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Les pommes de terre de Jérôme Walpoel sont dans le casier !

Chaque semaine, nous rencontrons un agriculteur qui fait le pari de la diversification. Jérôme Walpoel a choisi le distributeur automatique pour vendre ses pommes de terre.

Le distributeur automatique permet à Jérôme Walpoel de gagner un temps fou. Plus besoin de vendre ses pommes 
de terre au marché. 
Le distributeur automatique permet à Jérôme Walpoel de gagner un temps fou. Plus besoin de vendre ses pommes
de terre au marché. 
© © A. P.



Les premières pommes de terre ont poussé chez les Walpoel en 1985. La production a toujours entièrement été vendue en direct, à la ferme, puis sur les étals. Mais depuis un an, finie la corvée du marché d’Airaines, tous les vendredis après-midi. Fini de charger la remorque de sacs de pommes de terre, puis de décharger les invendus, et de passer toute l’après-midi hors de la ferme… «Le seul point positif, c’était le contact avec le client. Mais c’était devenu ingérable», confie Jérôme Walpoel. Il faut dire que l’agriculteur, qui a repris l’exploitation familiale de Quesnoy-sur-Airaines en 1997, a d’autres tâches que ses deux hectares de pommes de terre : une soixantaine de laitières et 150 ha de cultures remplissent déjà bien ses journées.
Alors il y a un an, lorsqu’un ami, lui aussi producteur de fécules, a émis le souhait d’installer un distributeur automatique à Airaines, Jérôme a sauté sur l’occasion. «Il m’a dit qu’il le ferait si je ne me lançais pas. Je n’ai pas hésité longtemps !» Désormais, les gourmets amateurs de Charlotte,  à déguster sautée, à la vapeur, en chips ou en gratin, de Monalisa, oblongues dont la chair jaune tendre fondante s’adapte à toutes les cuissons, et de Marabelle, particulièrement appréciée en frites ou cuite au four, peuvent se servir quand bon leur semble, au rond-point central de la commune. Un lieu stratégique puisque très passant. Une pièce de 2 Ä contre un sac de 5 kg, 4 Ä pour un sac de 10 kg, ou 7 Ä pour 25 kg, à glisser dans la fente de la machine, et le tour est joué. Ne reste plus qu’à éplucher et cuisiner.
La clientèle a pourtant eu du mal à s’habituer au nouveau système. «Les six premières semaines, j’ai bien cru devoir revendre le distributeur, avoue l’agriculteur. Aujourd’hui, le succès est tel que je plante un hectare supplémentaire, pour être certain de pouvoir alimenter toute l’année.» Les clients ne se déplacent même plus jusqu’à la ferme et vont directement au distributeur. «Je vois moins de monde, mais les allers-retours incessants entre le bâtiment de stockage et celui d’élevage, à 120 m, me faisaient perdre un temps fou.» Cette réussite, il la doit à l’attrait des consommateurs pour le circuit court, aux tarifs compétitifs - «les cours ne sont pas très hauts en ce moment, mais lorsqu’ils vont remonter, je serai moins cher que les supermarchés», assure-t-il - et aussi au distributeur lui-même.

Une vitrine alléchante
Car pas question pour Jérôme de mettre ses pommes de terre dans n’importe quelle boîte. «Quand j’achète quelque-chose, je veux voir la marchandise avant de payer. Le principe est le même pour la vente de mes produits.» L’exigeant a trouvé son bonheur chez un fabriquant belge. Une vitrine permet de voir les légumes dans le distributeur. Un bijou à 20 000 €, qui lui coûte environ 100 € par an d’électricité, et qui devrait être rentabilisé d’ici cinq ans. Le distributeur ne dispense cependant pas Jérôme de travail : «Je passe bien une heure à le ravitailler, et cela trois fois par semaine. Mais l’astreinte n’est plus la même. Je peux y aller quand je veux.» Des notifications lui sont envoyées trois fois par jour sur son smartphone, pour le tenir informé de l’état de chargement de la machine. En cas de problème, son numéro de portable est affiché sur la machine.
La vente ainsi optimisée, ne reste plus qu’à en faire de même pour les autres étapes de la production. Cette année, un voisin devrait irriguer la parcelle pour assurer un bon rendement. Car la production 2017 a souffert de l’alternariose, maladie favorisée par l’alternance de périodes sèches et humides et par un stress de la culture. Le stockage, lui, se fait en partie dans une chambre froide, chez un ami. «Cela me permet de conserver 10 t pour assurer les ventes en fin de saison.» Et une autre partie dans un bâtiment de la ferme. «Tout est mis en sac puis déplacé à la main. Une sacrée charge de travail que j’espère pouvoir réduire en m’équipant un peu mieux.»
Pas question cependant de laisser tomber la production, même si celle-ci représente deux petits pourcentages du chiffre d’affaires de l’exploitation. Car celle-ci permet de mettre un peu de beurre dans les épinards. «Cela amorti la semaine de vacances au ski», plaisante Jérôme.

Distributeurs à la mode

Des pommes, des poires et des yaourts. Le distributeur automatique, c’est le nouveau circuit court à la mode. Depuis le début des années 2000, les Amap et La Ruche qui dit oui ont montré le chemin en organisant la livraison de produits frais par des agriculteurs locaux, sur abonnement annuel ou commande ponctuelle. Un agriculteur sur cinq aurait opté pour ce type de distribution. L’avantage : trouver des fruits et légumes, ou une plus large gamme de produits-fermiers, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit grâce à des casiers installés et remplis par les agriculteurs.
Et dans ce domaine, les Hauts-de-France sont pionniers. Le premier distributeur automatique de fraises de France fut installé en 2009, chez Pascal de Coninck, à Beuvry-la-Forêt (59). Un vrai buzz médiatique. L’agriculteur cherchait simplement le moyen de remplacer son père, à son décès, qui tenait le magasin de vente directe. Depuis, les exploitants ont racheté une nouvelle machine, il y a deux ans, avec une plus grande capacité. Ils écoulent 20 % de leur production par ce biais. L’hiver, les fraises sont remplacées par les endives.
Dans la Somme, Emmanuel Lardé, lui aussi producteur de fraises, a fait de ces machines son business. En plus de la ferme, il est vendeur des distributeurs automatiques WDM Lardé. Chaque producteur peut commander son distributeur sur-mesure et peut le faire évoluer ensuite. «Tout est en option : écran tactile, gestion à distance du contenu, paiement par carte bleue ou en espèce, plateau tournant», explique-t-il. Comptez environ 10 000 euros pour un modèle de base et jusqu’à 60 000 euros pour les plus gros, toutes options. Emmanuel Lardé en a vendu une dizaine en un an.
Ces machines seraient, selon lui, tout à fait compatibles avec un magasin à la ferme. «On touche une autre clientèle. Il permet d’augmenter les ventes de 30 % !» Emmanuel Lardé prévient cependant : «pour que ça fonctionne, il faut être rigoureux». Car un client déçu est un client perdu. Il faut donc alimenter en produits frais tous les matins et tous les soirs, pour que le distributeur soit toujours rempli. Soigner la présentation. Nettoyer les cases régulièrement…
L’homme voit en ses grosses machines un bel avenir. Le drive fermier, par exemple, commence  à se développer. Un agriculteur, un groupement d’agriculteurs, ou un intermédiaire qui collecte leur production, installent un point de retrait éphémère. Les clients ont passé commande sur internet et sont informés du lieu et de l’heure de la distribution. Un micromarché de proximité que promeuvent les chambres d’agriculture. On en compte près de deux cent cinquante en France.

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