, en Seine-Maritime. Près d’une tonne de poisson y est consommée chaque année, pour environ 1 500 visiteurs. Elle avait lieu les 6 et 7 novembre. Odile, tréportaise depuis soixante-dix ans, fille de pêcheur, se souvient. «Quand j’étais enfant, c’était quelque chose, la période du hareng. Ils descendaient de Boulogne pour rejoindre Fécamp, et les filets des pêcheurs se remplissaient. Toute la campagne venait en acheter pour les saler et les conserver tout l’hiver.» Son père lui a confié un jour que son bateau était tellement rempli qu’il a bien cru qu’il allait chavirer. Dans le port, les bateaux faisaient la queue pour pouvoir décharger leur cargaison à quai. «Ils remplissaient des paniers à la main, puis repartaient en mer. Ça sentait dans toute la ville. Il y avait des écailles partout !»
Aujourd’hui, elle constate que «le hareng est un peu passé de mode», moins consommé qu’avant. Elle même n’en mange presque plus. Sauf durant cette harengade qui perpétue la tradition.
À Cayeux-sur-Mer, harengade le 20 novembre, à partir de 11h, à la halle marchande. Pas de réservation. Menu à 16 € (entrée, plat (deux harengs et frites), fromage, dessert). Concert de Christelle Godin.
Le hareng, star des océans
Le hareng, poisson de la famille des clupéidés d’à peu près 25 cm de long, au corps fin et pourvu d’une petite bouche, au corps bleuté sur le dessus et argenté en-dessous, vit en bans. Il s’agit d’un poisson de mer très abondant et parmi les plus pêchés dans le monde, en Atlantique Nord, Pacifique Nord et dans les mers froides du nord de l’Europe. Il se déplace dans cette mer du Nord pendant une période très précise, dès la du fin mois d’octobre. Puis il migre vers d’autres horizons.
Il fut durant des siècles le poisson le plus consommé en Europe et s’imposera au Moyen-âge comme l’une des principales sources de protéines de l’alimentation quotidienne. Il est riche en vitamines du complexe B, en vitamines A et D, en sélénium, en phosphore et, bien entendu, en oméga-3. Frais, son goût est similaire à celui de la sardine et permet la réalisation de recettes aussi saines que gourmandes.