Lidl valorise la viande de Normandes
Un contrat tripartite entre Lidl France, Bigard et Natup (ex-Cap Seine), a été signé lors du Sia pour l’achat de viande
de bœuf locale, de race Normande. La famille Leullier, à Caulières, fait partie des éleveurs qui en bénéficient.
une rémunération de 3,63 €/kg, contre 3,30 €/kg environ habituellement.
Voilà quatre générations que de belles Normandes, blanches aux tâches brunes, sont élevées chez les Leullier, à Caulières. Le Gaec des Normandes, avec aujourd’hui à sa tête les frères Stéphane et Sébastien, porte bien son nom. «Nous sommes à seulement 8 km de la Normandie, berceau de la race, précise Stéphane Leullier. Et puis nous avons toujours aimé cette race mixte pour la valeur ajoutée qu’elle dégage : une quantité et une qualité de lait, avec de forts taux butyreux et protéiques, et une viande persillée en goût.»
C’est d’ailleurs cette viande que les éleveurs peuvent davantage valoriser depuis cette année, grâce à la signature d’un contrat tripartite entre Lidl France, la Socopa du Neubourg (Bigard) et Natup (ex-Cap Seine), lors du Sia. A l’image du contrat que le distributeur allemand a signé avec la Cobevial, pour alimenter les magasins des Hauts-de-France en viande de Charolaise (cf. notre édition du 8 mars 2019), celui-ci concerne l’approvisionnement des magasins normands en viande de Normande. «Nous vendons quarante-cinq vaches par an. Tout n’entrera pas dans cette filière, mais nous tirerons un bon prix des quelques bêtes que nous allons pouvoir y faire entrer», assure Stéphane Leullier.
En l’occurence, le contrat assure une rémunération de 3,63 €/kg, contre 3,30 €/kg environ habituellement. En contrepartie, un cahier des charges strict doit être respecté : une bête de moins de dix ans, avec un poids compris entre 340 et 420 kg, un engraissement entre 2 et 3 et une conformation minimale O =.
Un diagnostic «Boviwell», qui certifie le respect du bien-être animal dans l’exploitation, est aussi décerné chaque année. Un spécialiste vient faire le tour de l’exploitation. «Pour nous, c’est une bonne chose. Cela permet d’instaurer la confiance dans nos pratiques avec le consommateur.»
«Il faut avoir l’œil»
L’éleveur s’engage aussi à annoncer les bêtes qu’il veut vendre huit semaines avant. «C’est toute la difficulté du contrat. Le prix est plus intéressant, mais il faut avoir l’œil pour être certain que la vache respectera les conditions. C’est un nouveau métier !» Un exemple : les vaches sont habituellement engraissées avant d’être vendues, mais cette fois, le poids maximum de 420 kg ne le permet pas.
Les Leullier ont déjà vendu quatre bêtes via cette filière et en ont annoncé sept autres pour le milieu du mois de juin. L’avantage, pour eux, est que les taurillons peuvent entrer dans la démarche. «Nous faisons tout naître chez nous. Nous gardons vingt-cinq mâles que nous engraissons en taurillons, tous les dix-huit à vingt-cinq mois, et nous vendons environ la même quantité de veaux dans d’autres fermes, car nous n’avons pas la place de les garder. Un projet d’extension de bâtiments doit nous permettre de tout engraisser nous-même. Alors ce contrat est le bien venu pour leur valorisation.»
L’exploitation en chiffres
130 vaches, valorisées pour leur lait et leur viande
25 taurillons engraissés tous les dix-huit mois, projet d’extension pour produire le double
970 000 l de lait (droit à produire)
225 ha dont 70 ha de surface fourragère, et culture de blé, escourgeon, colza, pois protéginaux, betterave sucrière
Le contrat en détail
Ce contrat, signé entre Lidl France, la Socopa du Neubourg (Bigard) et Natup (ex-Cap Seine), concerne cent cinquante éleveurs de la coopérative, principalement en Seine-Maritime et dans l’Eure. Il doit permettre d’approvisionner en viande de race Normande tous les magasins de Normandie dans un premier temps, puis de l’Ile-de-France, soit trois cents magasins sur les mille cinq cents que compte le distributeur allemand. La gamme comporte trois références de hachés et quatre références de piécés. Le tout sera présenté dans un packaging spécial : le tray-skin. Le produit est déposé sur une barquette inférieure noire rigide, mis sous vide afin de prolonger la maturation.
«Pour l’éleveur, cela garantit un débouché et un revenu supplémentaire. Pour le consommateur, cela garantit une viande locale de qualité», assurait lors de la signature Olivier Leroux, président de la section bovine de Natup et éleveur près de Dieppe. Lidl a beau être un hard-discounter, il veut ainsi prouver qu’il s’oriente de plus en plus vers la qualité.