Médecines alternatives : L’aromathérapie, moins cher et plus écologique
Au Gaec du Petit Bois, la famille Derollez a fait le choix
de traiter ses vaches avec l’aromathérapie.
L’aromathérapie, Emilie Derollez connaissait depuis pas mal de temps déjà. Ce sont en effet avec des huiles essentielles qu’elle soignait ses chevaux. Aussi quand le Geda du Haut-Pays a proposé, en 2014, une formation sur les médecines alternatives pour les bovins, elle n’a pas hésité un instant à s’y rendre. Et pour cause. Salariée agricole du Gaec du Petit Bois, créé par son mari et ses beaux-parents, l’exploitation fait, outre de la polyculture, de l’élevage laitier. Avec un cheptel d’une centaine de vaches - essentiellement des Prim’Hosltein et quelques Montbéliardes - la problématique des coûts de santé sur la trésorerie n’est pas un détail.
Mais si la question économique n’est pas négligeable pour l’exploitation, «notre volonté première était surtout environnementale. L’idée était de moins polluer derrière. Quand on utilise des antibiotiques, on les retrouve dans les excréments des animaux, mais aussi dans les eaux, les nappes phréatiques, etc. Puis, pour les animaux, c’est moins stressant, ce qui permet d’accroître leur bien-être. Enfin, ça marche aussi bien que la médecine conventionnelle», commente Emilie Derollez.
Les vertus de l’aromathérapie
L’aromathérapie, ainsi que la phytothérapie, sont utilisées pour les veaux, dans le cadre de diarrhées, dartres, coccidioses, toux, etc. Ce sont les mêmes médecines qui sont mises à l’œuvre pour les génisses, mais pour des maux liés au stress et à l’assistance au vêlage. Emilie Derollez utilise une quinzaine d’huiles essentielles pour les traitements de ses bêtes. Parmi celles-ci, le tea tree, le Niaouli et le romarin sont celles auxquelles elle a recours le plus régulièrement. La première lui sert essentiellement comme désinfectant ou lors de problèmes respiratoires ou digestifs des veaux. La seconde, elle, sert pour les problèmes intestinaux. Quant à la troisième, elle est essentielle pour la croissance des veaux.
Leur application se fait soit par voie orale, soit par voie cutanée. «Pour l’application orale, je mélange l’huile essentielle à une huile végétale (olive, colza ou tournesol, selon les maux). Pour l’application cutanée, elle peut être sur des pattes quand l’animal a une entorse ou sur le dos dans le cas, par exemple, d’un soin préventif de la grippe pour les veaux», détaille-t-elle. Ce qui implique des manipulations, donc un risque potentiel d’accident. «Les risques sont minimisés, car lorsqu’on pratique les médecines alternatives, on est plus proche de ses animaux, et ce, dès le plus jeune âge, puisqu’on les a traités tout de suite. Du coup, ils sont moins stressés et moins sauvages, donc plus faciles à manipuler», argumente l’éleveuse.
Autres médecines alternatives
En complément de l’aromathérapie, Emilie Durollez utilise également la phytothérapie. Au programme : des infusions de plantes quand, par exemple, les veaux manquent d’appétit ou sont déshydratés. Parmi les plantes auxquelles elle a régulièrement recours se trouvent le romarin, la camomille et l’ortie.
Pour les laitières, c’est à l’homéopathie qu’elle a recours quand elles ont des problèmes de mammites, mais aussi pour soigner les grippes, les états fiévreux, les boiteries ou encore en hépatoprotecteur. Pour les mammites, problème n °1 des élevages, l’acquisition d’un robot de traite a permis d’être encore plus efficace sur les soins. «Avec le robot, on peut traiter tout de suite. De fait, la mammite n’a pas le temps de se développer. Tout est pris à temps», relève-t-elle.
Par ailleurs, les vaches laitières bénéficient d’une thalassothérapie à base d’algues marines bretonnes si elles ont des problèmes de locomotion après le vêlage.
Résultats
Après trois années de pratique, les résultats sont bel et bien au rendez-vous. Et l’éleveuse de citer pêle-mêle la quasi-disparition des coccidioses chez les veaux, celle des mammites sur les vaches laitières, une moindre exposition à la grippe des veaux, des boiteries soignées, des troubles digestifs en chute libre, des animaux sans problème d’antibiorésistance. Elle évoque aussi le cas d’un veau ayant eu une fracture dernièrement. «Le vétérinaire nous avait dit qu’il fallait l’euthanasier. Nous avons décidé de ne rien en faire et nous l’avons soigné. Il est toujours là, comme d’autres veaux et vaches qui avaient été aussi condamnés par le vétérinaire», se réjouit Emilie Derollez. Avant d’ajouter : «Une fois cela dit, on ne peut pas faire des miracles sur des pathologies graves. Mais ce qui est sûr, c’est que l’on perd moins de bêtes qu’avant.»
Autre motif de réjouissance : des frais de vétérinaire plus réduits, avec un gain entre 12 000 € et 15 000 € par an par rapport aux années où les Durollez avaient recours à la médecine conventionnelle. «Même si tel n’était pas notre objectif premier, lorsqu’on a opté pour les médecines alternatives, ces gains ne sont pas négligeables au vu de la conjoncture laitière», commente l’agricultrice.
Se voit-elle revenir demain à la médecine conventionnelle ? Point besoin d’être devin pour imaginer la réponse, qui sort de sa bouche comme un cri du cœur : «Ah, non. On est très bien comme ça, d’autant que les résultats que l’on obtient sont supérieurs à ceux que l’on avait quand on utilisait la médecine conventionnelle.» CQFD.